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Mort de Maureen Breau : les policiers ignoraient des éléments de danger

Des policiers transportant un cercueil.

Les policiers qui ont visité Isaac Brouillard Lessard le 23 mars 2023 ignoraient plusieurs éléments de danger avant de se rendre chez lui.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La méconnaissance générale des policiers qui sont intervenus trois jours avant le drame qui a coûté la vie à la sergente Maureen Breau à Louiseville retient fortement l’attention de la coroner à l’enquête publique qui s'est poursuivi mardi à Trois-Rivières.

L’agente Sabrina Fortin, une policière comptant 10 ans d’expérience qui agissait comme superviseure le 24 mars 2023, soit environ 72 h avant le décès de la sergente Maureen Breau, a affirmé qu'elle ne connaissait pas les antécédents en matière de voies de fait d’Isaac Brouillard Lessard avant de se pointer à sa porte.

Les policiers s’étaient déplacés à la demande des parents qui cherchaient désespérément de l’aide devant un fils qu’ils croyaient être en psychose.

On n’avait pas d’autres informations que des parents qui s’inquiètent pour leur fils, répète l’agente Fortin.

La policière ne savait pas non plus que l’individu était suivi par la Commission d’examen des troubles mentaux (CETM), ignorant même l’existence de la structure juridique dont les décisions visent à assurer la sécurité du public, ce qui n’a pas manqué de faire sursauter la coroner.

Tragédie de Louiseville : la mort de Maureen Breau

Consulter le dossier complet

Des policiers transportant un cercueil.

Géhane Kamel a fait valoir que si les policiers avaient su qu’Isaac Brouillard Lessard était sous conditions, ils auraient eu les leviers juridiques nécessaires pour le ramener à l’hôpital.

Vous n’aviez pas besoin qu’il soit en crise. [...] Vous auriez pu, sur le simple fait qu’il brisait une condition, le ramener à l’hôpital.

Une citation de Géhane Kamel, coroner

L’agente Fortin a admis ne pas connaître les pouvoirs dévolus aux policiers en cas de non-respect des conditions, comme la consommation de drogues. La veille, une consœur moins expérimentée qui est également intervenue ce soir-là avait elle aussi admis cette méconnaissance.

Une lacune majeure : le partage de l’information

L’agente Fortin ne savait rien non plus de la circulaire rédigée en décembre 2022 par un confrère policier soucieux de prévenir ses collègues de la dangerosité et de l’imprévisibilité de l’individu qui venait alors de déménager sur le territoire.

Elle en a pris connaissance le 24 mars, avant d’intervenir chez Isaac Brouillard Lessard. La circulaire était affichée au babillard du poste de Louiseville depuis trois mois, à ce moment. La sergente a indiqué l’avoir confondu avec un autre individu rencontré quelques semaines plus tôt.

C’est notre quotidien. On se bat constamment contre des cas comme ça, a insisté l’agente Fortin saisie d’un moment d’émotions.

Géhane Kamel a tenu à ramener la policière à l’ordre. Quand on parle de psychose, on n’est plus dans du business as usual, a-t-elle dit, ne manquant pas de rappeler que la veille, Isaac Brouillard Lessard [a pété] sa coche devant sa psychiatre traitante.

La coroner se montre de plus en plus irritée, au fil des détails révélés au cours de l’enquête, de constater à quel point l’information ne circule pas entre les policiers et le milieu de la santé et des services sociaux.

Des personnes discutent dans une salle d'audience.

Les audiences se poursuivent pendant encore plus d'une semaine. Le témoignage des policiers de la Sûreté du Québec qui sont liés à l'intervention du 27 mars est prévu d'ici demain.

Photo : Radio-Canada / Daniel Ricard

L’agente Fortin, qui a témoigné pendant plus de deux heures, ne savait pas non plus que l’individu avait tenu des propos délirants et menaçants, même si l’appel des parents au service Info-Santé en témoignait clairement.

En aucun temps avant de se rendre sur l’appel, on ne savait qu’il y avait des menaces, a-t-elle insisté. La coroner s’est dite dépassée que les éléments apportés par les porte-voix les plus importants ne se rendent pas à la superviseure.

Ils ont dit : "Ça va mal finir cette histoire-là." [...] Le père va jusqu’à dire : "Attendez-vous qu’il se passe de quoi?" a-t-elle ajouté.

À plusieurs moments depuis la reprise de ses travaux, qui se sont majoritairement concentrés sur le point de vue des policiers, la coroner a senti la nécessité de rappeler qu’elle ne cherche pas de coupables.

Je ne veux pas que les policiers qui étaient sur l’intervention du 24 mars soient ostracisés, a-t-elle dit, insistant sur son rôle qui consiste à débusquer la vérité pour que jamais plus un tel drame ne survienne au Québec.

Même si on l’a échappé, on fait ça pour Maureen, a rappelé Géhane Kamel.

Un témoignage qui contraste

L’agent de la Sûreté du Québec de Victoriaville qui a reçu la plainte de l’oncle d’Isaac Brouillard Lessard pour menaces de mort a aussi témoigné.

L’agent Dave Paquin a redoublé d’efforts pour obtenir de l’information et la coroner n’a pas manqué de souligner sa grande rigueur.

Il dit avoir consulté le Centre de renseignements policiers du Québec où il a appris qu’Isaac Brouillard Lessard était sous une ordonnance de la CETM. Ne sachant pas ce qu’était la Commission, il a tenté de joindre le département de psychiatrie mentionné dans l’ordonnance, sans obtenir de réponse. Le policier dit alors avoir contacté un procureur-conseil pour en apprendre davantage.

L’agent Paquin a partagé l’information avec les policiers de Louiseville, à qui il a demandé de procéder à l’arrestation le soir du 27 mars.

Il se souvient avoir mis en garde l’agent William Bérouard qui s'apprêtait à intervenir. Je lui ai répété qu’[Isaac Brouillard Lessard] était dangereux, en psychose et qu’il devait être prudent. L’agent Bérouard, qui a été blessé lors de l’intervention, donnera sa version des faits mercredi à l’enquête de la coroner.

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