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Les bloqueurs de puberté trop accessibles aux enfants trans? Une experte réfute

Annie Pullen Sansfacon.

Annie Pullen Sansfacon travaille à l’École de travail social de l’Université de Montréal depuis 2009, elle vient d’être nommée vice-rectrice associée aux relations avec les Premiers Peuples.

Photo : Université de Montréal / Amelie Philibert

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick s’est inquiété de l’accès qu'il juge trop simple aux bloqueurs de puberté pour les jeunes enfants trans. Cependant, Blaine Higgs ne s’appuie pas sur les bonnes données, selon une experte.

La dysphorie du genre existe bien, personne n’en doute. Par contre, au Canada, environ 60 % des enfants reçoivent des bloqueurs de puberté après seulement une consultation avec un médecin, a indiqué le premier ministre Blaine Higgs, lors d’une entrevue avec Radio-Canada pour faire le bilan de l’année.

Blaine Higgs discute avec une journaliste.

Blaine Higgs a défendu son bilan pour l'année 2023 lors d'une tournée d'entrevues accordées aux médias de la province.

Photo : Radio-Canada

Il a également partagé son inquiétude concernant les traitements hormonaux offerts aux jeunes.

Je crois que les gens ne comprennent pas ce à quoi on expose les jeunes enfants.

Une citation de Blaine Higgs, premier ministre du Nouveau-Brunswick

L’équipe du premier ministre n’a pas été en mesure de fournir la source sur laquelle il s’est appuyé pour partager cette information.

Au cours de l'année, le premier ministre a déjà fait couler beaucoup d'encre en annonçant des changements controversés à sa politique sur l'intégration des élèves transgenres et non-binaires dans les écoles de la province.

Une prescription qui n’est pas faite à la légère

Premièrement, il n’y a aucun enfant, avant la puberté, qui prend des traitements médicaux. C’est à l’adolescence, c’est durant la puberté, insiste Annie Pullen Sansfaçon, professeur à l’école de travail social de l’Université de Montréal, et spécialiste des questions trans.

Une capture d'écran de l'entrevue avec Annie Pullen Sansfaçon.

Annie Pullen Sansfaçon est experte des enjeux relatifs aux enfants et jeunes transgenres à l'Université de Montréal.

Photo : Capture d'écran / Zoom

En fait, l’utilisation de bloqueur de puberté, un médicament qui permet de suspendre la puberté, est peu répandue selon elle.

Elle cite une étude menée en 2019 à travers le pays auprès d’un échantillon de 1519 adolescents et jeunes adultes trans.

Il y a seulement 12 % de cet échantillon-là qui ont pris des bloqueurs d’hormones. 12 %, ce n’est pas beaucoup.

Une citation de Annie Pullen Sansfaçon, professeur à l'Université de Montréal

Concernant les traitements hormonaux, comme l’œstrogène ou la testostérone, elle indique que 44 % des jeunes se sont engagés dans cette voie.

Donc sur l’échantillon, on a moins de la moitié qui ont eu accès à des soins d’affirmation de genre.

Un manque de contexte, selon une experte

Annie Pullen Sansfaçon souligne également que les traitements hormonaux sont offerts au terme d’un cheminement entre le médecin et son patient.

Même si un jeune a une prescription après son premier rendez-vous avec l’endocrinologue, ça a pris a peu près cinq ans avant de se rendre à ce rendez-vous là. C’est vraiment important de préciser ça, explique celle qui est également l'ancienne titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles. Pour affirmer cela, elle se base sur une étude dont elle est co-auteure.

Selon la chercheuse, l'interprétation du premier ministre est très très incomplète.

Le drapeau de la fierté transgenre

La chercheuse spécialisée des questions transgenres croit que les propos du ministère peuvent avoir des conséquences néfastes pour les jeunes transgenres.

Photo : iStock / Nicky Ebbage

Elle croit que l'affirmation de Blaine Higgs peut avoir un impact réel sur les jeunes qui commencent à parler de leur genre à leurs parents qui vont avoir peur parce que "on veut pas aller trop vite, c’est dangereux, on entend toute sorte de choses" alors que ce n’est pas ça la réalité. Selon les propos du premier ministre peuvent induire la population en erreur.

Radio-Canada a consulté un pédiatre du Nouveau-Brunswick qui offre des soins à de jeunes patients trans. Il n’a pas voulu accorder d’entrevue, mais a corroboré que plusieurs étapes doivent être traversées avant d’en arriver à l’utilisation de traitements hormonaux.

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