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ArchivesLe 14 février 1989, l’auteur Salman Rushdie est menacé de mort

Page couverture de la version originale du livre Les versets sataniques.

La publication de la fatwa de l'ayatollah Khomeini de février 1989 demandant l'assassinat de l'auteur du livre «Les versets sataniques», Salman Rushdie, a provoqué une crise internationale d'envergure.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le 14 février 1989, le chef suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Khomeini, signe un décret (fatwa) qui exhorte tout musulman pieux à abattre Salman Rushdie. Quel crime l’écrivain américano-britannique d’origine indienne a-t-il commis pour mériter un tel châtiment? La réponse dans nos archives.

Une tempête se déchaîne

Eh bien! l’ayatollah Khomeini ne lésine pas sur les moyens pour se débarrasser d’un mauvais musulman. Il vient de condamner à mort l’écrivain Salman Rushdie, de même que les éditeurs de son roman, Les versets sataniques, pour ce qu’il considère être une insulte à l’islam.

Une citation de Bernard Derome 14 février 1989

Reportage de la correspondante Francine Bastien sur l'annonce d'une fatwa lancée par l'ayatollah Khomeini qui demande l'assassinat de l'écrivain Salman Rushdie.

L’animateur du Téléjournal résume en deux phrases le motif du chef de la révolution iranienne pour inviter tout musulman zélé à assassiner l’auteur américano-britannique d’origine indienne Salman Rushdie.

Le reportage de notre correspondante à Londres, Francine Bastien, nous donne plus de détails sur ce qui est alors en train de se transformer en tempête politique et diplomatique partout dans le monde.

En septembre 1988, Salman Rushdie publie son quatrième roman, Les versets sataniques.

Le livre de quelque 500 pages utilise plusieurs techniques de narration, dont certains éléments, réels ou imaginés, de la vie du Prophète Mahomet.

Or, un passage du livre, comme le rapporte Francine Bastien, présente une allégorie poétique faisant allusion à certains événements qui se seraient déroulés durant l’existence du fondateur de l’islam.

C’est assez pour soulever la furie des fondamentalistes islamiques, notamment ceux qui vivent au Royaume-Uni.

Ces derniers considèrent le roman comme blasphématoire et organisent des manifestations pour le brûler.

Le 14 février 1989, le chef spirituel de la révolution iranienne, l’ayatollah Khomeini, décrète une fatwa pour ordonner l’assassinat de Salman Rushdie.

Une fondation révolutionnaire iranienne va jusqu’à promettre une récompense de deux millions et demi de dollars pour le voir mort.

La controverse, qui ne cessait d’enfler depuis septembre 1988, se transforme en tempête politique aux dimensions internationales.

La police britannique se doit alors d'assurer une protection renforcée pour protéger l’auteur qui vit désormais comme un homme traqué.

Les menaces proférées de Téhéran contre l’écrivain poussent par la suite la Grande-Bretagne à rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran.

Plus de 20 pays, majoritairement musulmans, banniront pendant cette crise Les versets sataniques.

Partout dans le monde toutefois, plusieurs pays et membres de la société civile s’opposeront vivement à un geste qui constitue une très importante violation de la liberté d’expression.

Tentative de censure au Canada

Une tentative de censure sera aussi lancée au Canada, comme le rapporte ce reportage de la journaliste Christine St-Pierre présenté au Téléjournal le 17 février 1989.

Reportage de la journaliste Christine St-Pierre sur la tentative d'interdiction d'entrée du livre «Les versets sataniques» au Canada. Suzanne Laberge anime le Téléjournal.

Ce jour-là, la douane canadienne a dû temporairement bloquer l’arrivée du roman de Salman Rushdie au pays.

Elle doit examiner la validité de l'affirmation de l’Association musulmane d’Ottawa qui soutient que le livre constitue de la littérature haineuse au sens du Code criminel canadien.

La journaliste Christine St-Pierre constate qu’il est devenu subitement difficile de se procurer un exemplaire du roman de Salman Rushdie à Montréal.

Le 19 février 1989, le gouvernement fédéral rejette l'affirmation que le livre viole la loi canadienne et réautorise son entrée au pays.

En parallèle, Ottawa condamne sans ambiguïté l’appel au meurtre de Salman Rushdie de l’Iran.

L’Iran rejette les excuses de Rushdie

Le 18 février 1989, des signes d’apaisement à la controverse semblent poindre.

De sa cachette londonienne, Salman Rushdie s’excuse publiquement de la peine que son roman a pu causer aux fidèles musulmans du monde entier.

Initialement, le gouvernement iranien semble vouloir accepter le repentir de l’écrivain.

Compte rendu de la correspondante Francine Bastien sur les réactions aux excuses présentées par l'écrivain Salman Rushdie à la suite de la publication de son livre «Les versets sataniques». Suzanne Laberge anime le «Téléjournal».

Mais comme le rapporte le compte rendu de notre correspondante à Londres, Francine Bastien, présenté le 18 février 1989 au Téléjournal, on apprend plus tard que Téhéran s’est rétracté.

Par ailleurs, les remords exprimés par Salman Rushdie n’atténuent en rien à son égard l’hostilité des fondamentalistes islamiques vivant au Royaume-Uni.

Il faut qu’il renie son livre, sinon sa vie est toujours en danger, affirme un porte-parole islamiste à la télévision britannique.

La tempête souffle de plus en plus fort et fait rage pendant presque 10 ans.

Des éditeurs et des traducteurs du volume sont attaqués, voire blessés ou assassinés, notamment en Italie, au Japon et en Turquie.

Un peu partout dans le monde, des manifestations et des attentats font des victimes.

Le 24 septembre 1998, la tension semble cependant être sur le point de se résorber.

Compte rendu de l'animateur Stéphan Bureau sur la reprise des relations diplomatiques entre le Royaume-Uni et l'Iran.

Comme l’explique le compte rendu de l’animateur Stéphan Bureau, présenté ce jour-là au Téléjournal/Le Point, la reprise des relations diplomatiques que décident les gouvernements britannique et iranien ouvre la voie à une potentielle résolution de la crise.

Le ministre des Affaires étrangères d’Iran promet que son pays n’aidera plus les fondamentalistes qui tenteront d’assassiner Salman Rushdie.

Son homologue britannique réitère les regrets de la Grande-Bretagne pour la peine que les musulmans du monde entier ont subie à cause de la publication de ce livre.

Salman Rushdie, pour sa part, affirme être maintenant libre et que l’affaire semble être terminée.

Cependant, le gouvernement iranien n'a pas les pouvoirs de révoquer la fatwa de l’ayatollah Khomeini.

Le 12 août 2022, Salman Rushdie est victime d’une attaque, à la grande joie des fondamentalistes musulmans, dans une petite ville de l’État de New York.

Il survit, mais conserve de très graves séquelles.

La tempête provoquée par la publication du livre Les versets sataniques a constitué une énorme bataille durant laquelle se sont opposés adversaires et partisans de la liberté d’expression.

Salman Rushdie y voit aussi, en rétrospective, « un des plus grands défis que lançait l’Islam à l’Occident. »

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