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Le gaspillage alimentaire, angle mort du réchauffement climatique

Des contenants de fruits sont empilés derrière un bâtiment.

Les aliments gaspillés dans le monde représenteraient plus de 8 % des émissions de GES.

Photo : Getty Images

Radio-Canada

Alors que 134 pays présents à Dubaï pour la COP28, dont le Canada, se sont engagés à inclure l’agriculture et l’alimentation dans leurs plans climat d’ici à 2025, le pays est à la traine en matière de gaspillage alimentaire, selon plusieurs spécialistes alors qu'il s'agit pourtant d'une importance source de gaz à effet de serre.

En tout, 1,17 milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année dans le monde, tandis que 735 millions de personnes ont souffert de malnutrition en 2022, a constaté le Programme alimentaire mondial.

Un tiers de tous les aliments produits pour la consommation humaine sont gaspillés et contribuent pour 8 à 10 % des émissions de gaz à effet de serre qui ont un impact sur le climat, mentionne Doug O'Brien, vice-président des programmes du Global FoodBanking Network, une organisation à but non lucratif qui recherche des solutions communautaires pour lutter contre la faim.

Le gaspillage alimentaire provient de nombreuses sources, notamment de l'agriculture, du secteur de la vente au détail et des ménages. En se dégradant, les aliments non consommés libèrent de grandes quantités de méthane, un gaz à effet de serre bien plus puissant en matière de réchauffement que le dioxyde de carbone. Heureusement qu'il se dégrade plus rapidement que le CO2 car il retient 70 fois plus de chaleur dans l'atmosphère par molécule que le dioxyde de carbone.

Une femme vide une boîte de mangues à la poubelle.

Une travailleuse agricole déverse des déchets alimentaires à Langley, en Colombie-Britannique. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Ben Nelms

COP28 : sommet sur le climat à Dubaï

Consulter le dossier complet

Dubaï au crépuscule.

Les émissions dues aux pertes et au gaspillage alimentaires à l'échelle mondiale sont si imposantes que si ces émissions étaient représentées par un pays, celui-ci se trouverait à la troisième place derrière la Chine et les États-Unis, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement.

Au Canada, c'est encore pire. Dans un rapport intitulé La crise évitable du gaspillage alimentaire, publié en 2019, l'organisation caritative de sauvetage alimentaire Second Harvest a découvert que 58 % de tous les aliments produits sont perdus ou gaspillés au Canada chaque année. Cela représente 35 millions de tonnes de nourriture dont le tiers pourrait être récupéré, selon cet organisme.

La nourriture est gaspillée tout au long de la chaîne d'approvisionnement, souligne Lori Nikkel, PDG de Second Harvest.

Par le passé, les gens pensaient que tout était une question de déchets ménagers. Oui, il y a des déchets ménagers, mais quand on regarde où le gaspillage se produit, c’est plus en amont dans la chaîne d’approvisionnement.

Une citation de Lori Nikkel, PDG de Second Harvest

En 2019, le gouvernement Trudeau a présenté sa politique alimentaire pour le Canada, qui vise notamment à réduire de moitié le gaspillage alimentaire dans les commerces et à domicile d'ici 2030, de même que dans le secteur agricole.

« Tout le système est en panne »

Pas de quoi rassurer le directrice de Second Harvest. Tout le système est en panne, déplore Mme Nikkel avant de souligner que le gouvernement n'effectue pas de mesure détaillée de l'ampleur de ce phénomène. C'est scandaleux, selon elle.

Kate Parizeau, professeure agrégée au département de géographie, d'environnement et de géomatique de l'Université de Guelph, est du même avis. Si vous n'avez pas de données ou trop peu, comment pouvez-vous agir? se questionne-t-elle.

Dans les pays en développement, un des problèmes réside dans le fait que les infrastructures nécessaires pour empêcher les pertes alimentaires n'existent pas toujours, mais au Canada, une des causes du gaspillage alimentaire est la surproduction, selon la PDG de Second Harvest.

Lori Nikkel montre ainsi du doigt le système de quotas laitiers qui vise à maintenir des revenus élevés pour les producteurs mais qui crée en contrepartie d'énormes surplus. Une grande partie des fruits et des légumes sont aussi perdus dans les champs, car ils ne correspondent pas aux critères esthétiques attendus par les grandes surfaces, note-t-elle.

C'est pour tenter de remédier à ce gaspillage que plus de 130 pays ont adopté à Dubaï la Déclaration des Émirats sur l'agriculture durable, les systèmes alimentaires résilients et l'action climatique.

Cette déclaration marque la première fois dans l’histoire des négociations de l’ONU sur le climat que les pays s’engagent clairement à prendre des mesures concernant le système alimentaire mondial.

Une citation de Lisa Moon, présidente et directrice générale du Global FoodBanking Network

Selon elle, il s’agit d’une évolution majeure qui devrait inciter à une plus grande attention et à une action plus décisive en faveur de la transformation du système alimentaire au cours des prochaines années. Cela passe par la réduction du gaspillage alimentaire non seulement à la source mais aussi le long de la chaîne d'approvisionnement.

Grâce à des politiques plus strictes et à d’autres incitatifs, les banques alimentaires peuvent augmenter considérablement la quantité de nourriture récupérée, contribuant ainsi à nourrir davantage de personnes ainsi qu'à réduire les déchets et les émissions de GES, conclut Mme Moon.

D'après un article de Nicole Mortillaro, CBC

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