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2023, l’année des grandes retrouvailles du cinéma québécois avec le public

Un homme et une femme dansent.

Normand Chouinard et Élise Guilbault dans «Le temps d'un été», de Louise Archambault

Photo : Immina films

Après avoir souffert pendant la pandémie de COVID-19, le cinéma québécois a repris des couleurs cette année. Pour la première fois depuis 2011, six films ont dépassé le cap du million de dollars de recettes. Cette cuvée 2023 s’est démarquée par sa qualité, mais aussi par la diversité des longs métrages proposés et par la percée du cinéma féminin.

2023 a été l’une des rares années où la rencontre entre le public et les films a été à ce point marquante, résume Helen Faradji, chroniqueuse et critique cinéma.

Il est encore trop tôt pour connaître le nombre de personnes que les films québécois ont attirées dans les salles obscures cette année. Cette donnée sera dévoilée d’ici deux mois.

Toutefois, on sait que Le temps d’un été (Louise Archambault), Les hommes de ma mère (Anik Jean), Katak, le brave béluga (Christine Dallaire-Dupont), Testament (Denys Arcand), Simple comme Sylvain (Monia Chokri) et Ru (Charles-Olivier Michaud) ont tous dépassé le million de dollars de recettes en 2023.

C’est excessivement important d’avoir autant de films populaires, explique Patrick Roy, à la tête du distributeur Immina Films. C’est extraordinaire, car ça donne un élan à notre cinématographie qu’on avait peut-être perdu à cause de la pandémie.

Bilans de l'année 2023 et perspectives pour 2024

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Un cadran illustre le passage de 2023 à 2024.

Des drag queens aux vampires

Ce succès s’explique notamment par la diversité des films projetés en salle. Du thriller psychologique Les chambres rouges à la comédie bienveillante Le temps d’un été, en passant par le film d’animation pour enfants Katak, le brave béluga et la comédie noire Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, on a eu de tout pour tout le monde, souligne Helen Faradji.

Les cinéphiles ont aussi pu s’immerger dans l’univers de la drag avec Solo et suivre, dans Le plongeur, l’entrée dans l’âge adulte du protagoniste, sur fond de musique métal.

Une drag queen danse sous le regard enthousiaste de la foule.

Les drag queens sont les vedettes du film «Solo», de Sophie Dupuis.

Photo : Lou Scamble

Plus les institutions [du milieu du cinéma] vont financer un large éventail de personnes, plus les films seront diversifiés et plus ils vont rejoindre un public varié, analyse Anik Salas, présidente de l’organisme Réalisatrices équitables, qui milite pour la parité depuis 2007.

Patrick Roy croit que le cinéma québécois a aussi su tirer son épingle du jeu face à un cinéma américain dominé par les productions Marvel. Je pense qu’il y a une fatigue quant aux films de superhéros américains, dit-il. Aux États-Unis, on ne fait plus de comédies et de films qui touchent les gens comme on en fait au Québec.

Aller en région

À la sortie de la pandémie de COVID-19, plusieurs distributeurs ont choisi d’accompagner le lancement de leurs nouveautés de rencontres entre les équipes des films et le public un peu partout au Québec, afin de donner envie aux adeptes des plateformes comme Netflix de revenir au cinéma.

Ainsi, Anik Jean a sillonné la province pour faire découvrir Les hommes de ma mère, et Charles-Olivier Michaud est allé jusqu’à Rimouski et à Amqui pour présenter son long métrage en compagnie de Kim Thúy, qui a écrit le roman Ru dont le film est tiré.

L'actrice regarde de côté, l'air sérieux, entourée de reflets lumineux.

C’est Léane Labrèche-Dor qui tient le rôle principal du premier long métrage d’Anik Jean, «Les hommes de ma mère».

Photo : Gracieuseté : Immina Films - Laurence GB

Cette stratégie s’est avérée payante, estime Dominique Dugas, qui dirige l’organisme Québec Cinéma. Ces rencontres avec les gens qui font le cinéma et qui incarnent les personnages sont fondamentales pour convaincre les gens de sortir de chez eux plutôt que d’attendre de voir le film sur une plateforme, car les films sont conçus pour être vus en salle.

Renforcer le lien de proximité avec les spectateurs et spectatrices vise également à ancrer davantage le cinéma québécois dans leur cœur. Je suis persuadé que rencontrer monsieur et madame Tout-le-monde et écouter ce qu’ils ont à dire va nourrir la création [cinématographique] des années à venir, dit Patrick Roy.

Les talents féminins rayonnent

L’année 2023 a également excellente pour le cinéma québécois féminin. Trois des six films ayant généré plus d’un million de dollars de recettes ont été réalisés par des femmes. Sans oublier Solo, de Sophie Dupuis, qui a reçu le prix du meilleur film canadien au dernier Festival international du film de Toronto, et Les jours heureux, de Chloé Robichaud, qui a été projeté lors de cet événement.

C’est intéressant de voir à quel point les histoires réalisées et scénarisées par des femmes ont trouvé un écho très favorable auprès du public. De mémoire, c’est la première fois.

Une citation de Dominique Dugas, directeur de Québec Cinéma

On est en train de créer un bon groupe de femmes extrêmement talentueuses autant en scénarisation qu’en réalisation, se réjouit Patrick Roy.

Cette présence accrue des femmes sur le devant de la scène, qui se constate également à l’international, comme en témoignent les succès de Barbie (Greta Gerwig) et d’Anatomie d’une chute (Justine Triet), est une victoire selon Anik Salas.

Cette année, on a la preuve que les femmes ont du talent et que le public est au rendez-vous, dit-elle.

Des efforts envers la parité payants

Cette évolution ne s’est pas faite par magie; elle est le résultat des mesures paritaires mises en place ces dernières années par les bailleurs de fonds publics que sont la SODEC et Téléfilm Canada.

Si on se posait la question du bien-fondé de ces mesures, on en voit aujourd’hui les résultats probants, dit Dominique Dugas.

Avant, les réalisatrices avaient autant de talent, mais on ne leur donnait pas les moyens de faire leurs films.

Une citation de Anik Salas, présidente de Réalisatrices équitables

Pour cette dernière, il s’agit désormais de poursuivre les efforts déployés ces dernières années. Ce serait une erreur de s’asseoir sur nos lauriers, affirme-t-elle. On ne va pas effacer des décennies de discrimination et voir s’évaporer les biais inconscients à l’égard des femmes en quelques années de mesures paritaires.

Continuer à surfer sur la vague

L’embellie se poursuivra-t-elle en 2024 pour le cinéma québécois? Le milieu espère bénéficier d’un effet d’entraînement. Quand les gens vont voir deux ou trois films d’affilée et qu’ils les aiment, ça leur donne le goût d’aller en voir d’autres, explique Patrick Roy.

Pour continuer à attirer le public dans les salles, le cinéma québécois pourra compter sur plusieurs films très attendus, comme 1995, de Ricardo Trogi, ou encore Mlle Bottine, la nouvelle version de Bach et Bottine.

Portrait du réalisateur avec un grand sourire, sur fond blanc.

Ricardo Trogi a réalisé «1995», le quatrième de sa série autobiographique mettant en vedette Jean-Carl Boucher.

Photo : Sphère Média/Immina Films / Maxyme G. Delisle

Réalisé par Anne Émond et adapté de la pièce de théâtre La meute, de Catherine-Anne Toupin, Lucy Grizzli Sophie, qui ouvrira les 42es Rendez-vous Québec Cinéma en février, pourrait également trouver un écho particulier auprès des cinéphiles étant donné qu’il traite d’un sujet très actuel : la cyberintimidation.

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