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AnalyseUne baisse de taux dès le début de 2024?

La portion moderne et vitrée de l'édifice de la Banque du Canada, à Ottawa, en décembre 2022.

La Banque du Canada pourrait lancer, dans son communiqué de mercredi, un signal de baisse de taux. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

C'est mercredi que la Banque du Canada fera le point sur ses taux d’intérêt. Personne ne s’attend à une hausse du taux directeur au moment où l’économie est en stagnation et où l’inflation est presque revenue à la fourchette cible de la banque centrale. En réalité, la banque centrale pourrait commencer à envoyer un message… de baisse de taux.

Il y a un an, j’écrivais que les économistes s’attendaient à une baisse du taux directeur dans la deuxième moitié de 2023. Une croissance économique plus forte qu’attendu en début d’année et un ralentissement de l’inflation plus lent qu’espéré ont amené les experts à repousser cette projection de quelques mois. Mais, de toute évidence, au rythme où vont les choses, on ne s’éloignera pas beaucoup, finalement, de la prévision faite il y a 12 mois.

La Banque du Canada pourrait lancer, dans son communiqué de mercredi, un signal de baisse de taux, qui pourrait survenir dès le début de l’année 2024. La première annonce de l’année aura lieu le 24 janvier et la seconde, le 6 mars. Les marchés et plusieurs économistes s’attendent à une première baisse lors de la réunion du 10 avril.

Cette projection pourrait toutefois changer rapidement. Beaucoup d’économistes prévoyaient qu'une première baisse de taux ne surviendrait qu'à l’été ou à l’automne 2024, jusqu’à tout récemment. Évoquer maintenant une baisse en avril est relativement nouveau, et les dernières données sur l’économie canadienne pourraient amener les experts à réviser leurs scénarios.

Baisse de taux : une bouffée d’oxygène attendue

Une baisse de taux en mars, par exemple, surviendrait tout juste avant la présentation du budget fédéral par la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland. Celle-ci doit espérer secrètement que cette réduction puisse s’amorcer le plus rapidement possible, pour donner un peu d’oxygène et de confiance aux ménages qui s’inquiètent grandement de leurs finances.

La publication des statistiques sur le PIB, jeudi, appuie le scénario d'une baisse prochaine des taux d’intérêt. La Banque du Canada prévoyait une hausse du PIB de 0,8 % en variation annualisée pour les mois de juillet, août et septembre. Finalement, Statistique Canada a rapporté une baisse de 1,1 % tandis que la confiance des entreprises chute et que leurs investissements sont en baisse.

Le recul du PIB aurait pu être plus prononcé encore, n’eût été les investissements publics. Il semble toutefois, selon les premières estimations, que le 4e trimestre de l’année pourrait afficher une faible croissance du PIB. C’est dans la première moitié de 2024 que l’économie canadienne pourrait finalement se retrouver en récession.

Les profits des entreprises sont en baisse de 22,4 %, alors que la rémunération globale des travailleurs est en hausse de 6,8 %. Il est clair, selon les économistes de la Banque Nationale, que les entreprises ne seront pas en mode embauche au cours des prochains mois. Plusieurs pourraient même supprimer des emplois, ce qui est déjà le cas, par ailleurs, dans le secteur financier.

Les consommateurs inquiets

La consommation stagne depuis deux trimestres, ce qui pourrait affaiblir davantage l’économie. Selon Desjardins, la consommation réelle par habitant a reculé de 1 % depuis un an.

Les Canadiens épargnent davantage, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais c’est un signe d’inquiétude et d’incertitude. Le taux d’épargne est passé de 4,7 % au 2e trimestre à 5,1 % au 3e trimestre de 2023. Autrement dit, les ménages ont épargné 5,1 % de leur revenu disponible au cours du trimestre. La moyenne était de 2,4 % entre 2015 et 2019.

D’ailleurs, l’indice de confiance des consommateurs du Conference Board du Canada est plus bas actuellement qu’au début de la pandémie et que durant la crise financière de 2008-2009. Surtout, sachant qu’une hausse de taux peut mettre jusqu’à huit trimestres avant de faire pleinement effet, les majorations annoncées depuis mars 2022 n’ont donc pas encore eu leur plein effet sur la consommation au Canada.

Il est donc tout à fait envisageable que la Banque du Canada change sa communication mercredi pour dire aux Canadiens que la hausse des taux est terminée et que l’évolution de l’économie pourrait la mener à assouplir sa politique, après un dur et rapide resserrement monétaire depuis le printemps 2022.

La pression financière sur les ménages canadiens est de plus en plus forte et la banque centrale ne peut pas l’ignorer. Selon Desjardins, si la trajectoire des taux d’intérêt évoquée par les marchés se confirme, les emprunteurs dans les pires situations pourraient voir leurs paiements hypothécaires mensuels bondir de plus de 70 %.

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