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AnalyseMagali Picard, Eric Girard et le coût de la vie

Magali Picard, dehors, parle dans un micro.

La présidente de la FTQ, Magali Picard, a finalement annulé son voyage prévu à Dubaï pour la COP28. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Face à la hausse du coût de la vie, les acteurs publics n’ont pas droit à l’erreur. La majorité des ménages au Québec doivent vivre en ce moment avec un portefeuille serré, une hausse de leurs paiements hypothécaires, des coûts de loyer et des prix pour les aliments qui ont fortement augmenté. Et le temps des Fêtes s’annonce stressant sur le plan financier.

La moindre des choses pour des personnalités publiques comme la présidente de la FTQ, Magali Picard, et le ministre des Finances, Eric Girard, c’est de se rappeler combien la période actuelle est difficile pour des millions de familles.

Des gens, partout au Québec, sont exaspérés par l’inflation depuis un an et demi, par le panier d’épicerie qui coûte plus cher, par les logements qui deviennent inaccessibles, par les services publics et privés qui sont malmenés par le manque de main-d’oeuvre.

De nombreuses familles doivent négocier, toutes les semaines, le renouvellement de leur terme hypothécaire à un taux d’intérêt plus élevé. La plupart doivent payer 30 %, 35 %, 40 % de plus à chaque paiement, toutes les deux semaines, ou par mois. C’est énorme! Et c’est stressant.

Le nombre de dossiers d’insolvabilité déposés en octobre 2023 était en hausse de 27 % par rapport au même mois en 2022 au Canada, en hausse de près de 26 % pour les consommateurs et de 63 % pour les entreprises. Plusieurs propriétaires de petites entreprises sont en difficulté financière et n’arrivent pas à rembourser les prêts d’urgence consentis pendant la pandémie dans les temps requis.

La hausse des prix et la poussée des taux d’intérêt frappent beaucoup de gens de plein fouet, des gens qui vivent de l’incertitude et qui sont inquiets de l’effet à moyen terme de ces pressions sur leurs finances. Ils attendent des décideurs publics un engagement réel, sincère, convaincu, sans faille, à améliorer leur sort.

Sortir de sa bulle

C’est pour ça, me semble-t-il, que les syndicats ont un fort appui de la population dans leurs négociations avec le gouvernement. Les Québécois savent combien la pandémie a été exigeante pour les gens qui travaillent dans nos écoles, dans nos hôpitaux, dans les CHSLD. Si on décode bien l’appui populaire, les travailleurs du secteur public méritent qu’on augmente leur salaire au-delà de l’inflation et qu’on améliore sensiblement leurs conditions de travail.

Le public est sensible à cela parce que les gens se reconnaissent dans les revendications des employés du secteur public.

Eric Girard est debout à l'Assemblée nationale.

Eric Girard, ministre des Finances du Québec, a dû défendre le projet d'accueillir les Kings de Los Angeles à Québec pour deux matchs de présaison.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Alors… annoncer de 5 à 7 millions de dollars en subventions pour payer des dépenses liées à la venue des Kings de Los Angeles à Québec pour des matchs de hockey hors concours alors qu’on refuse d’accorder des hausses de salaire substantielles aux infirmières et aux professeurs, ou après avoir donné 10 millions au lieu de 18 millions de dollars aux banques alimentaires, c’est certainement un manque de sensibilité qui ne passe pas. C’est ce qu’a fait, il y a deux semaines, le ministre Eric Girard.

Et… partir à Dubaï, pour la COP28, en plein milieu d’un mouvement de grève de 420 000 employés du secteur public alors que les négociations piétinent, que les grévistes gèlent sur le trottoir, que la tension monte entre le gouvernement et les syndicats et qu’un conciliateur a été nommé pour tenter de rapprocher les parties, c’est aussi un manque de sensibilité envers les travailleurs et envers la population, qui soutient massivement les grévistes. C’est pourtant ce que vient de faire Magali Picard, la présidente de la FTQ.

Il faut sortir de sa bulle et écouter ce que les gens disent.

L’économie d’abord

Tous les gouvernements ont du mal à trouver des solutions face au coût de la vie, ce qui fait baisser leur popularité. It’s the economy, stupid! [C'est l'économie, idiot!], disait James Carville, conseiller de Bill Clinton au début des années 1990. Cette vérité semble l’être encore davantage aujourd’hui : les citoyens attendent des acteurs publics des solutions, de la conviction, de la cohérence et un acharnement à améliorer leur qualité de vie.

À un mois de Noël, nous savons déjà que les ménages doivent réduire leurs dépenses pour le temps des Fêtes comparativement aux années passées. Selon une enquête de Deloitte, les dépenses prévues sont de 11 % moins élevées cette année, avec une baisse attendue de 18 % pour les cadeaux. La moitié des Canadiens ne prévoient acheter que l’essentiel pour les Fêtes, le quart prévoient réduire les dépenses d’épicerie.

Dilapider des millions de dollars dans un événement comme celui des Kings à Québec tout en tenant un discours de prudence budgétaire, comme l’a fait Eric Girard, désolé, mais c’est insultant pour les citoyens qui doivent se serrer la ceinture. Et quand Magali Picard décide d’aller à Dubaï dans un contexte de tensions sociales et de grèves, même si la cause des changements climatiques est on ne peut plus importante, la perception est plus forte que tout.

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