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Non, il n’y a pas de défi incitant les jeunes à s’enlever la vie sur TikTok

Capture d'écran d'un communiqué d'un centre de services scolaire concernant un défi incitant les jeunes à s'enlever la vie le 13 février. Le mot "FAUX" est superposé sur l'image.

Ce communiqué a été envoyé aux parents des centres de services scolaires des Chênes et de l'Énergie.

Photo : Facebook / Nancy AC

Des informations circulent selon lesquelles un défi viral sur TikTok incite les jeunes à s’enlever la vie le 13 février pour recevoir des fleurs à l’occasion de la Saint-Valentin. Or, un tel défi n'existe pas. Les seules vidéos que Radio-Canada a pu répertorier à ce sujet versent dans l’humour noir et non dans l’incitation. L’Association québécoise de prévention du suicide déplore la banalisation du suicide qui en découle.

On n’a rien vu officiellement sur les réseaux sociaux, concède Amélie Germain-Bergeron, coordonnatrice aux communications du CSS de l’Énergie, en Mauricie. C’est vraiment plus des élèves qui ont signalé aux membres du personnel qu’ils avaient vu ça circuler.

Mme Germain-Bergeron précise que les membres du personnel du CSS n’ont pas pu voir de preuves de l’existence du défi de leurs propres yeux, puisqu’ils n’ont pas le droit d’avoir l’application TikTok sur leur téléphone cellulaire.

Ça ne fait pas partie des réseaux qui sont considérés comme fiables pour la sécurité et la cybersécurité. On fait partie d’un établissement public, donc c’est un réseau qui est à proscrire pour la sécurité. C’est une consigne gouvernementale, explique-t-elle.

Après avoir été informé de ce défi par des élèves, le CSS a averti la santé publique régionale, qui l’a aidé à rédiger un avis destiné aux parents contenant des ressources de prévention du suicide et d’autres conseils.

D’autres CSS de la région ont ensuite été avertis et ont diffusé des avertissements semblables. Des CSS du reste de la province ont également suivi dans la journée.

Après vérifications auprès des autres centres de services de la région, de même que des directions de santé publique ailleurs au Québec, [la santé publique régionale] n’a eu aucune indication signalant que ce serait répandu, a déclaré par courriel la porte-parole du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, Laurence Chartrand.

Comme il le mentionnait dans son communiqué, le CSS dit ne pas avoir voulu semer la panique chez les parents en publiant cet avertissement.

On aime mieux prévenir que guérir, et dans ce cas-ci on ne parlait pas de guérison, on parlait d’une invitation à un acte fatal, soutient Amélie Germain-Bergeron. On n’a pas de parents paniqués chez nous ce matin. On a eu pas mal plus de commentaires de parents qui allaient dans le sens de "merci de m’informer de ça, j’en ai discuté avec mon enfant, ça m’a permis de faire des vérifications".

Une vieille blague

Cette tendance n’a rien de nouveau. Le premier exemple viral que nous avons pu trouver sur TikTok a été publié le 5 février 2022. Dans la vidéo, regardée plus de 120 000 fois, on peut voir quatre jeunes femmes danser sur la phrase mourrir [sic] le 13 février pour avoir des fleurs le 14 février. Le ton est clairement humoristique et ne contient aucune incitation à se faire du mal.

L’année dernière, des vidéos semblables ont commencé à circuler en anglais. Mourir le 13 février pour que je puisse recevoir des fleurs le 14 février, écrit une jeune femme dans une vidéo publiée le 20 janvier et vue plus de 2,4 millions de fois. Là encore, la vidéo est humoristique.

Plus récemment, de jeunes Français ont commencé à blaguer sur un thème similaire, disant vouloir se prendre une voiture (se faire frapper par une automobile) le 13 février pour recevoir des fleurs le lendemain.

En aucun cas n’y a-t-il une incitation à passer à l’acte, et les vidéos teintées de sarcasme sont plutôt un commentaire sur le fait que les jeunes qui se filment sont célibataires.

Ces blagues ne font pas rire le CSS de l’Énergie. Après notre entrevue initiale, la porte-parole nous a expliqué que leur contenu pourrait tout de même inciter des personnes en situation de vulnérabilité à passer à l'acte, selon les agents de la Sûreté du Québec qu'elle a consultés.

Même son de cloche du côté du porte-parole de l’Association québécoise de prévention du suicide, Luc Massicotte. Cette histoire a pris toutes sortes de proportions aujourd'hui. Je pense que c’est une bonne idée de remettre ça dans son contexte : on comprend mieux que ce n’est pas nécessairement des incitations. Néanmoins, les gens qui souffrent ne les entendent peut-être pas de la même manière, affirme-t-il.

Il ajoute : Ça banalise le rapport au suicide, alors que nous essayons de faire l’inverse. C’est à proscrire, et les gens qui diffusent ces vidéos devraient être plus vigilants.

Une porte-parole de TikTok a fait savoir dans une déclaration écrite que ce contenu n'est pas nouveau et qu'il ne constitue pas une tendance sur la plateforme.

De plus, elle soutient que la plateforme n'autorise pas les contenus susceptibles de mettre les jeunes en danger de préjudice physique, comme les activités dangereuses et les défis.

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