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Le sébaste du golfe du Saint-Laurent trouvera-t-il des acheteurs?

Des poissons étalés.

Les usines de transformation se préparent à la réouverture de la pêche au sébaste.

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Au sein d'une des plus grandes usines de transformation de sébaste de l'Atlantique, située à Digby en Nouvelle-Écosse, on pousse un soupir de soulagement. La province obtiendrait un tiers de l'allocation des 25 000 tonnes de sébaste minimum, poisson qui a été frappé d'un moratoire dans le golfe du Saint-Laurent pendant près de 30 ans. Toutefois, un certain nombre de questions demeurent sans réponse, notamment celle de savoir si le sébaste du golfe trouvera des clients.

Pour nous, c’est une bonne annonce. L'idée d’utiliser les parts historiques, c’est important pour nous, dans la pêche. Pour le sébaste, c’est excitant parce qu’on est une usine qui transforme premièrement le sébaste, dit Alain D’Entremont, président de Scotia Harvest.

La pêche de ce poisson dans l'océan Atlantique a été épargnée par le moratoire, imposé en 1995, dans le golfe du Saint-Laurent.

Alain d’Entremont est le copropriétaire de l'entreprise basée à Digby avec la famille Mersey aussi de la Nouvelle-Écosse. Le groupe exploite aussi huit navires, dont trois équipés pour pêcher le sébaste qui sont amarrées à Pubnico, non loin de l'usine.

Alain d’Entremont est le copropriétaire de l'entreprise basée à Digby avec la famille Mersey, elle aussi de la Nouvelle-Écosse. Le groupe exploite également huit navires, dont trois sont équipés pour pêcher le sébaste, qui sont amarrés à Pubnico, non loin de l'usine.

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Alain d’Entremont est le copropriétaire de Scotia Harvest avec la famille Mersey. Mersey Seafoods détient la plus grande part du quota des navires hauturiers de l'Atlantique, c'est-à-dire les navires de plus de 30,5 m (100 pieds) qui ont obtenu la majeure partie des allocations.

L'usine a transformé 3000 tonnes de sébaste l'an dernier. Avec la réouverture de la pêche commerciale dans le golfe du Saint-Laurent, Alain D'Entremont espère mettre la main sur un autre 4 à 5000 tonnes du nouveau quota commercial annoncé vendredi dernier par la ministre des Pêches.

Un pari financier majeur

C'est aussi un grand soulagement pour l'entreprise familiale qui a investi plus de 14 millions de dollars en 2021 pour construire cette usine de 4 180 mètres carrés (45 000 pieds carrés) à la fine pointe de la technologie.

On est l’un des deux plus gros producteurs de sébaste en Atlantique, si tu inclus la pêche et la transformation. Ici, l’usine qu’on a dessinée était avec l’idée d’un gros quota de sébaste qui s’en venait, explique Alain d’Entremont.

L'entreprise avait investi tout cet argent en misant sur le fait qu'elle récupérerait ses parts historiques du quota du golfe, un pari risqué qui devrait être payant pour le groupe comptant 86 employés.

Récupérer le marché du Canada

Si les allocations se confirment, Scotia Harvest pourrait engager jusqu'à 70 personnes supplémentaires.

Toutefois, cette augmentation de la main-d'œuvre est conditionnelle à la capacité d'écouler les produits canadiens. Avec l'effondrement des stocks il y a une trentaine d'années, la présence du sébaste canadien sur les marchés internationaux a considérablement diminué.

On était un grand producteur. Je ne suis pas sûr si on avait la majorité du marché, mais les dernières années, tout le monde parle de la Russie, de la Norvège, de l'Islande... Ce n'est pas au Canada qu'on pense en premier pour le sébaste, poursuit Alain D’Entremont.

Scotia Harvest emploie actuellement 86 travailleurs à son usine de Digby. Si les allocations se confirment pour les pêcheurs hauturiers, dont font partie Mersey Seafoods et Scotia Harvest , Alain d'Entremont prévoit ajouter un quart de travail et jusqu'à 70 employés supplémentaires.

Scotia Harvest emploie actuellement 86 travailleurs à son usine de Digby. Si les allocations se confirment pour les pêcheurs hauturiers, dont font partie Mersey Seafoods et Scotia Harvest, Alain d'Entremont prévoit ajouter un quart de travail et jusqu'à 70 employés supplémentaires.

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Alain D'Entremont dit qu'il faudra se refaire un nom après avoir quasiment disparu des étals pendant 30 ans. Selon lui, la seule façon d’être compétitif, c’est faire un sébaste qui est mieux et qui peut être compétitif sur le prix, dit Alain D’Entremont.

Il faut non seulement regagner ces clients, mais aussi s'adapter au nouveau type de sébaste. Le poisson rouge pêché dans le golfe est plus petit qu'ailleurs, mais aurait bonne réputation dans le monde. Alors, on espère pouvoir prendre un peu de ce marché-là avec le nom canadien, espère le président de Scotia Harvest.

Il croit que le Canada aurait dû ouvrir progressivement le golfe du Saint-Laurent il y a des années et mieux préparer le retour du Canada sur la scène internationale.

Contrairement à d’autres provinces en Atlantique qui ont été privées du sébaste du golfe du Saint-Laurent en raison du moratoire, la Nouvelle-Écosse a maintenu une partie de sa capacité de transformation en raison de l’accès à d’autres zones de pêche qui n’ont pas été frappées par des interdictions. Les lignes de transformation de sébaste de Scotia Harvest sont déjà prêtes pour la réouverture du golfe.

Contrairement à d’autres provinces en Atlantique qui ont été privées du sébaste du golfe du Saint-Laurent en raison du moratoire, la Nouvelle-Écosse a maintenu une partie de sa capacité de transformation en raison de l’accès à d’autres zones de pêche qui n’ont pas été frappées par des interdictions. Les lignes de transformation de sébaste de Scotia Harvest sont déjà prêtes pour la réouverture de la pêche dans le golfe.

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Il s'interroge sur le quota de 25 000 tonnes minimum annoncé par la ministre des Pêches.

Son usine a la capacité de transformer jusqu’à 25 tonnes de sébaste par jour, soit jusqu'à 10 000 tonnes par année, mais il sait que ce ne sera pas suffisant.

On n’est pas prêts pour le montant de sébastes qui va rentrer dans le système et puis avoir le nombre d'usines qui sont bâties et prêtes pour accéder au bon marché, dit-il.

Il y a trois usines en Nouvelle-Écosse qui transforment prioritairement le sébaste, dont la sienne, et une poignée d'autres à Terre-Neuve et en Gaspésie.

Et construire de nouvelles usines, équiper de nouveaux navires, prendra des années.

Pour atteindre, ou reconquérir, des clients, Alain D’Entremont sait qu’il devra aussi continuer d’investir dans le sébaste 
à valeur ajoutée, comme les filets frais, congelés ou emballés sous vide.

Pour atteindre, ou reconquérir, des clients, Alain D’Entremont sait qu’il devra aussi continuer d’investir dans le sébaste à valeur ajoutée, comme les filets frais, congelés ou emballés sous vide.

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

De plus, les marges de profit sur le poisson rouge sont très petites, le produit n'a pas nécessairement les lettres de noblesse du homard ou du crabe des neiges. Toutefois, plus que la capacité de production et les quotas, ce sont les marchés qui dicteront le nombre de sébastes pêchés et transformés dans les prochaines années.

C’est ça, la grande question pour nous : c’est de trouver la technologie qui peut nous rendre plus compétitifs avec le marché mondial et nous permettre de pêcher tous nos quotas.

Une date le plus vite possible

Si le sébaste se pêche à l’année au large de la Nouvelle-Écosse, Ottawa n'a toujours pas donné de date d'ouverture pour la pêche dans le golfe.

Pêcheurs et transformateurs souhaitent des réponses à cette question ainsi que celles de la gestion, de l'accès au stock et des types de bateaux qui pourront être utilisés.

Diane Lebouthillier.

La ministre fédérale des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier.

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Toutes ces questions auraient déjà dû être discutées au cours des deux dernières années, dit Alain d'Entremont.

Vendredi, Pêches et Océans rencontrera les membres du Comité consultatif sur le sébaste (CCS), afin de permettre aux intervenants et aux groupes autochtones de poser des questions concernant la réouverture de la pêche commerciale au sébaste dans l'unité 1.

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