Avenir incertain pour le Musée Le Chafaud
Le Musée n'est pas reconnu, ni subventionné par Québec.
Vue partielle de l'exposition « La Montagne Sainte-Victoire », de Fabienne Verdier, au Musée Le Chafaud.
Photo : Gabrielle Lauzon
L'avenir du Musée Le Chafaud, à Percé, fondé il y a 40 ans, est loin d'être assuré. Son directeur et fondateur Jean-Louis Lebreux a annoncé qu'il quittait ses fonctions après la dernière saison estivale et le statut précaire de l’institution muséale laisse frileux d'éventuels repreneurs.
Jean-Louis Lebreux a tenu à bout de bras le Musée Le Chafaud depuis sa création en 1983.
L'établissement avait une vocation unique et présentait essentiellement des expositions qu'on ne retrouvait pas ailleurs, notamment d'artistes-peintres de renommée internationale, dont une collection privée du peintre Jean-Paul Riopelle.
Mais le Musée n'est pas reconnu, ni subventionné par Québec, si bien que son budget de fonctionnement, qui au mieux atteignait 50 000 $, provenait essentiellement de la vente de billets et de dons, explique le directeur sortant.
Selon M. Lebreux, des repreneurs se sont manifestés au cours des derniers mois, mais cette instabilité financière les a vite dissuadés de ne pas poursuivre les discussions.
Jean-Louis Lebreux a reçu, le 24 septembre 2023, la médaille de l'Assemblée nationale du Québec pour souligner son legs pour le milieu artistique et culturel de Percé.
Photo : Radio-Canada / Luc Manuel Soares
Mais quand ils ont connu les conditions dans lesquelles le musée opère et opérait, bien ils ont dit "non, on ne va pas s'embarquer dans des galères pareilles".
La fermeture du Musée Le Chafaud marquerait par ailleurs la fin d'une époque à Percé, alors que son mandat était aussi de raconter sa riche histoire culturelle et d'offrir un lieu de création.
Notons le peintre américain Frederick James qui a fait construire une villa en 1888 pour y accueillir des artistes, ou la sculptrice québécoise Suzanne Guité qui a fondé, avec son mari, le Centre d’art de Percé dans les années 1950.
Par ailleurs, le fait que le mystère plane toujours sur les expositions qui seront présentées dans l'Espace bleu de Percé et qui doit ouvrir ses portes au public dès cet été dans l'ancienne Villa Frederick-James, ajoute à l'incertitude du milieu culturel.
Je dis toujours qu'avant d'être touristique, la vocation de Percé est artistique, ajoute Jean-Louis Lebreux. Les premiers artistes qui sont venus à Percé, bien ça remonte au 18e siècle et il n’y a rien, il n’y a rien qui le souligne.
La Villa Frederick-James à Percé deviendra le premier Espace bleu de la province alors que les premiers visiteurs sont normalement attendus à l'été 2024.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
La mairesse de Percé, Cathy Poirier, se désole de la situation. Elle croit maintenant que la survie du Musée Le Chafaud doit passer par une intégration au sein de la programmation de l'Espace bleu.
Est-ce que ça pourrait rentrer dans l'une de leur exposition, est-ce que le financement de l'Espace bleu pourrait couvrir juste le maintien des opérations du Chafaud, ça serait peut-être à quelques dizaines de milliers de dollars près de leur budget de fonctionnement
, amène la mairesse.
La mairesse de Percé, Cathy Poirier, ne sait toujours pas quelles seront les expositions qui seront présentées dans le futur Espace bleu.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Cathy Poirier espère obtenir une rencontre avec la direction du Musée de la civilisation au cours des prochaines semaines, puisque l’institution a reçu le mandat de Québec de développer le volet exposition
des Espaces bleus.
Le Musée a formé un comité collaboratif, composé d'organismes culturels de la région, pour l’appuyer dans cette démarche, mais en raison d'ententes de confidentialité, il est impossible pour Radio-Canada d'obtenir plus de détails.
Toutefois, selon nos informations, en principe, les expositions qui y seront présentées ne feront pas compétition à la programmation d'autres institutions comme le Musée de la Gaspésie.