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Avancer, danser, mais ne jamais oublier, un an après le drame d’Amqui

Le 13 mars 2023, la Ville d'Amqui était en émoi après une attaque au camion-bélier qui a coûté la vie à trois personnes, en plus d’en blesser huit autres, toutes fauchées en marchant sur le trottoir, le long du boulevard Saint-Benoît.

Pauline Desmarais en train de danser en ligne.

Pauline Desmarais ne rate plus une soirée du Club de danse l'Amitié d'Amqui, mais elle se permet de faire des pauses régulièrement pour se reposer.

Photo : Radio-Canada / Sébastien Ross

Pauline Desmarais ne garde aucun souvenir du jour fatidique qui lui a ravi son grand amour, son mari, Jean Lafrenière. La femme de 74 ans a déjoué les pronostics et a survécu à l'assaut. N’empêche, des médecins ont craint pour sa vie.

Elle a passé cinq semaines dans un hôpital de Québec, plongée dans un coma artificiel. Ils me rentraient deux à trois fois par jour dans la salle d’opération, raconte Mme Desmarais, qui a par la suite passé près de deux semaines en traumatologie. Elle ajoute [qu]’ils ont commencé tranquillement à [lui] faire faire de la physiothérapie, de l’ergothérapie.

Il s’en est suivi une longue réadaptation physique. Quand je suis partie de Québec, le 1er mai, je ne marchais pas encore, affirme Pauline Desmarais. Elle avait cependant réussi à effectuer un pas, munie d’une ceinture spéciale et accompagnée d’une physiothérapeute. Puis j’étais brûlée. Un pas, se remémore-t-elle. Les spécialistes suggèrent par la suite qu’elle retourne dans son Bas-Saint-Laurent natal pour être admise au Centre de réadaptation en déficience physique de Mont-Joli. Il lui faudra deux mois pour marcher à nouveau.

Portrait de Pauline Desmarais.

Pauline Desmarais ne garde aucun souvenir de l'attaque au camion-bélier qui lui a ravi son mari, Jean Lafrenière. Visionnez le reportage de Lisa-Marie Bélanger.

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

La remontée est ardue, mais à aucun moment Mme Desmarais n'envisage de tirer un trait sur son activité préférée : la danse en ligne. C'est ma passion la danse. J'aime ça danser, dit-elle, alors que son visage s’illumine. Avec sa force de caractère, elle a d’ailleurs gagné le respect de ses collègues du Club de danse l’Amitié. Pauline retourne danser seulement six mois après l’attaque au camion-bélier. Aussitôt que j’ai senti que j’avais assez de force dans les jambes, puis assez d’équilibre , précise-t-elle, mentionnant au passage qu’il lui fallait toutefois s’aider d’une canne.

Je trouve ça difficile de ne pas pouvoir danser les danses au complet. Je suis obligée d'aller me reposer.

Une citation de Pauline Desmarais

Drame à Amqui

Consulter le dossier complet

Gros plan sur des peluches.

Celle qui a été mairesse d’Albertville entre 1991 et 1993 offre même des cours de danse en ligne aux autres résidents du Château Bellevue. Depuis l’automne, elle transmet sa passion tous les lundis.

Plusieurs personnes dansent en ligne.

Pauline Desmarais pratique la danse en ligne de deux à trois fois par semaine.

Photo : Radio-Canada / Sébastien Ross

C’est aussi sa façon de socialiser et de rencontrer des amis qui lui sont chers. Mais son partenaire de danse, son mari pendant 51 ans, Jean Lafrenière, n'est plus à ses côtés. Son absence est encore lourde. Au mois d'octobre ou novembre, j'assistais à une soirée puis il y a eu une danse sociale en couple, une valse. Je me suis mise à pleurer parce que c'était sa danse préférée, confie Mme Desmarais dans le calme de son appartement qui offre une vue spectaculaire sur une forêt de conifères.

En même temps, si j'arrête de faire ce qu'on faisait ensemble, qu'est-ce que je vais faire? Je vais rester ici à pleurer? À m'ennuyer? Il n'en est pas question.

Une citation de Pauline Desmarais

Ces amoureux, autrefois propriétaires du dépanneur d’Albertville, ne faisaient pas que danser ensemble, ils marchaient aussi beaucoup. L’activité s'inscrivait d’ailleurs dans la routine quotidienne du couple à la retraite. Jamais tu ne penses à ça dans une petite ville de campagne comme Amqui qu'il va arriver une affaire comme ça, s’étonne encore Pauline Desmarais.

On m’a dit qu’on avait laissé l’auto à l’épicerie puis qu’on était partis marcher, mais je ne me souviens pas de ça, dit-elle. Il lui est aussi impossible de situer dans le temps le dernier souvenir qu’elle a de son mari. Il est assis au bout de la table […], il regarde dehors […], on est en train de dîner. Je lui mets ma main sur la sienne. Il me regarde, me fait un sourire et il continue à manger. Puis je ne sais pas si c'est ce midi-là ou si c'est la veille. Ce n’est vraiment pas clair pour moi.

Un lampion sur lequel on peut voir une photographie de Jean Lafrenière. À l'arrière-plan, sa femme Pauline Desmarais, assise dans son fauteuil.

Jean Lafrenière avait 73 ans lorsqu'il a été fauché par une voiture en marchant sur le boulevard Saint-Benoît à Amqui le 13 mars 2023.

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Pauline Desmarais compte prendre part au rassemblement qu'organise la Ville d'Amqui pour rendre hommage aux disparus et aux survivants de la tragédie du 13 mars 2023, mais surtout, réunir ses proches. Je n'ai pas pu être là aux funérailles, j'étais encore dans le coma, donc j'aimerais faire une rencontre avec tous mes frères et sœurs puis mes enfants. Vu que je n'étais pas là, je n'ai pas eu toute l'affection, tout l'amour qu'il y a eu durant les funérailles, résume-t-elle.

Il est hors de question pour elle de suivre le procès de l'homme accusé d'avoir fauché 11 piétons. Pauline Desmarais préfère regarder vers l'avant, danser et mordre dans la vie plus que jamais.

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