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CBC/Radio-Canada supprimera 600 emplois et abolira 200 postes vacants

« C’est une période très difficile, il faut le dire », reconnaît la PDG Catherine Tait.

Catherine Tait en entrevue.

Catherine Tait s'est expliquée en entrevue à CBC et à Radio-Canada, lundi.

Photo : Radio-Canada / Christian Patry

Après TVA et Bell, c’est au tour de CBC/Radio-Canada d’annoncer d’importantes compressions dans son personnel et dans sa programmation.

La société d’État a annoncé par communiqué, lundi après-midi, qu’elle entendait supprimer 600 emplois syndiqués et non syndiqués au pays au cours des 12 prochains mois. Quelque 200 postes vacants seront également abolis.

Des efforts équivalents seront exigés des services anglais et français du diffuseur public, qui invoque des pressions budgétaires de près de 125 millions de dollars prévues pour l’exercice 2024-2025.

Ainsi, 500 emplois seront supprimés à parts égales par CBC et par Radio-Canada. Les autres réductions d'effectifs seront imposées aux services institutionnels bilingues de la société d’État.

La société d'État compte un peu moins de 8000 employés. C’est donc dire qu'environ 10 % du personnel sera touché par cette importante vague de compressions. C’est une période très difficile, il faut le dire, a reconnu la PDG de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, en entrevue avec Patrice Roy lundi.

Patrice Roy s'entretient avec Catherine Tait, PDG de CBC/Radio-Canada.

Il est difficile de savoir, pour l’instant, à quel point le service de l’information ou les stations régionales, par exemple, seront touchés par cette annonce. Les compressions seront faites graduellement au cours des prochains mois. Je comprends très bien qu’il y a une énorme incertitude avec cette approche, a indiqué Mme Tait.

En même temps, on pense que c’est mieux d’essayer de garder le maximum d’emplois. Si jamais l’économie et les revenus publicitaires s’améliorent, si jamais on a des retombées en raison de tous les projets de loi qui sont en cours en ce moment... On voulait quand même garder cette flexibilité pour sauvegarder le maximum d’emplois.

Les employés de CBC/Radio-Canada ont été convoqués à des rencontres en visioconférence, lundi après-midi, pour apprendre de la bouche de Mme Tait la mauvaise nouvelle qui circulait dans les médias depuis la fin de semaine.

Le diffuseur public avait déjà annoncé à ses employés un manque à gagner de 100 millions de dollars dans son budget 2024-2025. Ce montant a été revu à la hausse de 25 millions, lundi.

Commotion dans le personnel

Les employés sont atterrés et inquiets, a d'abord réagi le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada (STTRC), Pierre Tousignant, par voie de communiqué.

Son organisation, qui représente environ 3000 employés de la société d'État au Québec et au Nouveau-Brunswick, déplore notamment le manque de transparence de la société d'État.

Essentiellement, ce qu’on nous a servi aujourd’hui, c’est une opération comptable, a affirmé M. Tousignant en entrevue à l’émission Le 15-18, sur ICI Première. Huit cents postes seront supprimés ou abolis, mais on ne sait pas qui, on ne sait pas quand, et on ne sait pas où.

La conclusion de la journée, c’est énormément d’inquiétudes pour beaucoup de monde. La prochaine étape sera véritablement de préciser dans quel secteur et dans quels services seront effectuées les coupes. Et l’enjeu le plus fondamental, c’est [de savoir] quel impact ça aura sur la programmation, a-t-il ajouté.

De manière générale, le syndicat estime que la société d'État devra faire des choix si elle souhaite remplir sa mission principale, soit d’assurer l’accès à l’information dans l’ensemble des régions du pays.

Catherine Tait semble d'accord. En ce qui concerne l’information, on a gardé surtout les régions comme priorité, a-t-elle indiqué à Patrice Roy. Notre proximité auprès du public partout au pays est la force du diffuseur public.

La représentation des groupes sous-représentés et les plateformes numériques, essentielles pour joindre les jeunes, figurent également parmi les priorités du diffuseur public, a-t-elle rappelé.

Un sentiment de déjà vu

Ces nouvelles mises à pied surviennent après une série d’annonces similaires ayant récemment affligé les médias. Cette année, TVA, Bell, Telus et les Coops de l'information (CN2i), pour ne nommer que ceux-là, ont tour à tour procédé à d’importantes réductions de personnel. Métro Média a aussi déclaré faillite, cet automne.

Le contexte est difficile pour les joueurs traditionnels, qui doivent faire concurrence aux GAFAM et aux plateformes de diffusion en continu pour attirer les revenus publicitaires et l'auditoire.

CBC/Radio-Canada invoque d'ailleurs des facteurs structurels comme la diminution des revenus publicitaires à la télévision et la concurrence féroce des géants du numérique pour justifier ses compressions.

Pour amoindrir le choc, la Chambre des communes a adopté le projet de loi C-18 plus tôt cette année afin de forcer les GAFAM à dédommager les médias canadiens pour l'utilisation de leur matériel.

Si Meta résiste encore et toujours, Google a accepté la semaine dernière de lâcher 100 millions de dollars. Mais le gouvernement Legault et le Bloc québécois, notamment, s'opposent à ce que CBC/Radio-Canada touche ne serait-ce qu'une petite partie de cette somme. Le secteur privé, plaident-ils, est en bien plus mauvaise posture.

Une personne marche dans l'agora de la nouvelle Maison de Radio-Canada.

CBC/Radio-Canada a annoncé des centaines de mises à pied, lundi.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

De son côté, Catherine Tait est catégorique : CBC/Radio-Canada doit pouvoir toucher une partie des redevances de Google.

Pour nous, le fait que Google prenne l’information de Radio-Canada et de CBC gratuitement, ça n'a aucun sens. Il faut qu’il paie pour le journalisme au Canada, produit par le secteur public et par le secteur privé. Ça a toujours été notre position, a-t-elle insisté.

Pascale St-Onge en point de presse au parlement.

La ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, s'est dite lundi « pleinement engagée » envers CBC/Radio-Canada.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

En point de presse en début d'après-midi, la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a réitéré l'importance pour son gouvernement d'avoir un diffuseur public, ajoutant qu'il était temps qu'on rediscute de l'avenir de [celui-ci].

Les efforts de 3 % exigés des sociétés d'État dans le dernier budget Freeland sont pourtant responsables en partie des compressions confirmées lundi par CBC/Radio-Canada, qui invoque dans son communiqué une réduction prévue de ses crédits parlementaires au cours du prochain exercice financier.

Radio-Canada écope pour CBC, selon le ministre Lacombe

Le ministre québécois de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, a pour sa part évoqué une bien mauvaise nouvelle. Difficile de comprendre, par ailleurs, comment une antenne compétitive comme celle de Radio-Canada peut autant faire les frais du manque de performance de CBC, a-t-il écrit sur le réseau X.

À ce sujet, Mme Tait s'est défendue en entrevue lundi de couper un service plus qu’un autre.

En ce qui concerne la performance, bien sûr la télé de Radio-Canada est très performante. C’est un atout précieux de notre service public et on veut la protéger, a-t-elle affirmé.

Mais il ne faut pas oublier que la portée de CBC sur le plan numérique est importante. CBC.ca touche un minimum de 17-18 millions de Canadiens chaque mois. Et pour la radio de CBC, ils ont aussi une performance très élevée. Ils sont numéro 1 dans 16 de leurs 22 marchés.

L'annonce de lundi survient deux mois après le départ de Michel Bissonnette, qui agissait à titre de vice-président principal des services français de Radio-Canada depuis le 9 janvier 2017. Catherine Tait, pour sa part, a vu son mandat être renouvelé jusqu'en janvier 2025, 18 mois plus tôt que prévu, le printemps dernier.

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