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Finances et changements climatiques : le Canada « à la traîne »

Une représentation gonflable du président de la Banque Royale Dave McKay et des manifestants qui tiennent une banderole.

Des protestataires avaient accordé au président de la Banque Royale, Dave McKay, le titre de «traître climatique de l'année» lors d'une manifestation à Toronto, en octobre 2022.

Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Nadeau

Des organismes non gouvernementaux estiment que le secteur financier canadien est trop lent à faire la transition vers les énergies renouvelables. Une sénatrice indépendante a déposé un projet de loi pour tenter de faire changer les choses.

L'organisme Environmental Defence était l’un des 100 signataires, cet automne, d'une lettre qui pressait le Sénat d’étudier le projet de loi S-243 visant à aligner la finance et les changements climatiques.

Les finances durables sont une pièce manquante dans le plan de réduction de nos émissions au Canada, soutient Julie Segal, membre de la direction d'Environmental Defence. Même si plusieurs institutions financières ont pris des engagements, nombre d’entre elles n’ont pas de vrai plan pour y parvenir, souligne-t-elle. Elle dit craindre une forme d’écoblanchiment.

Maintenant, le Canada est à la traîne par rapport à d’autres juridictions.

Une citation de Julie Segal, membre de la direction de l'organisme Environmental Defence

Pour l’organisation environnementale et plusieurs autres groupes, tout le secteur de la finance, soit les fonds de pension, les organisations publiques et, surtout, les cinq grandes banques du pays, poursuit ses investissements dans les énergies fossiles.

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Dubaï au crépuscule.

Des documents produits sur le sujet semblent donner raison aux groupes environnementaux. Chaque année, un rapport, intitulé Banking on Chaos (Investir dans le chaos), analyse les investissements des 60 plus grandes banques dans le monde. Une coalition de groupes de la société civile produit ce document depuis plus d’une décennie.

D’après la plus récente édition de ce rapport, les banques canadiennes comptent parmi les plus importants bailleurs de fonds du secteur pétrolier. Par exemple, la RBC y a investi plus de 56 milliards de dollars l’année dernière, une somme qui est en hausse. La Banque Scotia, elle, y a injecté près de 40 milliards.

Pour sa part, l’Association canadienne des banques affirme, au contraire, que les changements climatiques sont un problème critique et que les banques du pays sont engagées à faire leur part pour y faire face.

Un projet de loi au Sénat

Le Comité sénatorial permanent des banques, du commerce et de l'économie étudie présentement le projet de loi S-243, qui concerne une éventuelle loi sur l'édiction d'engagements climatiques.

C'est la sénatrice indépendante Rosa Galvez qui a déposé ce projet de loi.

L'industrie pétrolière reçoit chaque année des milliards en subventions. Le fédéral dit qu'il va arrêter. Ça devrait allumer des lumières chez les banques.

Une citation de Rosa Galvez, sénatrice indépendante

Je me rends compte qu'elles ont des modèles spécifiant qu'il faut maximiser le rendement, mais ces modèles sont vraiment déconnectés de la réalité, ajoute Mme Galvez.

Son projet de loi a peu de chances d'être adopté dans sa forme actuelle, mais ce n'était pas forcément le but de la sénatrice. Honnêtement, mon objectif initial, c'était qu'on commence à parler de ça, justement dans le comité des banques.

Elle affirme avoir été approchée par des députés qui seraient prêts à soutenir le dépôt d’un tel projet de loi à la Chambre des communes.

Des nuances

Olaf Weber, professeur à l’Université York, dirige la Chaire CIBC en finances durables. Il a publié de nombreux articles scientifiques sur la finance et les changements climatiques.

M. Weber reconnaît que le secteur bancaire canadien est lent dans ses efforts pour se retirer des énergies fossiles. Mais si le Canada n’a pas de position ferme sur les énergies fossiles et les sables bitumineux, est-ce que les banques doivent jouer ce rôle? demande-t-il.

De l'avis du professeur Weber, si le gouvernement fédéral mettait en place une ligne directrice claire, les banques s’y conformeraient.

Il estime aussi que les énergies renouvelables représentent un secteur d’investissement plus fragmenté. Du point de vue de la gestion du risque financier, les grosses pétrolières ont des structures connues, stables, note M. Weber. Dans le secteur de l'énergie renouvelable, il peut y avoir des centaines d'entreprises, et les structures sont complètement différentes.

C'est un changement qui peut prendre du temps. Est-ce que les banques font vraiment pression pour changer leurs investissements? Je ne sais pas, je me serais attendu à davantage de proactivité de leur part, affirme Olaf Weber.

Les groupes environnementaux, eux, espèrent une intervention du premier ministre Justin Trudeau ou de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, pour forcer les banques à changer d'approche.

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