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Le Québec est-il prêt à affronter une nouvelle pandémie?

À l'avant-plan, deux professionnels de la santé manipulent des fournitures médicales. Derrière eux, d'autres professionnels s'occupent d'un patient dans un lit d'hôpital. Tous portent des vêtements protecteurs.

Le gouvernement québécois se dit prêt à affronter une nouvelle pandémie, mais des médecins relèvent plusieurs failles.

Photo : Getty Images / Morsa Images

Quatre ans après le début de la vague d’infections à la COVID-19, le Québec est-il prêt à affronter une nouvelle pandémie? Le directeur national de santé publique du Québec, Luc Boileau, estime que oui, mais deux médecins, Cécile Tremblay et Sophie Zhang, se montrent plus sceptiques.

Nous sommes mieux préparés que dans le passé, affirme le Dr Boileau lors d'une entrevue accordée à Radio-Canada. Des expériences récentes nous montrent qu’on est capables d’affronter d'autres [problèmes]. On l'a vu avec la variole simienne, on le voit en ce moment avec la rougeole. On s'est renforcés dans l'anticipation, fait-il valoir.

Pour lui, le gouvernement a tiré les leçons de la pandémie de COVID-19, qui a coûté la vie à près de 20 000 personnes au Québec. Il cite le Plan national intégré de préparation à une pandémie de type viral, qui devrait être rendu public dans les prochains mois, et une simulation organisée le 6 février dernier pour vérifier que rien ne sera oublié si un nouveau virus ou une nouvelle bactérie menace encore une fois la santé publique.

Un homme parle dans un micro d'un studio de radio.

Le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique du Québec (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Marie-Eve Cloutier

On a des circuits de connaissances sur ce qui peut nous arriver, sur ce qui se passe à l'international, et on s'y prépare en conséquence.

Une citation de Luc Boileau, directeur national de santé publique du Québec

COVID-19 : tout sur la pandémie

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Une représentation du coronavirus.

Pour ce spécialiste en santé publique, le Québec poursuit ainsi son parcours de bon élève : Au niveau de la surmortalité durant la pandémie de COVID-19, on est parmi les meilleurs au monde, se félicite-t-il.

Un système de santé en crise

Cécile Tremblay, médecin microbiologiste-infectiologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), ne partage pas son optimisme. Le système de santé québécois, avec sa pénurie de personnel, est en crise, rappelle-t-elle.

Il y a des leçons qu'on a apprises de la pandémie de COVID, mais malheureusement, ce n’est pas clair si elles vont s’ancrer dans nos habitudes et nous aider à nous préparer pour la prochaine, relève Mme Tremblay, autrice d’un livre de référence à ce sujet intitulé Prêts pour une prochaine pandémie?.

Image tirée d'une entrevue sur Skype avec Cécile Tremblay.

Cécile Tremblay, microbiologiste-infectiologue au CHUM, estime qu'il reste des failles dans le degré de préparation du Québec à une prochaine pandémie.

Photo : Radio-Canada

Elle regrette par exemple qu’aucun bilan complet exhaustif de la pandémie et des mesures mises en œuvre à ce moment-là n'ait été réalisé. Elle pointe aussi l’absence de recommandations spécifiques qui inviteraient par exemple à renforcer tel ou tel secteur.

Ce n'est pas un système de santé qui est prêt pour une pandémie.

Une citation de Cécile Tremblay, médecin microbiologiste-infectiologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal

Or, avec les changements climatiques, d'autres vagues infectieuses similaires à la COVID-19 sont à prévoir. Tout est imbriqué, ce qu'on peut faire pour diminuer le réchauffement planétaire et pour avoir une approche écologique de la santé animale et humaine. Ça a l'air très philosophique, cette chose-là, mais c'est très pratique, ajoute-t-elle.

Gros plan sur une personne qui remplit une seringue à partir d'une fiole du vaccin contre la COVID-19.

Le reportage d'Élyse Allard

Photo : Associated Press / Christophe Gateau

La fragilité des CHSLD

Pour la Dr Tremblay, il y a eu peu d’avancées du côté des centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), des établissements qui ont pourtant été particulièrement touchés par la pandémie. Un avis que partage la Dre Sophie Zhang, médecin de famille et coprésidente de la Communauté de pratique des médecins en CHSLD.

On a appris beaucoup de la pandémie sur la prévention et le contrôle des infections, reconnaît-elle, mais c’est insuffisant, car le taux de postes vacants reste très élevé, y compris du côté des médecins.

On a eu une vague de personnel qui est parti après la COVID à cause de l'épuisement, du manque de soutien, des traumatismes de la pandémie.

Une citation de La Dre Sophie Zhang, médecin de famille et coprésidente de la Communauté de pratique des médecins en CHSLD

Elle salue toutefois des mesures telles que la formation accélérée de préposés aux bénéficiaires (PAB), lancée en 2020, qui a permis d’embaucher 9885 préposés en CHSLD, ou encore la création d’un poste de gestionnaire responsable dans chacun de ces établissements.

Elle suggère de penser non seulement à l’amélioration des protocoles et à l’augmentation du personnel mais aussi aux locaux eux-mêmes, car les taux de mortalité dans les CHSLD étaient directement reliés à la densité d’occupation dans ces établissements.

La docteure Sophie Zhang.

La Dre Sophie Zhang est coprésidente de la Communauté de pratique des médecins en CHSLD.

Photo : Teams / Capture d'écran

C’est pourquoi Cécile Tremblay préconise de son côté le renforcement des services à domicile, une solution qui tarde à se développer, alors qu’elle pourrait permettre de mieux protéger les personnes âgées, plus exposées dans les établissements, regrette-t-elle.

Sécurité des chaînes d’approvisionnement

Autre point d’attention significatif en vue d’un nouvel épisode pandémique : celui des capacités locales de production d’équipements médicaux, tels que les masques et les vaccins.

De ce côté-là, le Québec n’est pas autonome, reconnaît le Dr Boileau. Nous avons toutefois des circuits d'approvisionnement qui nous permettent de garantir de la disponibilité [...] comme nous n'en avions pas il y a quatre ans. On ne produit pas tous les vaccins ni le matériel ici, mais on est capables d’avoir du stock, assure-t-il.

Depuis 2020, Québec dispose d’une usine de fabrication de masques N95. En avril 2020, la province avait en effet consenti dans l’urgence un prêt de quatre millions de dollars afin d’aménager une première unité de fabrication à Montréal. Auparavant, la majorité de ces masques étaient importés d’Asie.

Depuis, le groupe Medicom a étendu ses activités québécoises en inaugurant, fin octobre 2023, une usine de filtres à masque à Saint-Eustache. Elle fabrique du meltblown, un matériau qui a été en pénurie mondiale pendant la pandémie.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux affirme qu'en date du 26 février 2024, sa réserve contenait 196 millions de masques N95, qui atteindront leur date de péremption entre 2024 et 2031, ainsi que 213 millions de gants, dont la date de péremption sera atteinte entre 2024 et 2026.

Pour ce qui est des vaccins, Québec demeure en contact constant avec le gouvernement fédéral et pourra donc être prêt à répondre à la demande, précise-t-il.

Avec les informations d'Elyse Allard

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