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La Nouvelle-Zélande abandonne sa loi antitabac pour financer des baisses d’impôts

Une main tient un mégot de cigarette allumée.

La Nouvelle-Zélande avait adopté une loi qui allait interdire l’achat de produits du tabac à toute personne née après 2008.

Photo : shutterstock / sruilk / sruilk

À peine arrivé au pouvoir, le nouveau gouvernement de droite néo-zélandais abandonne plusieurs lois progressistes, dont la loi antitabac, qui était devenue un modèle dans le monde. La loi qui devait entrer en vigueur l’été prochain allait interdire la vente de tabac à toute personne née après 2008.

La loi adoptée l’an dernier sous le gouvernement de l’ancienne première ministre, Jacinda Ardern, devait conduire graduellement à une Nouvelle-Zélande sans fumée. Non seulement la vente de tabac allait être interdite à toute personne née après 2008, près de 90 % des points de vente allaient être éliminés et le taux de nicotine dans les cigarettes devait être réduit.

La loi avait été saluée et qualifiée de progressiste par une vaste majorité d’experts en santé publique. La modélisation faisait état de 5000 vies préservées par année grâce à ces mesures.

Une loi similaire à celle de la Nouvelle-Zélande a d'ailleurs été adoptée récemment au Royaume-Uni.

Mais la loi antitabac et des mesures progressistes protégeant les Maoris, les Autochtones de Nouvelle-Zélande, sont sacrifiées au nom de l’économie et des baisses d’impôts.

La Nouvelle-Zélande a fait un virage conservateur lors des élections du 14 octobre. Christopher Luxon, du Parti national, est devenu le nouveau premier ministre à la tête d'une coalition inédite de trois partis.

La tâche numéro un est de restaurer l'économie, a affirmé Christopher Luxon dans son discours d’investiture. Nous devons réduire le coût de la vie et maîtriser l'inflation afin de pouvoir baisser les taux d'intérêt et rendre l'alimentation plus abordable.

Un homme devant un lutrin lève le pouce en signe de victoire.

Christopher Luxon est chef du Parti national de Nouvelle-Zélande.

Photo : Getty Images / Fiona Goodall

Le nouveau premier ministre néo-zélandais a justifié l’abandon de la loi antitabac par les craintes qu’elle favorise le marché noir de cigarettes sur l’île.

Nous sommes consternés et dégoûtés, a affirmé à la BBC le chercheur en lutte contre le tabagisme et professeur de santé publique à l’Université d’Otago, Richard Edwards.

Il s'agit d'un pas incroyablement rétrograde par rapport aux mesures de santé de premier plan. La plupart des groupes de santé en Nouvelle-Zélande sont consternés par ce que le nouveau gouvernement a fait et l'appellent à faire marche arrière.

Une citation de Richard Edwards, chercheur en lutte contre le tabagisme et professeur de santé publique à l’Université d’Otago

Recul pour les Maoris

Lors de la campagne électorale, Christopher Luxon avait par ailleurs dénoncé le favoritisme envers la cause des Maoris, selon lui. Dans une de ses premières décisions, l’Autorité sanitaire maorie a été fermée et des institutions gouvernementales qui avaient adopté un nom autochtone ainsi que l’utilisation de la langue maorie ces dernières années ont plutôt été renommées en anglais.

La langue maorie est pourtant une des langues officielles de la Nouvelle-Zélande.

Encore plus inquiétant pour les Autochtones néo-zélandais, la coalition conservatrice au pouvoir promet de revoir les dispositions du traité de Waitangi intervenu en 1840. Ce document signé lors de l’annexion de l’île à l’Angleterre assure la protection des terres et de la culture autochtones.

Le gouvernement de Christopher Luxon souhaite adopter des modifications afin de rétablir l’équilibre entre tous les Néo-Zélandais.

Le ministre responsable des modifications au traité est Paul Goldsmith, qui a déjà déclaré en 2021 que la colonisation avait été bénéfique pour les Maoris, ce qui avait soulevé un tollé.

Lors de la campagne électorale, David Seymour, du parti de droite ACT et membre de la coalition au pouvoir, avait dit lui aussi vouloir réduire les mesures protégeant les Autochtones.

Nous avons le droit de débattre pour savoir si notre avenir repose sur un co-gouvernement [avec les Maoris] et des droits différents basés sur les ancêtres, ou si nous voulons être une démocratie libérale, moderne et multiethnique où chaque Néo-Zélandais a les mêmes droits.

Une citation de David Seymour du parti de droite ACT et membre de la coalition au pouvoir

La Commission des droits de la personne de Nouvelle-Zélande a récemment publié un rapport dans lequel elle recommande que si des amendements devaient être apportés au traité de Waitangi, ils doivent l’être conjointement par les Maoris et les non-Maoris.

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