•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Mot en n : une période de réflexion sur le choix des livres dans les écoles ontariennes

Une petite bibliothèque dans une classe d'une école élémentaire.

Plusieurs conseils scolaires ont des politiques régissant l'utilisation de livres contenant le mot en n. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Chris Young

Johanna Gibson-Lawler, la présidente sortante de l’Association des bibliothécaires scolaires de l’Ontario, a rarement été aussi occupée. Ces dernières années ont été « enrichissantes, difficiles et exaltantes », dit-elle, puisque son association s’est concentrée sur les questions d’équité.

Certains conseils scolaires n’ont toujours pas créé de politique de sélection et de retrait des livres qui pourraient inclure du langage discriminatoire. Cet été, l’association leur est venue en aide en rédigeant un guide pour les amener à créer ces politiques.

Le conseil scolaire de Johanna Gibson-Lawler, le Greater Essex County District School Board, à Windsor, a adopté la ligne dure en la matière en novembre 2022. Nous ne permettons pas les livres qui contiennent le mot en n écrits par un auteur qui n'est pas noir, dans nos bibliothèques, précise-t-elle.

Égoportrait de Johanna Gibson-Lawler.

La bibliothécaire scolaire Johanna Gibson-Lawler est la présidente sortante de l'Association des bibliothécaires scolaires de l'Ontario.

Photo : Gracieuseté de Johanna Gibson-Lawler

En classe, les enseignants peuvent utiliser un livre dans lequel se trouve le mot en n, pourvu qu’il soit écrit par une personne noire. Les enseignants, poursuit-elle, ne peuvent pas dire le mot à voix haute non plus.

Le Mois de l'histoire des Noirs en Ontario

Consulter le dossier complet

Graphique du Mois de l'histoire des Noirs.

Johanna Gibson-Lawler et Rabia Khokhar — une enseignante suppléante et consultante en équité de la région de Toronto — affirment que les bibliothécaires ont toujours fait ce genre de tri de livres. La question a cependant gagné en visibilité, disent-elles.

Rabia Khokhar, qui a déjà été bibliothécaire, affirme que son travail antiraciste est parfois plus scruté. Cette attention, estime-t-elle, est attribuable au contexte social, dans lequel des questions comme la censure et le bannissement de livres font partie des discussions.

Il y a beaucoup de travail dans les bibliothèques pour faire place à des voix qui ont été marginalisées ou réduites au silence historiquement donc je pense qu’il y a davantage de surveillance et de réactions négatives, dit Mme Khokhar.

L’importance du contexte

Le professeur de l’Université York Carl James, titulaire d’une chaire de recherche à cette même université, estime que le choix d’utiliser un livre contenant le mot en n dépend du contexte et de la composition de la classe.

En tant qu’enseignant, je voudrais toujours me demander si cette classe d’élèves est la meilleure place, pour moi, pour utiliser ce livre.

Une citation de Carl James, professeur à l’Université York
Portrait de Carl James devant un parc pour enfants.

Le professeur de l'Université York Carl James estime que les enseignants ontariens doivent se demander si le livre est approprié pour leurs élèves.

Photo : CBC

Les élèves sont-ils bien préparés pour comprendre le livre ou sont-ils capables de réagir au livre? se demande le professeur James.

Les enseignants, poursuit Carl James, doivent aussi se demander s’ils sont les meilleures personnes pour faire connaître le livre, puisqu’ils n’ont peut-être pas toute l’information nécessaire pour enseigner le contenu.

M. James pense qu’il serait utile d’avoir un cadre décisionnel provincial pour les conseils scolaires sur l’utilisation des livres contenant le mot en n, mais que les conseils scolaires ont tout de même un rôle à jouer, puisqu’ils ont chacun une population étudiante différente.

À Toronto, un conseil encourage le retrait

D’autres conseils scolaires ontariens ont adopté des mesures concernant la sélection des livres qui contiennent le mot en n.

C’est le cas du conseil scolaire catholique anglais de Toronto (TCDSB) qui, depuis mai, encourage le retrait des bibliothèques de livres contenant le mot en n qui ne sont pas écrits par un auteur noir.

Cela cause des torts aux élèves noirs, indique la porte-parole du conseil, Shazia Vlahos.

Nous suggérons aux éducateurs d’utiliser leur jugement professionnel et de considérer un livre plus approprié lorsqu’ils ont affaire à des livres contenant le mot en n écrits par des auteurs non noirs, dit la porte-parole.

Si un tel ouvrage est utilisé, le mot ne devrait pas être lu à voix haute ou écrit, mais plutôt remplacé par ''mot en n'', explique-t-elle.

L'enseigne des bureaux du conseil scolaire catholique anglais de Toronto.

Le conseil scolaire catholique anglais de Toronto encourage les écoles à retirer de leurs bibliothèques les livres contenant le mot en n qui ne sont pas écrits par des auteurs noirs.

Photo : Radio-Canada / Michael Wilson

L’école est responsable de s’assurer que les élèves et les familles sont avertis que le matériel étudié [en classe] contient le mot en n.

Une citation de Shazia Vlahos, porte-parole du conseil scolaire catholique anglais de Toronto

Rabia Khokhar affirme que le guide préparé par l’association des bibliothécaires est très important. Les bibliothécaires et experts qui l’ont préparé sont conscients du rôle que peuvent jouer les bibliothèques scolaires dans les communautés, poursuit-elle.

Infolettre d’ICI Ontario

Abonnez-vous à l’infolettre d’ICI Ontario.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Ontario.

Rabia Khokhar raconte que quand elle était bibliothécaire, il y a quatre ans, elle a travaillé avec la communauté scolaire pour créer une collection de livres plus diversifiée, notamment en éliminant certains livres.

À mesure que nous amassions de nouveaux livres, les élèves étaient vraiment excités et intéressés et contents d’avoir accès à différentes histoires, explique-t-elle.

Autres politiques :

  • Conseil scolaire Viamonde : une équipe travaille à la création d’outils qui pourront appuyer les membres du personnel dans la sélection de ressources pédagogiques à la lumière des principes d’équité et d’inclusion.

  • Conseil scolaire catholique de la région de Durham : les livres contenant le mot en n ne peuvent être utilisés que si l’enseignant a préparé le terrain auparavant, en expliquant le préjudice associé au mot.

  • Conseil scolaire de la région de Peel : il n'y a aucune politique précise qui interdit l’emploi de livres avec des mots péjoratifs, mais les enseignants ont la responsabilité de contextualiser l’ouvrage et de s’assurer que celui-ci est approprié pour les élèves, entre autres.

  • Conseil scolaire de la région de Halton : les éducateurs doivent se demander si un autre livre peut répondre aux exigences du programme scolaire avant de choisir un ouvrage contenant des mots potentiellement préjudiciables.

Avec les informations de Camille Gris Roy

La section Commentaires est fermée

Compte tenu de la nature délicate ou juridique de cet article, nous nous réservons le droit de fermer la section Commentaires. Nous vous invitons à consulter nos conditions d’utilisation. (Nouvelle fenêtre)

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.