•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Négociations dans le secteur public : Legault prévoit un budget « largement » déficitaire

François Legault, entouré de Sonia LeBel et de Bernard Drainville lors d'une conférence de presse.

Le premier ministre, François Legault, en compagnie de Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, et de Bernard Drainville, ministre de l'Éducation, font le point dimanche sur les négociations en vue du renouvellement des conventions collectives en éducation.

Photo : Radio-Canada

Le gouvernement Legault a dévoilé dimanche les grandes lignes des nouvelles ententes collectives en éducation et les investissements prévus pour améliorer les conditions de travail des enseignants. Le premier ministre a toutefois prévenu que le produit des négociations avec le secteur public aura un coût, qui se fera nettement sentir dans le prochain budget, le mois prochain.

Le choix qu’on a fait d'investir massivement dans les services publics, ça va avoir des conséquences financières, a indiqué François Legault. On se retrouve avec un budget qui est largement déficitaire […], beaucoup plus déficitaire qu’il l’était avant ces négociations.

C’est peut-être un choix qui va être critiqué par certains, mais moi, je pense que c’est le meilleur choix qu’on puisse faire. Comme premier ministre du Québec, j’assume ce choix-là. C’est un choix responsable.

Une citation de François Legault, premier ministre du Québec

Le chef du gouvernement caquiste a indiqué qu’il n’est pas question d’augmentation des impôts, de coupes dans les services ou de retour à l'austérité pour le prochain exercice financier. C’est plutôt la rapidité du retour à l’équilibre budgétaire qui sera réévaluée.

M. Legault était entouré de Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, et de Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, pour dévoiler les nouvelles mesures prévues dans les conventions collectives des enseignants du Québec.

Des grévistes manifestent en bordure d'une route à Montréal.

Les 66 500 membres de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) ont été en grève générale du 23 novembre au 28 décembre 2023. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Grèves dans le secteur public au Québec

Consulter le dossier complet

Des manifestants sont massés devant l'Assemblée nationale et brandissent pancartes et banderoles.

Bilan des négociations

Même si les résultats du vote de certains syndicats du côté du Front commun restent à venir, Mme LeBel a indiqué qu’ils étaient suffisamment avancés en éducation pour faire le bilan des négociations.

Les ententes avec la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) et les syndicats affiliés à la Fédération des syndicats de l'enseignement – Centrale des syndicats du Québec (FSE-CSQ) sont d’une durée de cinq ans. Elles visent à assurer une plus grande stabilité dans les écoles, à fournir plus d’aide et d’autonomie aux enseignants et à rendre leurs conditions de travail plus attrayantes.

Sur le plan salarial, les enseignants auront droit à un salaire annuel de départ de 65 000 $. Avec l’ancienneté, celui-ci pourra atteindre 109 000 $ par année. M. Legault a donc évoqué des augmentations salariales de 18 % à 27 %.

Pour alléger la composition des classes, les nouvelles ententes collectives prévoient la création de 5000 postes d’enseignants à temps plein et de 4000 postes d’aides à la classe. Plus de ressources seront prévues pour les classes avec des élèves en difficulté d’apprentissage.

Bernard Drainville en mêlée de presse.

Chiffres à l'appui, le ministre Drainville a affirmé au début du mois que des centaines de milliers d'élèves québécois bénéficieront de son plan de rattrapage d'ici la fin de l'année. Des services de tutorat additionnels seront offerts à quelque 145 000 élèves dans plus de 2500 écoles, en plus des 120 000 jeunes qui pouvaient déjà compter sur un tel accompagnement et qui pourront continuer à en bénéficier. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Plus de 14 000 classes du primaire, soit la moitié des classes de la province, auront donc une aide supplémentaire pour les élèves, a indiqué Bernard Drainville. Les techniciens en éducation scolaire pourront agir comme aides à la classe et leurs horaires seront révisés afin de leur permettre de travailler à temps plein. De nouvelles classes pourront aussi être ouvertes, selon la disponibilité des ressources.

En réduisant le nombre d’enfants par classe et avec les nouveaux postes, on pense qu’on va être capables d’améliorer les conditions de travail et d’attirer des gens dans la profession, a dit le premier ministre.

Les étudiants en enseignement pourront aussi faire de la suppléance pendant leur stage. Les nouvelles conventions collectives permettront également aux enseignants retraités d’agir comme mentors.

Le reportage de Danielle Kadjo

En contrepartie, les enseignants ont accepté de revoir les règles pour l’attribution des postes. Les séances d’affectation prendront dorénavant fin le 8 août, ce qui évitera, selon M. Legault, l’instabilité causée par le processus de supplantation au début de l’année scolaire.

Cette convention-là donne de l’espoir. Je suis profondément convaincu de ça, a lancé M. Drainville, même s’il est conscient qu’elle ne fait pas l’unanimité et qu’elle a créé de l’insatisfaction dans le milieu de l’enseignement.

Donnons la chance à cette convention-là de se concrétiser dans le quotidien des enseignants et du personnel scolaire, a dit le ministre de l’Éducation. Je pense qu’avec le temps, il y a une partie de cette insatisfaction qui va se résorber, parce que les gens vont vivre concrètement les améliorations qu’on a négociées.

Une sortie inattendue et incomprise

La sortie du gouvernement Legault n’a pas plu à la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ) et à sa présidente, Josée Scalabrini. Même si elle reconnaît qu’il y a des éléments positifs dans la nouvelle convention, elle estime que celle-ci a été présentée avec des lunettes roses par les caquistes dimanche.

Il y a eu des pas dans la bonne direction, mais 40 % de nos enseignants […] nous ont dit être grandement déçus de ce qu'il y a dans cette entente-là, a réagi Mme Scalabrini en entrevue à RDI.

Alors nous, aujourd’hui, on ne comprend pas cette sortie-ci, à ce moment-ci, quand on sait que le Front commun n’a pas fini ses rencontres, qui vont se terminer cette semaine. Pourquoi venir faire cette provocation face aux enseignants qui vivent une grande déception?

Une citation de Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ)

Tout comme le ministre Drainville, Mme Scalabrini souhaite qu’on se mette à parler positivement de l’éducation au Québec. Mais elle juge que cette entente ne sera pas suffisante.

C’est dans la suite des choses qu’on va pouvoir envoyer un signal positif. Nous, ce qu’on veut, c’est que ce gouvernement-là vienne nous dire : "On vous a entendus. On a entendu votre cri du cœur. On sait qu’il y a encore énormément à faire et, avec vous, on va travailler à reconstruire ce système d’éducation-là, qu’on a pris 30 ans à détruire." Pourquoi venir nous parler de possible déficit à cause des négociations?

La présidente d'un syndicat d'enseignants pose, l'air sérieux.

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ)

Photo : FSE-CSQ

La déception était aussi tangible du côté de la Fédération autonome de l'enseignement à la suite du point de presse de François Legault, Sonia LeBel et Bernard Drainville.

Je ne pense pas que les profs qui se sont battus tout l’automne pour améliorer leurs conditions et ce qui se passe dans la classe avaient besoin de se faire dire qu’ils seront responsables du prochain déficit. Ce n’est pas comme ça qu’on dit aux gens qu’on apprécie leur travail et qu’on pense qu’ils font un travail essentiel pour la société, a indiqué Mélanie Hubert, présidente de la FAE.

Et le gouvernement n’a pas laissé transparaître aujourd’hui qu’une quantité de gens, autant chez nous que dans l’autre fédération, disent que l’entente ne répond pas aux besoins et que c’était décevant. On aurait aimé entendre le gouvernement dire aux profs qu’il a compris que certains sujets devront être traités plus en profondeur et que l’entente qu’on a entre les mains ne réglera pas tout.

Mélanie Hubert à la Nouvelle maison de Radio-Canada.

Mélanie Hubert, présidente de la FAE. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jérôme Labbé

Marc Ranger, ancien directeur québécois du Syndicat canadien de la fonction publique, croit que le gouvernement Legault a raté une belle occasion de lancer un message rassembleur autour de la question de l’éducation. Il trouve dommage que le premier ministre et son équipe se soient limités à communiquer les objectifs poursuivis et atteints dans le cadre des négociations avec les enseignants.

Le gouvernement avait l’occasion de dire : "Non seulement on vous tend la main, mais on va instituer un forum, un chantier… " Si on veut de l’attractivité et attirer les plus jeunes, le message ne doit pas juste venir du premier ministre, a réagi M. Ranger en entrevue à RDI.

C’était une belle occasion de dire : "J'ai besoin de vous, les organisations syndicales, dans l’enseignement, j’ai besoin des centres de service scolaires et des parents." Comment, ensemble, on peut passer un message fort, un message positif, dire qu’il y a du travail à faire et qu’on commence à le faire maintenant.

Toujours pas d’entente avec la FIQ

De son côté, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) n’a toujours pas conclu d’entente de principe avec le gouvernement provincial.

À ce sujet, la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, a réitéré la volonté du gouvernement de négocier.

Une entente, c’est la rencontre entre deux volontés. Il faut de la volonté de part et d'autre. Nous, on a démontré qu’on est capables de s’entendre; on vient de le faire avec 420 000 employés de l’État […] et avec deux grands syndicats en éducation, a réagi Mme LeBel.

On a pu faire des avancées, parce qu’on a eu de la volonté et de la souplesse de la part des syndicats. On va laisser les négociations se poursuivre et on va continuer [à chercher à atteindre] les mêmes objectifs avec la FIQ qu’on avait avec les autres syndicats du réseau public.

Un conciliateur participe aux pourparlers entre Québec et la FIQ, qui se déroulent dans un climat plutôt tendu. Le gouvernement réclame plus de flexibilité de la part des infirmières afin de pouvoir les déplacer entre différents établissements ou diverses unités de soins.

La FIQ, qui représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques dans l'ensemble du Québec, dénonce le fait qu'il s'agit plutôt de déplacements obligatoires, sous peine de sanctions disciplinaires advenant un refus.

Avec les informations de La Presse canadienne

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.