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Sondage sur le tramway : la firme Léger et la Ville conscientes des enjeux de transparence

Le maire Marchand sourit devant un moniteur sur lequel apparaît le logo de la firme de sondages Léger.

Le maire de Québec, Bruno Marchand, lors du dévoilement des résultats du nouveau sondage Léger sur l'appui au tramway.

Photo : Radio-Canada

Les échanges entre le cabinet du maire et la firme de sondages Léger révèlent qu’ils étaient bien au fait des problématiques de transparence et de cohérence qui se manifesteraient en présentant les résultats de façon différente pour le sondage d’octobre 2023.

Il y a un risque de confusion, mais dans les deux cas, je sens que les journalistes sont très confus par rapport à ce qui est comparable ou non dans le temps, soulignait Cyntia Darisse, vice-présidente chez Léger, dans un courriel la veille de la présentation.

Lors de la présentation du sondage, la décision avait été prise de ne pas inclure les répondants n’ayant pas suffisamment de connaissances sur le projet, ce qui avait comme conséquence de faire gonfler les opinions favorables au tramway de 36 % à 40 %.

On a parlé vendredi d’utiliser 40 % comme donnée (opinion favorable après avoir retiré ceux n’ayant pas répondu). Toutefois, en novembre 2022, nous avions communiqué 42 % (opinion favorable avant de retirer ceux n'ayant pas répondu). En effet, c’est la donnée que mettait en avant Léger. Nous avons donc un enjeu de cohérence… Nous devons statuer sur la donnée à mettre en avant-plan.

Une citation de Nathalie Cloutier, directrice des communications pour le tramway de Québec

Les échanges de courriels ont été présentés sur la plateforme des demandes d’accès à l’information de la Ville de Québec, jeudi matin. Nous allons y aller avec le 40 % sans les NSP [Ne sais pas], a confirmé Thomas Gaudreau, l’attaché de presse du maire.

On peut être très vite sur la défensive avec ce jeu d’interprétation et donner l’impression qu’on "joue" avec les données pour ne pas assumer la baisse de 6 %... La notion de transparence sera soulevée.

Une citation de Nathalie Cloutier, directrice des communications pour le tramway de Québec

Tramway de Québec

Consulter le dossier complet

Le futur tramway de Québec.

Mme Cloutier mentionne qu’il est facile de retourner dans les sondages précédents pour constater les différences de présentation des chiffres.

Prêts à se faire questionner

L’équipe de communication s’attendait effectivement à ce que Cyntia Darisse soit questionnée sur le choix. Oui, effectivement, n’hésite pas à recadrer les médias demain s’ils poussent un peu trop loin dans l’interprétation des chiffres… je pourrai bien sûr t’aider si nécessaire, soutenait Miriam Bard-Dumont, une conseillère en communication du bureau de projet.

La vice-présidente de Léger soulevait d'ailleurs des préoccupations dans la façon de communiquer les données. On peut difficilement utiliser ma première citation dans le communiqué, car ils [les journalistes] vont chercher d’où viennent mes chiffres, remarquait-elle.

Cette première citation qui devait être incluse dans le communiqué de presse disait : Depuis janvier 2022, les différents sondages comparables montrent des taux d’appui variant entre 36 % et 44 %.

Comme les données mises de l’avant n’étaient pas comparables avec celles des autres sondages, la Ville a décidé d’omettre certaines données qui auraient pu permettre de comparer les sondages entre eux. On retire la slide 6 et la citation correspondante de Cyntia dans le communiqué. Si la question est posée en conférence demain, Cyntia sera en mesure d’y répondre, a affirmé Martin Leclerc, le directeur du service de communication de la Ville.

Ils s’étaient tout de même préparés à se faire interroger. Est-ce possible d’avoir les comparables avec d’autres sondages pour la familiarité? (Pour les notes du maire seulement), demandait Nathalie Cloutier.

La modification de la question

Dans leurs échanges, la Ville et la vice-présidente de Léger semblent s'encourager dans leur décision de changer la question de départ. Plutôt que d’avoir ne sait pas dans les choix de réponse, c’était je ne connais pas assez le projet pour en avoir une opinion.

[...] La raison pour ne pas se prononcer a été plus explicite cette année : "Ne pas connaître suffisamment le projet pour avoir une opinion", indiquait Nathalie Cloutier.

Ça s’explique aussi par le fait que ce n’est pas la même question qui est posée, je crois. Je maintiendrais le 40 %, a ajouté par la suite Thomas Gaudreau.

Malgré ce changement, Léger assurait que les réponses pouvaient être comparées avec celles des sondages précédents lorsque toutes les données étaient incluses.

Les Tramway "Papers" ont nui au projet

Le maire et son cabinet n'ont pas fait de commentaires, jeudi, en réaction à la divulgation de ces échanges. Dans les jours suivants la publication des résultats du sondage, Bruno Marchand avait tout de même fait un mea culpa.

Si je le refaisais, est-ce que je le ferais différemment? La réponse, c'est oui, plaidait-il à la fin du mois d'octobre, assurant tout de même qu'il n'y avait pas d'intention de cacher de l'information.

L'opposition officielle fustige la décision qui a découlé de la discussion entre Léger et l'administration municipale. Ça s'est fait en toute connaissance de cause, après s'être fait expliquer l'impact de ce choix-là. C'est un choix délibéré, se désole Alicia Despins, la conseillère de Québec d'abord de Vanier-Duberger.

Le parti surnomme désormais les échanges obtenus par la Loi sur l'accès à l'information comme étant les Tramway Papers. Quand vient le temps de parler de données comme celle du sondage, on est à triturer quelle courbe on utilise. Ce n'est pas sérieux, s'indigne Claude Villeneuve, le chef de Québec d'abord.

Il croit que c'est ce genre de décision qui a nui au projet de tramway. Si on ne sait plus où on s'en va avec le projet de transport structurant à Québec, c'est en grande partie parce que le maire et son entourage nous avaient induits en erreur à plusieurs moments. C'est ça qui est le plus nocif pour l'acceptabilité sociale, soutient-il.

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