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L’industrie de l’aluminium veut un plus grand soutien financier

Une porte bleue mène à une usine.

Les installations d'Elysis, à Saguenay

Photo : Radio-Canada / Gilles Munger

L’industrie de l’aluminium demande un plus grand soutien financier de Québec pour accélérer le développement de la technologie Elysis. Mais avant tout, elle souhaite préserver son accès à de bas coûts d’énergie dans la province.

Ces deux demandes font notamment partie du mémoire déposé par l’Association de l’aluminium du Canada (AAC), en février, dans le cadre des consultations prébudgétaires menées en prévision du prochain budget provincial qui sera déposé mardi prochain.

L’AAC y souligne que les grandes alumineries doivent considérer des investissements massifs au cours des prochaines années afin d’assurer leur compétitivité et leur pérennité. Elle insiste également sur la courte fenêtre d’opportunité pour y parvenir dans un contexte de décarbonation de l’économie.

Monsieur Simard répond aux questions de Patrice Roy.

Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Le président et chef de la direction de l’organisation, Jean Simard, indique en entrevue que ces investissements sont évalués à des milliards de dollars pour les 10 à 15 prochaines années.

Budget du Québec 2024

Consulter le dossier complet

Eric Girard prononce son discours du budget à l'Assemblée nationale.

Elysis : subventions ou crédits d’impôt demandés

Le regroupement plaide dans le mémoire en faveur d’un soutien supplémentaire, par des subventions ou des crédits d’impôt, pour accélérer le projet Elysis, qui est une coentreprise de Rio Tinto et d’Alcoa.

La technologie, qui permet de produire de l’aluminium sans émission de carbone, vise à produire à l’échelle industrielle l’aluminium « le plus vert au monde ».

L’Association de l’aluminium du Canada

L’organisation représente les trois grandes entreprises productrices d’aluminium du pays, soit Rio Tinto, Alcoa et Alouette, dont neuf des dix alumineries sont situées au Québec. Rio Tinto en est le joueur le plus important, avec ses quatre alumineries situées au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Faire passer la technologie à une autre étape

Jean Simard soutient que des fonds supplémentaires sont nécessaires pour faire passer le projet à une autre étape.

C'est important d'arriver avec cette technologie-là le plus rapidement possible sur le marché pour toutes sortes de raisons stratégiques, autant pour le Canada, le Québec, que pour l'industrie.

Il faudrait commencer à entrevoir la possibilité d'augmenter le financement pour sortir la technologie du laboratoire, puis l'amener à l'implantation industrielle.

Une citation de Jean Simard, président et chef de la direction de l'Association de l’aluminium du Canada

Elysis compte mettre en service cette année ses prototypes commerciaux de cuves dans l’unité de démonstration industrielle de l’usine de Rio Tinto d’Alma.

Des ouvriers devant un très grand bâtiment.

La technologie Elysis permet de produire un aluminium encore plus vert.

Photo : Radio-Canada

Le porte-parole de l’industrie fait valoir que la technologie Elysis se rapproche d’un déploiement à plus large échelle.

On est dans une phase où on peut commencer à entrevoir la possibilité d'accélérer la phase développement, pour en arriver à la phase déploiement, a-t-il mentionné. Il ne pouvait préciser la hauteur des sommes supplémentaires espérées par l’industrie.

Un développement et des délais à préciser

Jusqu’à maintenant, Québec et Ottawa ont financé le projet à la hauteur de 80 M$ chacun. Québec détient une participation de 3,5 % dans Elysis. Apple a également investi 13 M$ dans le projet.

Le professeur en économie retraité de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Gilles Bergeron croit que l’avancement d'Elysis et les délais estimés avant une industrialisation à grande échelle devraient être connus avant d’attribuer de nouveaux fonds publics.

On entend toutes sortes de nouvelles. [...] Alors, c’est important de faire le point sur le projet, pour savoir le degré d’avancement et qu’on nous donne l’heure juste, parce que les informations qu’on a sur le projet sont parfois des informations contradictoires.

Une citation de Gilles Bergeron, professeur retraité en économie à l’UQAC

Il y a un peu plus d’un an, Rio Tinto disait ne pouvoir avancer de date de commercialisation de la technologie, mentionnant seulement que l’aluminerie d’Alma demeurait l’usine privilégiée pour son implantation.

Des impacts à considérer

Gilles Bergeron estime cependant que des projets comme Elysis doivent être soutenus. Ça va être important de continuer à investir dans des secteurs qui permettent de réduire les gaz à effet de serre et le projet Elysis a cet objectif-là. Donc, c’est un exercice qu’il faut poursuivre, a-t-il soutenu.

Rémi Morin Chassé, professeur d’économie à l’Université du Québec à Chicoutimi, souligne de son côté que Québec peut avoir un intérêt à investir davantage dans la technologie Elysis, en raison des retombées et des impacts attendus.

Un homme assis à son bureau.

Rémi Morin Chassé est professeur d'économie à l'UQAC.

Photo : Radio-Canada / Myriam Gauthier

Je pense qu’il y a un certain avantage à appuyer les entreprises, surtout quand il y a un changement technologique important et que les infrastructures, quand elles sont construites, sont construites pour longtemps, donc ce sont des dépenses en capital qui ont une durée de vie très longue comparativement à d'autres industries, a-t-il mentionné.

Le maintien d’un prix juste de l’électricité réclamé

L’Association de l’aluminium du Canada insiste en particulier dans son mémoire sur l’importance de maintenir les tarifs d’électricité auxquels ont accès les alumineries au Québec, alors que la demande en énergie est grandissante. Les alumineries québécoises bénéficient d’un tarif spécial par contrat.

Ce type de contrat a par exemple permis à Rio Tinto de payer un tarif plus bas que le tarif L, pendant des périodes où le prix de l’aluminium était bas. La multinationale répond cependant à 95 % de ses besoins en énergie pour ses alumineries au Québec, grâce aux barrages qu’elle possède au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

La centrale Chute-à-la-Savane, un des barrages que possède Rio Tinto au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

La centrale Chute-à-la-Savane, un des barrages que possède Rio Tinto au Saguenay-Lac-Saint-Jean. (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté : Rio Tinto

L’Association de l’aluminium du Canada soutient que l’accès à des tarifs énergétiques compétitifs est absolument primordial pour la viabilité ainsi que la pérennité de l’industrie.

L’industrie affirme que les tarifs actuels appliqués permettent à Hydro-Québec de réaliser une excellente marge bénéficiaire. Cette situation est toutefois menacée par les incertitudes grandissantes découlant des nouvelles orientations du gouvernement en matière de tarification énergétique, ajoute-t-on dans le document.

Le représentant de l’industrie, Jean Simard, rejette les conclusions de l’étude des firmes McKinsey et Hatch, qui concluait que les alumineries québécoises sont les plus vertes et les plus profitables au monde en raison du coût de l’énergie. On nous compare à des régions du monde qui ne se comparent pas à la réalité énergétique du Québec, mentionne-t-il.

Une réflexion plus large à mener

Le professeur Rémi Morin Chassé estime qu’une réflexion plus large doit être menée sur les tarifs d’électricité préférentiels accordés aux entreprises.

Il y a vraiment une réflexion réelle à se poser, sur c'est quoi un tarif compétitif. Quels sont les coûts d'opportunité aussi d'accorder des tarifs préférentiels beaucoup plus bas dans la mesure où on est en augmentation importante de la demande en électricité?

Une citation de Rémi Morin Chassé, professeur d’économie à l’UQAC

Le calcul sera avant tout politique, pour les gouvernements, ajoute-t-il. Comment est-ce qu’on appuie nos entreprises? Est-ce qu’on devrait, plutôt, les faire réagir aux incitatifs du marché avec des prix qui représentent les coûts réels de production, et les aider autrement?

Dans son mémoire, l’Association de l’aluminium du Canada souhaite aussi avoir accès à certaines mesures fiscales afin de soutenir les investissements de l’industrie dans la modernisation de ses usines. Des demandes semblables ont été présentées à Ottawa cet automne en vue du budget fédéral.

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