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Bâtir 5,8 millions de logements abordables et écoresponsables d’ici 2030, est-ce réaliste?

Le Groupe de travail pour l'habitation et le climat propose 140 recommandations.

Deux travailleurs de la construction sur un chantier résidentiel.

Selon Adam Mongrain, il faut « mieux » bâtir les logements afin de les rendre tenaces face aux changements climatiques. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Un groupe de travail indépendant presse les gouvernements de collaborer afin d’accélérer la construction, au cours des six prochaines années, de millions de logements à la fois abordables, écoresponsables et plus résilients face aux changements climatiques.

En 2022, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) affirmait que le pays devait bâtir 5,8 millions de nouvelles habitations d’ici 2030 afin de rétablir l’abordabilité. Cette cible représente plus du tiers de l’inventaire actuel au pays.

Deux ans plus tard, le Canada accuse déjà un retard important par rapport à cette cible, souligne Adam Mongrain de l’organisme Vivre en Ville et membre du Groupe de travail pour l’habitation et le climat. Il note un déclin record des mises en chantier l’an dernier, particulièrement au Québec, citant la flambée des coûts de construction et les taux d’intérêt élevés.

Selon lui, il faut non seulement bâtir plus de logements, mais aussi mieux les construire, afin de les rendre tenaces face aux changements climatiques et de minimiser leur empreinte carbone.

On parle d'un effort de guerre comme le plan Marshall, par exemple, pour reconstruire l'Europe après la Deuxième Guerre mondiale. On appelle à ce degré de mobilisation là.

Une citation de Adam Mongrain, membre du Groupe de travail pour l’habitation et le climat

Crise du logement à Toronto

Consulter le dossier complet

Un grand immeuble à appartement vue des airs, avec le centre-ville de Toronto à l'arrière.

On a deux crises conjointes qui sont rarement réunies, la crise de l'habitation et la crise climatique. Puis à date, il n’y a pas eu beaucoup d'efforts de conjuguer les deux dans un plan structurant, ajoute-t-il.

Des panneaux solaires sur une maison.

Le Groupe de travail pour l'habitation et le climat estime que les nouvelles constructions doivent tenir en compte l'impact grandissant des changements climatiques. (Photo d'archives)

Photo : iStock

Ce regroupement formé d’une quinzaine d’experts de différents milieux comprend de grosses pointures, dont l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney, l’ancienne urbaniste en chef de Toronto Jennifer Keesmaat et l’économiste Mike Moffatt. Il y a aussi d’anciens politiciens de toutes allégeances, y compris l’ex-ministre fédérale Lisa Raitt et l’ancien maire d’Edmonton Don Iveson.

On a autour de la table un éventail d'experts et de personnalités de la société civile canadienne qui sont crédibles, affirme M. Mongrain. On reconnaît l'urgence du moment et on reconnaît le besoin de travailler comme ça.

140 actions concrètes

Plutôt que de proposer un buffet de solutions, le groupe de travail énumère 140 mesures concrètes que devraient prendre le gouvernement fédéral, les provinces et les municipalités de manière concertée.

Il propose notamment de mieux cartographier les risques climatiques d'un bout à l'autre du pays, d'assouplir certaines règles de zonage tout en modernisant les codes du bâtiment et de favoriser l'aménagement de maisons préfabriquées, une approche qui fonctionne bien en Suède, par exemple.

C’est la maison IKEA. Il y a une belle culture de modularité, souligne M. Mongrain.

Portrait d'Adam Mongrain.

Adam Mongrain, de l'organisme Vivre en Ville, est membre du groupe de travail pour l'habitation et le climat.

Photo : Radio-Canada / Yanick Lepage

Ce qui donnait les résultats super intéressants en Suède, c'est qu'il y a beaucoup de pièces et de matériaux de construction qui sont standardisés, donc ils sont en mesure de fournir une chaîne d'approvisionnement qui répond aux besoins des chantiers avec plus de résilience, plus de flexibilité, plus d'efficacité que ce que nous faisons.

Il affirme que les codes du bâtiment et les cadres réglementaires au Canada limitent énormément certaines solutions novatrices. Certains programmes de financement et d'assurance ne couvrent pas des éléments construits hors site, comme une cuisine préfabriquée qui serait ensuite assemblée sur le chantier de construction.

On a des limites dans le chemin qui nous empêchent d'importer en bloc les bonnes pratiques internationales, qui nous aideraient à livrer les 5,8 millions d'unités, affirme l’expert.

La densification doit aussi être mieux planifiée, souligne le groupe de travail. Le rapport applaudit une nouvelle loi implantée en Colombie-Britannique l’automne dernier visant à augmenter la densité près des pôles de transport en commun. Cette mesure permet de réduire la congestion routière et d’encourager des moyens de transport plus verts.

Maison modulaire.

Il est possible de construire des maisons modulaires au Canada, mais certains programmes de financement, dont celui de la SCHL, ne s'appliquent pas dans certains cas, affirme Adam Mongrain.

Photo : CBC / Bryan Labby

Des prix toujours hors de portée pour les acheteurs

Le groupe de travail indépendant a aussi pour objectif d’assurer que ces nouveaux logements demeurent abordables pour les acheteurs et les locataires, c’est-à-dire qu’aucun ménage canadien n’ait à dépenser plus de 30 % de ses revenus pour se loger d’ici 2031.

L’économiste Mike Moffatt, également membre du groupe de travail, souligne qu’une grande partie du problème, ce sont les frais, les taxes et autres prélèvements qui pèsent lourd sur les acheteurs de propriétés. En Ontario, par exemple, ces coûts représentent environ 31 % du prix d’achat d’une nouvelle maison.

Tous les ordres de gouvernement devraient donc examiner comment réduire ces coûts tout en continuant à financer les infrastructures et les programmes vitaux pour ces communautés, écrit l’économiste et directeur du groupe Smart Prosperity Institute, dans un papier publié le mois dernier.

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Le coût des terrains a aussi monté en flèche au cours des dernières années. À London, en Ontario, le prix des terrains résidentiels a augmenté de près de 1000 % en 20 ans, souligne M. Moffatt.

Portait de Mike Moffat.

L'économiste et directeur du groupe Smart Prosperity Institute, Mike Moffatt, siège au groupe de travail pour l'habitation et le climat.

Photo : Radio-Canada / Yanick Lepage

Le coût des changements climatiques

Construire des maisons et des tours d’habitation mieux adaptées aux changements climatiques risque aussi de coûter plus cher, mais bien les construire réduira le besoin de les remplacer ou les rénover régulièrement, souligne Adam Mongrain de l’organisme Vivre en Ville.

On va construire de bien beaux immeubles qui seront invivables à cause de la qualité de l'air, l'effondrement de nos écosystèmes, la proximité aux catastrophes naturelles, dit-il.

Feux de forêt, inondations, tornades et tempêtes ont été beaucoup plus violents et fréquents au cours des dernières années, souligne l’expert. Le Canada a d’ailleurs traversé l’an dernier la pire saison des feux de forêt de son histoire, et l’année 2024 pourrait s’annoncer encore pire, craint Ottawa.

Ça va être en vain et ce serait une très mauvaise utilisation de notre argent et de notre volonté de construire toutes ces maisons-là et de les voir brûler dans 20 ans, ajoute M. Mongrain.

Il souligne qu’il existe heureusement des programmes et des mesures incitatives visant à construire des habitations plus écoénergétiques, mais certains d’entre eux, comme la subvention fédérale pour des maisons plus vertes, ont été suspendus en raison de leur popularité.

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