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Des centaines d’agriculteurs inquiets envahissent le centre-ville de Rimouski

Une foule d'agriculteurs rassemblés à Rimouski, le 8 mars 2024.

Les agriculteurs présents auraient voulu rencontrer vendredi la ministre responsable des régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine pour lui faire part de leur ras-le-bol et de leurs inquiétudes.

Photo : Radio-Canada / Sébastien Ross

Les agriculteurs sont inquiets et ils veulent le faire savoir aux élus et à la population à quelques jours du dépôt du budget provincial. Quelques centaines d'entre eux du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie ont participé vendredi à un rassemblement à Rimouski à l'initiative de la Fédération de l'Union des producteurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent.

Le convoi de plusieurs dizaines de tracteurs et remorques a circulé en avant-midi dans les rues de Rimouski en direction du bureau de la ministre responsable des régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Maïté Blanchette Vézina, puis des bureaux du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ).

Des dizaines de personnes rassemblées tenant des pancartes de l'Union des producteurs agricoles.

Les producteurs agricoles qui manifestent sont particulièrement inquiets pour la relève agricole.

Photo : Radio-Canada / Maxence Matteau

François Pigeon, producteur laitier à Saint-Eugène-de-Ladrière et administrateur de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, explique que l'intention n'est pas de bloquer la circulation, mais de la ralentir pour justement que les gens voient l’impact de l’agriculture, que ce n’est pas juste des beaux tracteurs, c’est vos assiettes qu’on remplit tous les jours.

En entrevue à l'émission Info-réveil, l'agriculteur ne cache pas que leur approche s'inspire de la colère agricole en France et en Europe. On ne veut pas faire de tapage aussi grave qu’en Europe, mais on veut quand même avoir un impact visuel. On veut que les autres régions nous suivent, emboîtent le pas, puis fassent un événement à chaque semaine.

Budget du Québec 2024

Consulter le dossier complet

Eric Girard prononce son discours du budget à l'Assemblée nationale.

Délégation gaspésienne

Une délégation de la Fédération de l'UPA de la Gaspésie-Les Îles a fait le déplacement à Rimouski pour manifester aux côtés des producteurs bas-laurentiens.

On veut se faire voir, indique le président de la Fédération, Sylvain Arbour, en entrevue à l'émission Bon pied, bonne heure!. On va là pour appuyer le Bas-Saint-Laurent, mais dans le fond, on a tous le même combat, on est tous dans la même situation financière, et c’est encore pire dans les régions éloignées.

Ras-le-bol

Les agriculteurs rencontrés dans le rassemblement réclamaient notamment l'aide de Québec pour faire face à l'importante chute de leurs revenus.

L’agriculture, c’est quand même essentiel pour nourrir les gens du Québec. C’est ce qui nous manque au Québec, une vision agricole, puis un plan de développement, croit un manifestant.

Dans le bovin de boucherie, on est obligés de cumuler deux emplois, de travailler à l’extérieur de la ferme. Quand l’agriculture, c’est rendu simplement une passion, que ça ne peut pas être ton gagne-pain, on a des raisons de manifester, renchérit un autre.

Plusieurs productrices et producteurs présents affirmaient craindre pour l'avenir de leur profession.

En ce moment, il y a beaucoup d’agriculteurs et de relève qui ne sont pas capables de vivre de leur ferme, et puis c’est de pire en pire de jour en jour. Plus on avance dans le temps et moins on voit le bout, s'inquiétait une manifestante.

Il faut qu’ils commencent à se mettre en action et qu’ils commencent à mettre sur pied des solutions, parce qu’on n’a plus de temps en ce qui nous concerne, s'alarmait un autre.

Un tracteur arborant une affiche qui dit Enfant on en rêve, adulte on en crève, lors de la manifestation du 8 mars 2024 à Rimouski.

Le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada (AAC) prévoit que le revenu net agricole québécois passera de 959 M$ en 2022 à 66 M$ en 2024. Il s’agit d’une chute de 49,2 % du revenu net en 2023 et de 86,5 % en 2024, du jamais vu depuis 1938.

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

[La situation] est plus difficile que jamais malgré les apparences.

Une citation de François Pigeon, producteur laitier à Saint-Eugène-de-Ladrière

[On veut] exprimer un peu le désarroi de bien des producteurs, explique François Pigeon. La majorité de nous autres, on a de la misère à rejoindre les deux bouts, on croule sous la paperasse, on croule sous la réglementation. On a un prix qui n’est pas juste pour nos produits. On veut sensibiliser la population à demander des politiques agricoles à nos gouvernements.

Sylvain Arbour réclame également un meilleur soutien de l'État.

Dans la crise actuelle des revenus, c’est du jamais vu depuis 1938, ça ne s’est jamais vu une crise comme ça dans l’agriculture. Habituellement, les revenus nets des producteurs sont environ de 10 %. En 2023, on parlait de 4,5 %. Puis pour 2024, les prévisions d’Agriculture Canada parlent de 0,44 % [...]. Ce n’est plus tenable, s'inquiète-t-il.

Une femme et deux jeunes garçons se trouvent dans une foule de manifestants.

Des centaines de producteurs agricoles manifestent en famille pour exprimer leur ras-le-bol et leur inquiétude pour l’avenir.

Photo : Radio-Canada / Maxence Matteau

La ministre absente

Les agriculteurs présents auraient voulu rencontrer vendredi la ministre responsable des régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Maïté Blanchette Vézina, pour lui faire part de leur ras-le-bol et de leurs inquiétudes.

En son absence, la présidente de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, Nathalie Lemieux, et le président général de l’UPA, Martin Caron, ont indiqué qu'ils allaient rencontrer les députés Mathieu Rivest et Stéphane Sainte-Croix, présents également au rassemblement.

Martin Caron parle dans un micro aux côtés de Nathalie Lemieux.

La présidente de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, Nathalie Lemieux, et le président général de l’UPA, Martin Caron, se sont adressés aux producteurs rassemblés devant les bureaux de la ministre Maïté Blanchette Vézina.

Photo : Radio-Canada / Maxence Matteau

Dans une déclaration transmise par écrit à Radio-Canada, Maïté Blanchette Vézina affirme que [son] gouvernement est mobilisé pour accompagner [les agriculteurs]. Mon collègue, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, travaille, en collaboration avec les filières, pour améliorer l’environnement de travail et vous soutenir face aux défis actuels. On suit et on va continuer de suivre la situation attentivement au cours des prochains mois, poursuit-elle.

Selon la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, une rencontre est prévue avec la ministre le 15 mars.

Avec la collaboration de Gabriel Paré-Asatoory, Édouard Beaudoin, Caroline Cyr et Laurence Gallant

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