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Le fonctionnement des centres d’artistes sur la corde raide

Des tableaux très colorés sur les murs blancs d'une galerie.

L'exposition «Paysages de l'anthropocène» d'Oli Sorenson, présentée en 2022 à Espaces F à Matane. (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté de Mathieu Savoie

Les centres d’artistes de la province sonnent l’alarme. Ils se mobilisent sous la bannière du Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec (RCAAQ) pour dénoncer la précarité des conditions de travail et salariales de leurs employés, ainsi que le « manque flagrant de visibilité et de soutien financier ».

Le RCAAQ estime le manque à gagner à plus de 16 millions de dollars sur une période de quatre ans pour offrir une rémunération adéquate au personnel et aux artistes qui bénéficient du programme Soutien à la mission du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).

Cette réalité se fait ressentir dans les centres d’artistes de la Gaspésie, qui sont sur la corde raide.

Pour nous, c’est 75 000 $ de plus par années [qu’il faudrait] pour pouvoir offrir des salaires décents à nos employés, indique Guylaine Langlois, qui est la directrice par intérim du centre d’artistes Vaste et vague à Carleton-sur-Mer.

Mme Langlois réclame de meilleurs salaires non seulement pour suivre le coût de la vie, mais également pour retenir le personnel, intimement lié au fonctionnement des centres.

Dans le domaine des arts, j’ai l’impression qu’on ne perçoit pas tout le travail qu’il y a derrière [chaque poste]. J’ai déjà vu une offre d’emploi de direction générale qui offrait un salaire de 23,95 $ de l’heure pour 32 heures de travail par semaine. À ce moment-là, je me demande comment les gens font pour payer leur loyer, dit-elle.

Il faut vraiment rémunérer les employés pour qu’ils restent et qu’ils se sentent valorisés, sinon ils vont aller dans un autre secteur.

Une citation de Guylaine Langlois, directrice intérimaire du centre d’artistes Vaste et vague, à Carleton-sur-Mer
La directrice générale du Centre d'artistes Vaste et Vague , Guylaine Langlois.

La directrice générale par intérim du centre d'artistes Vaste et Vague, Guylaine Langlois. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Luc Paradis

Laurène Janowsky est la directrice artistique du centre d’artistes en art actuel des Îles-de-la-Madeleine, AdMare. Elle est aussi d’avis que là où le bât blesse pour les centres d’artistes, c'est la question des salaires.

Il y a une inadéquation entre les compétences qu’on demande et les revenus qu’on peut offrir à ces ressources-là, résume-t-elle.

À Matane, chez Espaces F, la dernière année s’est relativement bien déroulée, relate la directrice administrative du centre d’artistes, Julie Bérubé.

[C’est] parce qu’on a fait attention à notre budget. On n’a pas le choix, parce que les budgets n’ont pas augmenté depuis quatre ans, dit-elle.

En ce sens, la direction de l’organisme culturel a dû faire des choix, notamment celui de prolonger certaines expositions. On a eu moins d’artistes, mais ils ont été mieux rémunérés, explique Mme Bérubé.

On fonctionne avec peu de moyens, mais on réussit quand même à y arriver […], parce qu’on croit à l’importance des arts et à ce que ça peut apporter à la population. Oui, le financement est important, mais ça va au-delà de ça.

Une citation de Julie Bérubé, directrice administrative chez Espaces F, à Matane
Julie Bérubé, directrice de PHOS.

Julie Bérubé, la directrice administrative chez Espaces F. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Alice Proulx

Ces constats coïncident également avec le renouvellement des subventions du programme du soutien à la mission du CALQ pour la période 2024-2028. La date limite pour déposer cette demande était le 1er février.

Les organismes culturels déplorent les lourdeurs administratives reliées à ces demandes.

On est une équipe de quatre personnes qui a travaillé là-dessus et on est sorties de là assez essoufflées, raconte Julie Bérubé, qui a pour sa part demandé une augmentation de 20 % de son financement pour les quatre prochaines années.

J’ai consacré tout mon mois de janvier à cette demande, ajoute pour sa part Guylaine Langlois.

Le prochain cycle de financement est important pour le fonctionnement des prochaines années des centres d’artistes. Si jamais les organismes n’ont pas de financement, là les équipes vont être essoufflées et je ne peux pas dire que tout le monde va y arriver, conclut Julie Bérubé.

Toujours à refaire

D’autres défis se posent pour le centre d’artistes en art actuel des Îles-de-la-Madeleine, AdMare, qui reçoit un soutien par projet, et non une subvention de fonctionnement comme ses homologues gaspésiens. On multiplie les projets pour multiplier le financement, explique Laurène Janowsky.

À chaque demande de subvention pour un projet, l’incertitude d’une réponse favorable est omniprésente.

On est de nombreux joueurs à se partager les enveloppes disponibles, alors […] on est toujours soumis aux évaluations et à la compétition, explique-t-elle.

Autrement, le facteur de l’insularité précarise d’autant plus le personnel du centre AdMare, estime Mme Janowsky, notamment au chapitre des revenus.

Le coût de la vie aux Îles est plus élevé, il manque de main-d’œuvre partout […], et vu les salaires qu’on peut offrir, on n’est pas du tout compétitifs sur le marché du travail, fait-elle valoir.

À l’heure actuelle, AdMare va bien, estime la directrice artistique. On a une programmation incroyable, riche et diversifiée, une équipe contente de travailler et un centre de mieux en mieux intégré dans le milieu et ancré dans le territoire et la communauté, se réjouit Laurène Janowsky.

Avec la collaboration de Marie-Claude Tremblay

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