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ArchivesLe 4 mars 1999, des excuses pour les orphelins de Duplessis

Des orphelins de Duplessis manifestent pour leurs droits en 1992.

Les sévices subis par les orphelins de Duplessis constituent une page sombre de l'histoire du Québec.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le 4 mars 1999, le premier ministre Lucien Bouchard se lève à l’Assemblée nationale du Québec pour réparer une injustice. Le chef du gouvernement s’excuse des multiples sévices qu’ont subis celles et ceux qu’on appelle les orphelins de Duplessis. Retour avec nos archives sur un épisode sombre de l’histoire du Québec.

Réparer une injustice

Au nom du Québec et de son gouvernement, je leur offre mes plus sincères excuses.

Une citation de Lucien Bouchard, 4 mars 1999

Reportage de la journaliste Maxime Bertrand sur les excuses officielles du premier ministre Lucien Bouchard aux orphelins de Duplessis. Animation : Stéphan Bureau

Ces excuses officielles, présentées par le premier ministre du Québec à celles et ceux qu’on appelle les orphelins de Duplessis, ont été diffusées dans un reportage de la journaliste Maxime Bertrand au Téléjournal du 4 mars 1999.

Le premier ministre reconnaît qu’entre les années 1930 et la première moitié de 1960, plusieurs enfants, sous la tutelle de l’État québécois, placés dans des crèches, des orphelinats et des hôpitaux psychiatriques, ont été maltraités et abusés.

Lucien Bouchard annonce alors diverses mesures, dont un fonds financier spécial de trois millions de dollars, pour aider ces victimes à retrouver leur dignité et effacer certaines des traces infamantes du passé.

Il rejette cependant la possibilité d’indemnisations individuelles.  Le processus serait trop compliqué, plaide Lucien Bouchard.

Trop de temps s'est écoulé depuis les événements et la procédure serait trop complexe.

Les orphelins de Duplessis réagissent plutôt mal au refus de compensations individuelles du premier ministre du Québec.

Le président du Comité des orphelins de Duplessis, Bruno Roy, décrit la décision de Lucien Bouchard comme « un scandale qui s’ajoute à un autre scandale; une humiliation qui s’ajoute à une autre humiliation. »

Une histoire qui crève le cœur

Ce soir, nous ouvrons une page de l’histoire du Québec mal connue, même par les historiens. C’est celle des enfants nés hors mariage à l’époque du régime Duplessis.

Une citation de Simon Durivage, 1984

Reportage de la journaliste Françoise Stanton qui raconte la vie de l'orpheline de Duplessis Yvette Gascon.

Le 10 décembre 1984, l’animateur de l’émission Le Point, Simon Durivage, présente ainsi un reportage de la journaliste Françoise Stanton qui simultanément crève le cœur et indigne par ce qu’il révèle.

Françoise Stanton nous amène à la rencontre d’Yvette Gascon.

Elle a été abandonnée en 1939 à la naissance par sa mère et finalement internée à l’hôpital Saint-Julien dans le village de Saint-Ferdinand d’Halifax, près de Thetford Mines.

Yvette Gascon raconte alors les 21 ans d’enfer qu’elle a subis dans cette institution.

Une fois adulte, Yvette Gascon a retrouvé sa mère biologique et sa famille.

Elle préfère pardonner à celles et ceux qui l’ont maltraitée, mais elle ne peut certainement pas oublier.

Comment expliquer que de tels mauvais traitements aient pu avoir lieu?

On peut évoquer un contexte historique et culturel.

Le Québec, très imprégné de morale catholique à l’époque, réprouvait la naissance d’enfants hors des liens sacrés du mariage. Cette intolérance s’étendait aux enfants eux-mêmes.

Un autre élément est que l’internement d’enfants illégitimes dans des institutions était motivé par des raisons financières à partir des années 1950.

Depuis 1948, les communautés religieuses qui s’occupaient des enfants sous la tutelle de l’État québécois recevaient de l’argent de la part du gouvernement canadien.

Mais ces communautés religieuses percevaient des subventions trois plus importantes si elles s’occupaient d’enfants déclarés souffrant de maladie mentale et internés dans un hôpital psychiatrique.

Beaucoup d’enfants orphelins ou abandonnés reçurent alors un diagnostic de maladie mentale bien qu’ils étaient normaux.

Cette situation était permise, voire encouragée, par le gouvernement du premier ministre Maurice Duplessis.

C’est pourquoi on connaît ces enfants sous l’expression des enfants de Duplessis.

Dans les années 1960, des livres sont publiés au Québec qui dénoncent cette situation.

Reportage de la journaliste Martine Biron qui raconte le déroulement du combat des orphelins de Duplessis.

En 1992, comme le relate ce reportage de la journaliste Martine Biron présenté au Téléjournal/Le Point le 1er mars 1999, certains orphelins se réunissent avec d’autres personnes internées durant leur enfance pour intenter un recours collectif en justice.

Les démarches et les preuves des sévices sont difficiles à compléter ou à monter.

Les orphelins de Duplessis ont peu d’argent pour justifier leur cause, et les autorités sont souvent sceptiques, voire hostiles, envers leurs revendications.

En janvier 1997, le Protecteur du citoyen du Québec, Daniel Jacoby, publie un rapport qui recommande, au minimum, des excuses officielles et possiblement des indemnisations par l’État québécois.

On en arrive au 4 mars 1999 alors que le premier ministre, Lucien Bouchard, fait ses excuses officielles.

L’Église catholique, pour sa part, demeure, muette.

Le 30 juin 2001, comme le rappelle ce reportage du journaliste Gilles Sirois, présenté au Téléjournal, le gouvernement du premier ministre Bernard Landry propose une entente bonifiée.

Reportage du journaliste Gilles Sirois sur la nouvelle proposition d'indemnités aux orphelins de Duplessis proposée par le gouvernement du premier ministre Bernard Landry. Animation : Josée Thibeault

Cette dernière prévoit entre 25 et 37 millions de dollars pour indemniser les orphelins de Duplessis.

Plusieurs se montrent déçus du montant, mais de guerre lasse, ils préfèrent accepter la proposition d’indemnisation.

Par la suite d’autres tentatives de recours collectif ont été effectuées, et rejetées par les tribunaux, notamment contre des congrégations religieuses.

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