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Northvolt : l’aveu du ministre québécois de l’Environnement indigne l’opposition

Gros plan du ministre de l'Environnement du Québec, Benoit Charette.

Le ministre de l'Environnement du Québec, Benoit Charette.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Radio-Canada

« Un manque de transparence qui nuit à l’acceptabilité du projet ». « Le chat sort du sac ». « Inacceptable ». Le changement de la ligne de communication du gouvernement québécois au sujet des règles environnementales entourant le projet Northvolt a suscité de vives réactions du côté de l’opposition.

Le ministre de l’Environnement québécois, Benoit Charette, a reconnu hier dans les colonnes de La Presse, puis en entrevue ce matin avec Radio-Canada, que le projet n’aurait pas pu se réaliser s’il avait été soumis à l'examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), en raison d’un contexte extrêmement concurrentiel et de délais trop longs.

Le ministre admet avoir induit les Québécois en erreur depuis des semaines sur le changement des règles. Il admet que Northvolt a obtenu tous les passe-droits souhaités, s’indigne Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du Parti québécois en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques.

Pour lui, la CAQ lie de manière simpliste, voire outrancière, le développement de la production manufacturière de batteries au Québec avec les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Virginie Dufour, députée libérale des Mille-Îles et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, dénonce de son côté un régime à deux vitesses, dans lequel on contourne les règles pour favoriser une entreprise plus qu’une autre.

Ce n’est pas de cette façon que l’on gère un État.

Une citation de Virginie Dufour, députée libérale des Mille-Îles

La filière batterie

Consulter le dossier complet

Un bras robotisé sur une chaîne de production de batteries électrique.

Pour Mme Dufour, ce manque de transparence est d’autant plus regrettable que le projet est bénéfique à l’économie québécoise. La CAQ démontre qu’elle est la pire alliée de Northvolt. Un BAPE accéléré aurait très bien pu être mis en place, juge-t-elle.

Virginie Dufour debout à l'Assemblée nationale.

Virginie Dufour est députée libérale des Mille-Îles.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Un point de vue partagé par Haroun Bouazzi, responsable du dossier énergie pour Québec solidaire : En agissant de la sorte, la CAQ est en train de saboter l’acceptabilité sociale du projet et de nuire à l’image de la filière batterie, pourtant essentielle à notre transition énergétique.

Sa collègue Alejandra Zaga Mendez, responsable solidaire du dossier environnement, estime que Benoît Charette n’a désormais d’autre choix que d’annoncer un BAPE.

La transition énergétique, on peut et on doit la réaliser, mais l’acceptabilité sociale et le respect des normes environnementales doivent y être.

Une citation de Alejandra Zaga Mendez, responsable du dossier environnement pour Québec solidaire

Virginie Dufour demande une rencontre urgente avec le ministre afin de faire la lumière sur le processus qui a été mis en place pour qu’on en arrive là aujourd’hui.

Le reportage de Jacaudrey Charbonneau.

Le gouvernement n’a pas fait son travail

Pour Éric Pineault, président du comité de recherche de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, c’est clair : le gouvernement n’a pas fait son travail.

Qu’une entreprise privée cherche à avoir le moins de réglementation possible et le plus de subventions possible sans trop de conditions, c’est de bonne guerre. Mais ce n’est pas le rôle d’un État, qui doit exercer un rapport de force contraire.

Une citation de Éric Pineault, président du comité de recherche de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM

Je suis certain que Northvolt n’a pas eu ce passe-droit en Allemagne ni en Suède. L’entreprise est capable de s’adapter à d’autres contextes, observe-t-il.

Photo d'Éric Pineault dans un studio de radio.

Éric Pineault, professeur à l'Institut des sciences de l'environnement à l'UQAM

Photo : Radio-Canada / François Lemay

Ce manque de transparence du gouvernement, estime-t-il, n’est pas seulement dommageable du point de vue de l’acceptabilité sociale du projet, mais aussi de l’ignorance dans lequel elle maintient le public.

On reste ignorant des impacts sur l’eau, sur l’air, sur le type de résidus, parce qu’il n’y a pas eu d’évaluation environnementale. Donc, on avance dans un projet immense sans savoir dans quoi on s’est embarqués, regrette-t-il.

Northvolt reconnaît un échéancier « serré »

En réponse à des questions transmises par Radio-Canada, le directeur de la communication de Northvolt, Laurent Therrien, affirme que l’entreprise a toujours été transparente et claire au sujet de l’échéancier serré du projet et des conditions de succès liées à son implantation au Québec.

Il nie cependant qu’il y ait eu des démarches pour modifier des seuils déjà présents dans la réglementation. Tout au plus y a-t-il eu un commentaire adressé au gouvernement québécois, lui permettant d'adapter la réglementation québécoise pour refléter la réalité du secteur de la production de batteries à l’échelle mondiale, précise-t-il.

De la machinerie lourde est au repos dans une forêt clairsemée.

L'usine de Northvolt sera bâtie sur ce terrain à cheval entre McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie.

Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi

L'entreprise serait-elle venue au Québec si elle avait dû se soumettre à un BAPE? Laurent Therrien répond en soulignant une compétition mondiale féroce, alors que la Chine et les États-Unis subventionnent massivement des projets comme le nôtre. Il rappelle les contraintes contractuelles de Northvolt, avec la livraison des premières cellules en 2026.

Northvolt se plie à un processus d’évaluation environnementale très strict et rigoureux , insiste-t-il en rappelant que son usine de recyclage de batterie sera assujettie à un BAPE.

Des citoyens plutôt favorables au projet

Pour Martin Dulac, maire de McMasterville, une des deux localités concernées par l’implantation de Northvolt, le débat au sujet du BAPE ne concerne pas directement sa municipalité.

On peut questionner les règles qui font que Northvolt n’est pas assujetti, mais ça ne relève pas de notre juridiction. On va laisser les parlementaires débattre. Nous, ce qu’on exige, c’est un projet exemplaire qui va respecter les lois environnementales du Québec, réagit M. Dulac.

Le maire de McMasterville, Martin Dulac.

Le maire de McMasterville, Martin Dulac

Photo : Radio-Canada

De ce côté-là, le maire, qui s’est rendu en Suède pour visiter le siège de Northvolt, dit être rassuré par le profil de l'entreprise, qui se plie à des normes environnementales européennes et suédoises très exigeantes.

Selon lui, la majorité des habitants de McMasterville sont en faveur du projet.

Il y a des gens qui ont des préoccupations, on les entend. D’ailleurs, le gouvernement du Québec est venu expliquer le projet la semaine dernière. Il y a des gens pour lesquels le projet ne sera jamais acceptable pour des raisons idéologiques et politiques.

Une citation de Martin Dulac, maire de McMasterville

Il maintiendra le dialogue, promet-il.

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