Hydrogène vert en Mauricie : « Le projet d’une génération », dit le ministre Champagne
Un important projet d'hydrogène vert a été annoncé vendredi à Shawinigan en présence notamment du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne.
Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé
Un important projet de production d’hydrogène vert, alimenté principalement à partir de son propre parc éolien et solaire, devrait voir le jour en Mauricie. Il s'agirait d'un des plus grands projets de décarbonation au pays, qui devra obtenir l'appui de la population pour se réaliser.
Le projet de quatre milliards de dollars, entièrement financé par le privé, prévoit la construction d’un électrolyseur par l’entreprise TES Canada. Un investissement de cette ampleur-là, ça arrive une fois par génération
, estime le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada et député de Saint-Maurice–Champlain, François-Philippe Champagne.
L'ex-premier ministre du Canada Jean Chrétien est à l'origine de la venue de TES Canada en Mauricie. Il a joué un rôle crucial pour les attirer dans la région.
Je ne sais pas s’il y a un maire plus heureux que moi ce matin au Québec
, a renchéri le maire de Shawinigan, Michel Angers, lors de la conférence de presse, rappelant que la production d’énergie a toujours partie de l’histoire de la ville.
Environ 200 emplois devraient être créés en Mauricie une fois le projet en marche, en 2028. Durant la construction, d'une durée de trois à quatre ans, un millier de travailleurs seront embauchés, selon TES Canada.
[Projet Mauricie] repose sur des technologies connues qui ont fait leurs preuves depuis longtemps. [...] C'est un projet qui fera rayonner le Québec en matière de décarbonation. C'est un projet d'avenir dont les gens de la Mauricie seront fiers
, a indiqué le directeur général de TES Canada, Éric Gauthier.
À lire aussi :
Projet d'envergure pour la décarbonation
Ce n’est pas tous les jours qu’on annonce le plus grand projet de décarbonation de l'histoire [du Canada] qui va se passer au Québec
, a déclaré le ministre François-Philippe Champagne.
Le Projet Mauricie devrait générer 70 000 tonnes d’hydrogène vert qui seront destinées uniquement au marché québécois, notamment au secteur du transport lourd. Les deux tiers seront vendus à Énergir, pour produire du gaz naturel renouvelable.
Pour ce faire, TES Canada a obtenu 150 mégawatts (MW) de Québec. Le ministre de l'Économie, l'Innovation et de l'Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, assure que le projet n'aura pas d'incidence sur les besoins en énergie des Québécois lors des périodes de pointe.
Le reportage de Louis Cloutier
Photo : Radio-Canada / Daniel Ricard
À lui seul, le Projet Mauricie permettra d’atteindre 3 % des objectifs de réduction de GES du Québec d’ici 2030
, selon l'entreprise, qui prévoit éviter le rejet de près de 800 000 tonnes de dioxyde de carbone (CO2) dans la province.
Il s'agit de l'un des plus gros projets du genre au monde, selon TES Canada, une filiale d'une multinationale belge établie à Montréal.
Qu'est-ce que l'hydrogène dit vert?
L’hydrogène peut être produit par électrolyse de l’eau
: ce procédé consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau pour décomposer ses molécules (H2O) et en extraire l’hydrogène. Si, en plus, le courant utilisé provient d’une source d’énergie renouvelable (hydroélectricité, énergie éolienne ou solaire), tous les éléments du cycle de production sont à faible empreinte carbone. L’hydrogène produit porte l’appellation d’hydrogène vert.
Source : Gouvernement du Québec
Maquette de l'usine de TES Canada qui sera construite à Shawinigan
Photo : TES Canada
L'importance de l'acceptabilité sociale
Des éoliennes pourraient être implantées dans douze municipalités de la Mauricie. L'entreprise estime que les redevances pourraient s'élever à 11 millions de dollars par année. Le tiers irait aux Municipalités, un autre aux propriétaires où se trouveraient les hautes structures et le dernier tiers aux voisins de ces terrains.
François-Philippe Champagne a reconnu que l’appui de la population sera important dans la réalisation de ce projet. On devra travailler ensemble pour assurer l’acceptabilité sociale; c’est la priorité numéro un.
Des élus municipaux se questionnent sur l’acceptabilité sociale face à l’installation d'éoliennes sur le territoire. Environ 70 % de l'énergie nécessaire au projet devrait provenir du parc éolien et de panneaux solaires.
Il n'y aucun projet qui va se faire au Québec, si ce n'est pas socialement acceptable et si les communautés, autant les MRC et les groupes d'Autochtones, ne participent pas.
Le maire d’Hérouxville, Bernard Thompson, croit que ça va peut-être être difficile
, de faire accepter le projet à la population. On va devoir expliquer à tout le monde que la [décarbonation] il faut le faire maintenant, on ne peut pas faire ça dans trois ans, cinq ans
, soutient-il.
Le maire de Saint-Maurice, Gérard Bruneau, pense que si le projet est bien présenté, il pourrait gagner l’appui des citoyens.
Des séances d'information sont d'ailleurs prévues pour les citoyens le 21 novembre à Shawinigan, le 27 novembre à Saint-Adelphe ainsi que le 28 novembre à Saint-Narcisse.
Le maire de Shawinigan, Michel Angers, lors de la conférence de presse vendredi
Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé
Le maire de Shawinigan, Michel Angers, a lancé un plaidoyer en faveur du projet lors de la conférence de presse vendredi. L'acceptabilité sociale, c'est avoir, oui, l'occasion, le pouvoir de s'exprimer sur des sujets qui nous concernent directement, mais l'acceptabilité sociale, c'est aussi participer à la décarbonation du Québec; c'est aussi penser à nos enfants, petits-enfants, aux générations à venir, l'acceptabilité sociale; c'est participer également à la croissance économique, sociale et environnementale de notre belle Mauricie [...]
, a-t-il déclaré.
Extraits de l'allocution du ministre François-Philippe Champagne lors de l'annonce, vendredi
Photo : Radio-Canada
