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ArchivesSept décennies de conflit entre Taïwan et la République populaire de Chine

Des drapeaux de Taïwan flottent au vent.

Depuis 1949, la République populaire de Chine tente d'imposer une réunification à Taïwan de manière plus ou moins violente.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Pour beaucoup de pays dans le monde, 2024 sera une année électorale. C'est le cas à Taïwan qui, le 13 janvier 2024, élira un nouveau président et un nouveau parlement. Or, le résultat de ces élections pourrait exacerber les tensions déjà vives avec la République populaire de Chine. Certains de nos documents d'archives expliquent les origines de cet affrontement qui perdure depuis plus de sept décennies.

Un conflit existentiel

Les élections présidentielles et législatives du 13 janvier 2024 à Taïwan pourraient intensifier les tensions qui existent depuis déjà plus de sept décennies entre les deux Chines.

La République de Chine (Taïwan, qu’on désigne aussi parfois par son ancienne appellation de Formose) et la République populaire de Chine, se livrent un combat sans merci depuis 1949.

Cette année-là, les communistes de Mao Zedong se sont emparés de la totalité du territoire de la Chine continentale et ont installé leur gouvernement à Pékin.

Ceux que Mao Zedong a vaincus, les nationalistes du général Chiang Kai-shek, se sont réfugiés sur l’île de Taïwan.

Ils y ont créé la République de Chine, au très grand déplaisir de Pékin.

À peu près 150 kilomètres séparent Taïwan de la côte chinoise.

Depuis 1949, le régime de Pékin cherche à réunifier l’île de Taïwan à la Chine continentale par un ensemble de moyens non seulement diplomatiques mais aussi militaires.

Entrevue de l'ambassadeur de Taïwan avec le journaliste Lucien Côté

Le 31 août 1958, l’émission L’Actualité présente une entrevue du journaliste Lucien Côté avec l’ambassadeur de Taïwan au Canada, le docteur Liu Chieh.

En voici le contexte.

Quelques jours auparavant, le 23 août 1958, a éclaté ce qu’on désigne aujourd'hui du nom de deuxième crise du détroit de Taïwan.

L’artillerie de l’armée de la République populaire de Chine pilonne pendant plusieurs semaines les petites îles de Quemoy et de Matsu dans le détroit qui sépare les deux Chines et qui appartiennent à Taïwan.

Taïwan résiste avec l’aide des États-Unis.

À l’époque, le gouvernement américain avait sérieusement envisagé des frappes nucléaires contre la République populaire de Chine pour éviter une défaite à ses alliés taïwanais.

Durant l’entrevue, l’ambassadeur explique à Lucien Côté l’importance de l’avant-poste qu’est Quemoy pour Taïwan.

Le diplomate se dit aussi convaincu que cette attaque n’est qu’un prélude à une offensive d’envergure pour envahir son pays.

Il rappelle également aux téléspectateurs canadiens que le conflit entre les deux Chines est de nature existentielle.

Le docteur Liu Chieh soutient qu'il s'agit d'un combat entre, d’une part, la liberté et, d’autre part, l’esclavage, voire entre la démocratie et la tyrannie.

Une Chine démocratique

C’est une leçon de démocratie qu’on veut donner à la Chine continentale, elle qui a réprimé dans le sang la révolte des étudiants sur la place Tiananmen.

Une citation de Bernard Derome, animateur du Téléjournal

Un contraste frappant entre l’île de Taïwan et la République populaire de Chine, c’est que la première est une démocratie, alors que la deuxième est une dictature.

Reportage du journaliste Patrick Brown sur les élections de 1996 à Taïwan

Un reportage du journaliste Patrick Brown présenté au Téléjournal le 21 mars 1996 met ce contraste en relief.

Deux jours plus tard, le 23 mars, Taïwan va élire son président au suffrage universel.

Le reportage de Patrick Brown montre que la démocratie est bien vivante à Taïwan.

Les Taïwanais ont le droit de tourner leurs leaders en dérision. Leur Parlement permet des débats vigoureux.

En 1988, le président de l’île a même décidé d’adopter le suffrage universel comme système électoral.

L’établissement d’une démocratie pleine et entière, ajoute Patrick Brown, contredit l’idée selon laquelle un tel système ne convient pas à la société chinoise.

Cet exemple, unique dans l'histoire du pays le plus populeux du monde, fait peur à l’État totalitaire qu’est la République populaire de Chine.

Pékin rêve de le faire disparaître pour consolider son pouvoir.

Une proie à avaler

À Pékin, aujourd’hui, le président Xi Jinping a déclaré que la réunification entre la Chine et Taïwan était inévitable.

Une citation de Manon Globensky, le 2 janvier 2019
Vue d'un temple à Taïwan

Interview de l'animatrice Manon Globensky avec Philippe Le Corre sur la position de la République populaire de Chine envers Taïwan

Photo : Radio-Canada

En ce début d’année 2019, constate l’animatrice de l’émission radiophonique Midi Info, Manon Globensky, le président de la République populaire de Chine a prononcé un discours qui ne laisse aucun doute quant à la trajectoire qu’il veut imposer à Taïwan.

Afin d’analyser le discours présidentiel chinois, elle discute des relations entre Pékin et Taïwan avec Philippe Le Corre, professeur spécialiste de l’Asie à la Kennedy School de l’Université Harvard.

La volonté de réunir Taïwan à la Chine continentale n’est pas nouvelle, rappelle l’universitaire.

Cependant, ce qui est novateur dans le discours de Xi Jinping, c’est qu’il propose que l’île rebelle réintègre la Chine en s’inspirant du modèle un pays, deux systèmes.

Ce modèle a été utilisé lors des rétrocessions de Hong Kong et de Macao à Pékin en 1997 et en 1999.

Or, il s’est révélé désastreux pour ces territoires, constate Philippe Le Corre.

Les libertés économiques et politiques ainsi que le statut spécial se réduisent comme peau de chagrin à Hong Kong et à Macao.

Les Taïwanais n’ont certainement pas envie d’adopter ce système, confirme-t-il.

En 2019, lorsqu’on assiste à la manière dont la Chine évolue — augmentation de la répression, notamment contre les minorités, accroissement de la censure et de la corruption —, on peut se demander ceci : qui veut vivre comme ça?

Un autre aspect inquiétant du discours du 2 janvier 2019 de Xi Jinping, c'est qu’il a invoqué l’usage de la force pour ramener son voisin dans le giron de Pékin.

Depuis lors, le ton belliqueux de la République populaire de Chine a été de plus en plus perceptible.

La communauté internationale, déjà aux prises avec de multiples tensions internationales de plus en plus vives, craint que l'affrontement entre les deux Chines se transforme en une invasion de Taïwan.

Les positions du futur président de Taïwan, quant à la question d'une possible réunification avec Pékin, ainsi que la composition de son prochain parlement, seront importantes pour rapprocher ou éloigner cette menace.

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