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Mikyla Grant-Mentis : l’héritière de quatre générations de hockeyeurs noirs

Mikyla Grant-Mentis pose pour une photo dans un aréna

Mikyla Grant-Mentis vient d'une lignée de hockeyeurs noirs de haut niveau, une source de fierté pour elle.

Photo : Radio-Canada / Simon Lasalle

Son arrière-grand-père est un descendant de la Coloured Hockey League. Son père est une légende du hockey-balle. Elle est l’une des rares joueuses de hockey noires chez les professionnelles. Mikyla Grant-Mentis était visiblement destinée à jouer au hockey.

Sur l’affiche, le logo des Beauts de Buffalo et en avant-plan, le visage souriant de Mikyla Grant-Mentis. Vêtue d’un chandail bleu pâle, l’attaquante fait figure d’égérie de la défunte équipe de la Premier Hockey Federation (PHP).

Son image a placardé l’aréna et les réseaux sociaux du club, comme une concrétisation de l’héritage familial des Mentis. J’étais contente du chemin parcouru pour arriver dans cette position. C’était définitivement un moment de fierté, lance la joueuse qui s’aligne maintenant avec l’équipe d’Ottawa de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).

Mikyla Grant-Mentis avec son uniforme de hockey.

Mikyla Grant-Mentis était une des vedettes des Beauts de Buffalo dans la PHF.

Photo : Instagram/Mikyla Grant-Mentis

Sa famille est à la fois unique et typiquement canadienne. La passion pour le hockey se transmet depuis quatre générations chez les Mentis. Pourtant, quand Mikyla entrait dans les arénas avec ses frères et ses parents pour jouer son hockey mineur, elle sentait les regards se poser sur eux.

Il y a plusieurs petites villes en Ontario et c’était évident que tous les yeux étaient sur nous, étant donné que mon père est noir et que ma mère est noire, mais ça ne m’a jamais dérangée. Je me concentrais sur ce que j’avais à faire sur la glace, raconte l’athlète de Brampton.

Malgré cela, elle n’a jamais douté de sa place dans le hockey, appuyée par un solide arbre généalogique avec des racines bien ancrées dans ce sport, depuis les années 1930.

De la Nouvelle-Écosse à Ottawa

Son arrière-grand-père, Robert Mentis, s’est démarqué avec les Bearcats de Truro, quelques années après la fin de la Coloured League. Il sévissait notamment au sein d’un trio de joueurs noirs qui menaçait la défense adverse à chaque présence sur la patinoire.

Selon des journaux de 1935, il était considéré par certains comme le meilleur joueur à l’extérieur de la Ligue nationale de hockey. L'aïeul des Mentis avait aussi été remarqué par des équipes de baseball de la Ligue des Noirs.

Les fils Mentis ont continué à se distinguer dans ces deux disciplines dans les années 1950 et 1960. Bob CookMentis a quitté la Nouvelle-Écosse pour Sudbury pour continuer de jouer au hockey de haut niveau. C’est dans cette ville minière du nord de l’Ontario que le père de Mikyla, James ChickyMentis a vu le jour.

Une affiche pour un tournoi de hockey-balle en 2001 avec la photo de James Mentis pendant un match, avec les logos de Hockey-balle Canada et de l'Association de hockey-balle de l'Ontario.

Le père de Mikyla, James Mentis, est une légende du hockey-balle au Canada.

Photo : Gracieuseté de l'Association de hockey-balle de l'Ontario

Patineur peu habile, il a plutôt fait sa marque dans le hockey-balle. Il a notamment été capitaine de l’équipe nationale et a représenté le Canada, allant jusqu'à jouer dans le Championnat du monde de la discipline à l'âge de 49 ans.

Dernière en lice, Mikyla fait partie de l'équipe d'Ottawa de la LPHF, le premier circuit qui permet aux joueuses de hockey féminin de gagner leur vie en jouant à leur sport.

Ils ont tous tellement fait à leur époque pour permettre aux Noirs de jouer au hockey. De continuer dans la même lignée, mais pour le hockey féminin, c'est un honneur. Il y a de la place pour que les filles soient à l’avant-scène aussi, déclare Grant-Mentis.

Mikyla a quand même dû convaincre son père de lui permettre de pratiquer le même sport que ses frères. Il aurait voulu que sa fille fasse de la danse, mais le hockey coule dans les veines des Mentis depuis trop longtemps pour qu’elle puisse se consacrer à un autre sport.

Une joueuse de hockey d'Ottawa au milieu de trois joueuses de Toronto pendant un match.

Mikyla Grant-Mentis bourdonne près du filet de Toronto pendant un match de la LPHF.

Photo : Andrea Cardin/Freestyle Photography

Jamais elle n’a remis en question son choix, même s’il y avait très peu de jeunes filles noires dans les arénas quand elle grandissait en banlieue de Toronto. J’ai grandi avec des coéquipières extraordinaires. Je ne me suis jamais dit "je ne devrais pas être ici". C’est beaucoup grâce à ma meilleure amie Daryl [Watts, ma coéquipière à l'adolescence et à Ottawa], souligne-t-elle.

La numéro 13 veut maintenant aider la prochaine génération de joueuses de couleur à recevoir un soutien similaire. Elle s’assure de les suivre sur les réseaux sociaux après avoir fait leur rencontre pour qu’elles sachent qu’elles peuvent compter sur son appui.

Je ne veux pas qu’elles abandonnent parce qu’elles pensent que personne ne les soutient. Je veux m’assurer qu’elles savent qu’il y a des gens là pour elles, peu importe ce dont elles ont besoin, soutient Grant-Mentis, pour qui le chemin vers la capitale canadienne n’a pas été facile.

De l'avant-plan à un rôle plus effacé

Toutes les portes semblaient s’ouvrir à elle en 2022. En mai, elle signait le contrat le plus lucratif de l’histoire de la PHF, 80 000 dollars américains, pour son deuxième passage avec les Beauts. L’année précédente, elle avait été nommée joueuse par excellence du circuit, la première joueuse noire à obtenir ce titre.

Lorsque la PHF a pris fin pour faire place à la LPHF, de nombreuses joueuses ont été repêchées par les nouvelles équipes formées. Grant-Mentis, malgré les accolades accumulées, n’a pas été sélectionnée. Elle a été invitée au camp d’Ottawa et a dû mériter sa place.

Après avoir été la vedette de ses équipes depuis son temps au Collège Merrimack, près de Boston, l’attention se porte maintenant sur ses coéquipières.

Trois joueuses d'Ottawa célèbrent après un but pendant un match de la LPHF.

Mikyla Grant-Mentis célèbre le but d'une coéquipière.

Photo : Andrea Cardin/Freestyle Photography

Ça a été intéressant. C’était plus facile après l’université parce que les ligues étaient séparées, mais maintenant, toutes les meilleures joueuses dans la même ligue, explique l’attaquante. Ici, il y a moins de poids sur mes épaules. Je suis une joueuse plus libre ici. Il y avait beaucoup de pression sur moi, comme si je ne marquais pas, nous allions perdre. C’était beaucoup sur moi parce que c’était moi sur les affiches.

Ça n’empêche pas Grant-Mentis d’avoir hâte de marquer le premier but de sa carrière dans la LPHF. Elle croyait bien avoir réussi lors du premier match à domicile d’Ottawa, mais le but a été refusé parce que la rondelle était passée sous le filet.

Elle croit fermement que les buts viendront, principalement parce qu’elle applique le conseil qu’elle offre aux jeunes filles qui l’ont comme modèle : Il faut toujours en faire plus, plus que l’équipe demande et c’est comme ça qu’on peut atteindre ses objectifs.

Une éthique de travail certainement répandue chez les Mentis, qui font belle figure au hockey, avec ou sans patins, depuis près de 100 ans.

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