Soigner son diabète en jonglant avec les stocks irréguliers d’Ozempic
Beaucoup de diabétiques ont des problèmes à se procurer leur médicament Ozempic depuis quelques semaines.
Évelyne Bouillé souffre de diabète de type 2. Elle a déjà dû commencer à changer son plan de traitement en raison de rupture de stock d'Ozempic.
Photo : Radio-Canada / Jérémie Camirand
Evelyne Bouillé a dû changer son plan de traitement du diabète de type 2 dans les derniers jours parce que sa pharmacie, comme tant d'autres, ne reçoit pas assez d'Ozempic pour répondre à la demande. Le traitement est devenu très demandé pour perdre du poids.
Comme les trois ordres professionnels qui demandent aux professionnels de la santé de limiter la distribution du médicament, Evelyne Bouillé espère que les problèmes d'approvisionnement d'Ozempic se résorbent rapidement.
Il faut qu'ils laissent absolument le médicament pour les personnes diabétiques de type 2, c'est pour ces gens-là que le médicament est fait
, dit-elle, en faisant référence à l'utilisation d'Ozempic pour perdre du poids.
Une boîte d'Ozempic, médicament développé par l'entreprise pharmaceutique danoise Novo Nordisk.
Photo : Reuters / George Frey
Le docteur Claude Garceau, de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), croit qu'il est temps que le gouvernement intervienne aussi, parce qu'Ozempic avait 99 % du marché en diabète
.
Pour les diabétiques, il existe quelques solutions de rechange, mais elles ne sont pas accessibles pour tous les patients, se désole le docteur Garceau.
Le Trulicity nécessite pour l'instant aux pharmaciens de faire une demande au gouvernement. Il y a beaucoup de paperasse. Nous et d'autres, on a approché la RAMQ en début de semaine pour qu'ils facilitent la transition, qu'ils l'autorisent. Si tu as une prescription pour l'Ozempic, il faudrait que le pharmacien puisse le substituer automatiquement sans poser de question, sans paperasse.
Le docteur Claude Garceau est médecin interniste à l'IUCPQ, à Québec.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Beaumont-Drouin
L'autre produit qu'il cite est le Rybelsus. Il y a des petites difficultés, il faut le prendre à jeun, pas de liquide donc pour certains patients, ça peut être compliqué, mais ça peut faire le travail. C'est pas parfait, mais ça fait le travail.
Son plus grand défaut est qu'il n'est pas accepté par la RAMQ, il faut donc avoir des assurances privées pour se faire rembourser son achat. Et le Mounjaro est une fausse solution pour l'instant
, puisque ni le privé ni le gouvernement ne le remboursent.
Moi, tout ce que j'espère, c'est que ça revienne, que le médicament revienne!
Evelyne Bouillé s'estime chanceuse de ne pas subir de gros effets secondaires avec la prise d'Ozempic. Si les modifications dans son traitement ne semblent pas trop l'inquiéter, elle sait qu'en prenant d'autres médicaments, ça risque de faire augmenter [s]on insuline
. L'équipe médicale qui l'accompagne doit donc trouver le bon dosage pour continuer de soigner Mme Bouillé sans que son quotidien ne soit trop bouleversé par les conséquences de la maladie ou les effets indésirables possibles des autres produits.
Évelyne Bouillé souhaiterait que l'Ozempic soit réservé aux patients diabétiques et que l'utilisation du médicament pour perdre du poids cesse.
Photo : Radio-Canada / Olivier Bouchard
Sans être amer, le docteur Garceau brosse quand même un portrait lucide de la situation. C'est un succès mal contrôlé. Ils (la compagnie danoise Novo Nordisk NDRL) sont victimes d'une explosion de bonnes nouvelles. Malgré tout, je pense que la compagnie aurait pu faire mieux en restreignant peut-être le marché de l'obésité en disant : "c'est peut-être moins important présentement, servons le marché du diabète pour être certain". Il y a eu une erreur. Je pense qu'ils ont appris. Mais là, pour quelques mois, on subit.
Novo Nordisk prévoit des délais intermittents dans la livraison d'Ozempic d'ici la fin du mois de mars 2024.
D'après des entrevues de Jérémie Camirand et Raphaël Beaumont-Drouin