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Retour à Normétal, du « cinéma pour les oreilles » sur le déracinement

Photo en noir et blanc d'une rue bordée de maisons.

La petite ville de Normétal connaît un déclin démographique depuis un demi-siècle.

Photo : Gracieuseté de Nicolas Lachapelle

Suivre sa famille en pèlerinage à Normétal dans une salle de cinéma plongée dans le noir, c’est ce que propose le réalisateur québécois Nicolas Lachapelle avec Retour à Normétal. Ce nouveau documentaire sonore fait découvrir une Abitibi disparue que les Lachapelle font revivre, le temps d'un voyage, afin de se réapproprier leurs racines.

Le père de Nicolas Lachapelle, comme ses oncles et de ses tantes, a vu le jour à Normétal, à l’époque où ce village du nord-ouest de l’Abitibi-Témiscamingue vivait son heure de gloire, à l'instar de la compagnie minière qui l’avait fait naître.

Le temps passé là-bas fut le plus beau moment de [sa] vie, dit une tante de Nicolas Lachapelle, dans Retour à Normétal.

Quand la mine a fermé au milieu des années 1970, la famille Lachapelle, comme tant d’autres, a pourtant dû quitter Normétal pour aller gagner sa vie ailleurs.

Ça crée des drames humains assez profonds, explique Nicolas Lachapelle.

Ce documentaire est un pèlerinage pour essayer de démêler les blessures, les souvenirs plus douloureux, que ce déracinement a occasionnés chez les membres de ma famille.

L’intimité du son

Nicolas Lachapelle a choisi de décliner ce récit sous la forme d’un documentaire sonore, du cinéma pour les oreilles, comme il l’appelle.

Contrairement à un balado, un documentaire sonore suit les personnages sur le terrain avec des micros, et non avec des caméras comme dans un documentaire traditionnel.

Il y a quelque chose de très intime dans le son, cela nous permet d’aller plus en profondeur, au niveau émotionnel, avec nos personnages.

Des archives sonores ou encore des bruits des rues de Normétal s’ajoutent aux voix des membres de la famille Lachapelle.

Une preneuse de son capte les propos de trois personnes devant la boulangerie Lacroix, à Normétal.

Le pèlerinage de la famille à Normétal a été enregistré par des micros.

Photo : Gracieuseté

Autre avantage du documentaire sonore aux yeux du réalisateur : sa flexibilité. Cela permet de tourner avec de plus petites équipes de tournage.

Encore marginale, la diffusion des documentaires sonores dans des cinémas gagne en popularité au Québec. Plusieurs sessions d’écoute ont été proposées dans le cadre des dernières Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) qui se sont déroulées du 15 au 26 novembre.

La toile de cinéma est plus grande quand on se retrouve plongé dans le noir, raconte Nicolas Lachapelle. Les gens se mettent à imaginer, à se faire leur propre film.

Une photo professionnelle de Nicolas Lachapelle, souriant devant une fenêtre.

Le réalisateur Nicolas Lachapelle, dont la famille paternelle vient de Normétal.

Photo : gracieuseté/Max Vannienschoot

Revoir la gestion du territoire québécois

Avec Retour à Normétal, Nicolas Lachapelle s’immerge dans une histoire qui dépasse celle de sa famille. Des villages comme Normétal, aujourd’hui abandonné par les autorités selon le réalisateur, il en existe ailleurs au Québec, notamment en Gaspésie et sur la Côte-Nord, où il a vécu pendant six ans. On n’imagine pas la quantité de villages qui sont nés grâce à l’industrie et morts à cause de l’industrie.

S’il est question de redémarrer la mine de Normétal, d’autres projets miniers ou forestiers sont à l’étude dans le reste du Québec. Or, leur durée de vie est souvent relativement courte. Une fois la nature exploitée, les entreprises plient bagage, laissant à leur personnel et leurs familles le soin de trouver un autre moyen de subsistance dans des régions souvent isolées, ou les forçant à partir pour se recréer une vie ailleurs.

Il y a toute une discussion à avoir, d’un point de vue sociétal, sur le genre de rapport que l’on veut entretenir avec le territoire et sur ce qu’on fait de ces gens qui se déplacent.

Retour à Normétal sera diffusé le 6 décembre, au cinéma Beaumont, à Québec, puis le 10 décembre, au cinéma Public, à Montréal. Des séances d’écoute pourraient également être organisées en Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord. Le documentaire sonore sera mis en ligne sur des plateformes audio au cours des prochaines semaines.

Avec les informations de Catherine Richer, chroniqueuse culturelle à l'émission Le 15-18

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