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L’intelligence artificielle inquiète des associations d’artistes, dont l’UDA

Une personne prend en photo le tableau avec un cellulaire.

Inspirée du célèbre tableau « La jeune fille à la perle », de Vermeer, cette œuvre de Julian van Dieken a été réalisée avec l'aide d'une intelligence artificielle.

Photo : afp via getty images / SIMON WOHLFAHRT

Cinq associations d’artistes, dont l’Union des artistes (UDA), ont lancé un cri d'alarme mardi quant aux menaces que fait peser l’intelligence artificielle sur le droit d’auteur. Ces organisations, qui représentent 20 000 artistes du Québec, réclament un meilleur cadre législatif pour protéger les droits ainsi que le travail créatif des artistes.

Désormais, grâce à l’intelligence artificielle (IA) dite générative, des machines peuvent créer une chanson, un scénario ou un personnage en images de synthèse, sans faire appel à un chanteur, à un scénariste ou à une actrice. C'est le cas de cette chanson d'Anna Indiana, un pur produit d'une IA.

Toutefois, pour réussir à imaginer des mélodies, des voix ou encore des dialogues, les machines doivent se nourrir de films, de textes, d’images, de mélodies ou encore de séries et de voix créés par des êtres humains.

L’IA alimentée par les artistes

L'utilisation des œuvres existantes à cette fin doit donc être accompagnée d'un versement de droits d’auteur à ceux et celles qui les ont créées et interprétées, selon les associations d’artistes.

Le danger est que ça devienne un piratage de ces œuvres, résume Gabriel Pelletier, président de l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ).

Les artistes ont nourri la bête et elle va finir par les dévorer si on n’encadre pas le pouvoir d’utilisation de l’IA, ajoute Tania Kontoyanni, qui a succédé à Sophie Prégent à la tête de l’UDA en avril dernier.

Autre danger de l’IA pour les artistes : les hypertrucages, appelés deepfakes en anglais. Grâce à des manipulations visuelles facilitées par l’IA, un acteur ou une actrice peut, par exemple, voir son visage être placé sur un corps et se retrouver, à son insu, dans un film pornographique.

Il faut que l’IA soit vu comme un formidable outil d’aide à la création, qui ne doit pas remplacer les auteurs, mais leur servir à améliorer leur efficacité et leur créativité.

Une citation de Gabriel Pelletier, président de l’ARRQ

Pour une refonte de la Loi sur le droit d’auteur

La Guilde des musiciens et des musiciennes du Québec (GMMQ), la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC) et ARTISTI, qui gère collectivement des droits perçus par ses membres artistes, font également partie, avec l’UDA et l’ARRQ, des cinq associations à exiger davantage de protection pour leurs membres.

Concrètement, elles misent sur une modernisation de la Loi sur le droit d’auteur, qui fait actuellement l’objet de travaux de révision.

Elles demandent à François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, et à Pascale St-Onge, ministre du Patrimoine canadien, de n’accorder aucune exception permettant à l’IA de contourner le droit d’auteur.

Les cinq associations réclament que les artistes puissent consentir ou non à voir leur travail servir à entraîner des machines d’IA et contrôler l’usage qui est fait de leurs productions, mais aussi que des compensations justes et équitables soient versées en cas d’utilisation d’œuvres pour alimenter l’IA.

C’est extrêmement important que l’artiste, l’humain, ait son mot à dire, souligne Tania Kontoyanni.

Autre revendication : réserver, dans la Loi sur le droit d’auteur, l’appellation d’auteur ou d’autrice à des êtres humains.

À partir du moment où l’IA crée seule, on considère que cela ne devrait pas engendrer de droits d’auteur, affirme Tanya Kontoyanni. Le droit d’auteur revient aux êtres humains.

Des changements rapides

Le milieu artistique se mobilise au sujet de l’IA étant donné que cette technologie est déjà utilisée et qu’elle se développe à vitesse grand V.

Gabriel Pelletier a pu le constater dans le milieu de la réalisation. Lorsqu'elles tentent d'obtenir du financement pour des films ou des émissions de télévision, les compagnies de production doivent présenter, aux institutions de financement, des approches de réalisation afin de donner un aperçu de la manière dont sera réalisé le film ou l’émission.

Il y a des producteurs qui produisent des approches de réalisation avec l’IA, explique-t-il. Le danger est que les réalisateurs ne deviennent que des exécutants d’approches de réalisation créées par des machines.

Des logiciels, comme Midjourney, permettent déjà de créer des personnages de toutes pièces. On demande au logiciel un personnage inspiré de Mickey Mouse mélangé avec Caillou et, en quelques secondes, il crée un nouveau personnage d’animation, dit-il.

Avec les informations de Catherine Richer, chroniqueuse culturelle à l'émission Le 15-18

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