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Des travailleurs étrangers sans emploi et sans logement après la vente d’une usine

Joseph Gayle, Damoy Rose et Sausha Robinson assis autour d'une table.

De gauche à droite : JosepJoseph Gayle, Damoy Rose et Sausha Robinson, des travailleurs étrangers temporaires, attendent de pouvoir travailler.

Photo : Radio-Canada / Frédéric Cammarano

Trois travailleurs étrangers temporaires dans le sud-est du Nouveau-Brunswick se retrouvent aujourd’hui dans une situation précaire. L’entreprise pour laquelle ils travaillaient et à laquelle ils sont liés par leur contrat a été vendue, du moins en partie. Les travailleurs jamaïcains sont maintenant sans logement et sans salaire.

Leur histoire débute en mai. C’est à ce moment que Joseph Gayle, Sausha Robinson et Damoy Rose, qui travaillaient pour Botsford Fisheries à Cap-Pelé depuis quelques années, entendent des rumeurs sur la possible vente de l’entreprise.

[Le gérant] nous a dit : "Vous ne devez pas vous inquiéter. La compagnie sera vendue. Le nouveau propriétaire va tous vous garder", raconte Joseph Gayle.

Les trois travailleurs décident donc de se montrer patients et de rester au Canada en attendant la prochaine saison haute. Les mois passent et ils n’ont toujours pas le moindre quart de travail. De peine et de misère, ils obtiennent l’assurance-emploi.

Rencontre avec le nouveau propriétaire

Au début du mois d'octobre, et après avoir tenté à maintes reprises de savoir quand lui et ses collègues pourraient recommencer le travail, Joseph Gayle obtient une rencontre avec le nouveau propriétaire, Michel LeBlanc.

Accompagné de six de ses collègues, il lui a demandé simplement : Quand allons-nous commencer à travailler?

Joseph Gayle.

Joseph Gayle habite temporairement chez des amis.

Photo : Radio-Canada

Selon le travailleur, le nouveau propriétaire a répondu que ça pourrait se faire dans un peu plus d’une semaine.

Quelques jours après la rencontre, il s’est rendu chez les travailleurs. Seul Sausha Robinson était dans son logement et il croyait que cette visite était synonyme de début de travail imminent.

Mais, selon Sausha Robinson, Michel LeBlanc commence par lui expliquer que la saison de pêche n’a pas été aussi bonne que prévue et qu’il n’aura donc pas de travail à leur offrir.

Sausha Robinson.

Sausha Robinson était seul dans le logement lorsque le nouveau propriétaire s'y est rendu pour annoncer qu'il n'avait pas de travail pour ces travailleurs étrangers temporaires.

Photo : Radio-Canada

Toujours selon le travailleur, il lui annonce qu’il ne retiendra pas ses services, comme ceux de la majeure partie de ses collègues, et qu’ils avaient quelques semaines pour quitter le logement, qui selon le contrat d’emploi est fourni par l’employeur.

Sausha Robinson explique que Michel LeBlanc lui a indiqué que la responsabilité de leur contrat appartient à l’ex-propriétaire, Hiro Inoue.

J’étais en état de choc. Il nous avait promis du travail, dit-il. À ce moment-là, je n’avais nulle part où aller, mais j’ai commencé à faire mes valises.

Mais, quelques jours plus tard, des employés nettoyaient déjà les logements.

J’ai laissé des choses dans le logement que j’allais aller chercher plus tard. Mais, ils les avaient mis dans la poubelle, certaines assiettes, certaines choses que je dois ramener à la maison pour ma fille , raconte Damoy Rose.

Damoy Rose.

Damoy Rose a retrouvé plusieurs de ses effets personnels dans la poubelle seulement deux jours après avoir dû quitter le logement.

Photo : Radio-Canada

Joseph Gayle, Sausha Robinson et Damoy Rose habitent maintenant de manière temporaire chez de la famille ou encore des amis dans le sud-est du Nouveau-Brunswick.

Si je n’avais pas cette expérience de quatre ans où j’ai rencontré des gens [...] où j’irais maintenant? Je serais probablement dans la rue, dit Joseph Gayle.

Les trois travailleurs ne souhaitent qu’une chose : pouvoir recommencer à travailler pour fournir à leur famille en Jamaïque toute leur aide. Leur contrat leur permet de postuler pour un autre emploi pour travailleurs étrangers temporaires en cas de résiliation, mais ils disent qu’il n’y a pour l’instant aucune ouverture de ce côté.

Que des rénovations

Dans un court appel téléphonique vendredi, Michel LeBlanc a expliqué qu'il procédait à la rénovation des logements. Il compte ensuite engager des travailleurs étrangers temporaires.

Je vais en engager. Je ne sais juste pas combien, a-t-il dit.

Il assure que c'est à l'ancien propriétaire de veiller au respect des contrats liés à Botsford Fisheries.

À qui la responsabilité?

Joseph Gayle, Sausha Robinson et Damoy Rose ont un permis de travail fermé, c’est-à-dire que le permis est directement lié à un seul employeur, soit Botsford Fisheries. Cet employeur est notamment responsable du logement et du billet d’avion pour assurer le retour des travailleurs.

Lorsqu’une entreprise employant des travailleurs étrangers temporaires est vendue, les politiques d’Immigration Réfugiés et Citoyenneté Canada stipulent que c’est à la nouvelle société de veiller [au respect des conditions des contrats des travailleurs étrangers temporaires], si elle est l’employeur ayant droit.

Selon les avocats experts dans ce domaine, Nicole Druckman et Aditya Rao, il faut déterminer si l’entreprise a été vendue dans son entièreté ou si elle n’a vendu que des actifs.

Dans le cas présent, des bâtiments à Cap-Pelé de Botsford Fisheries ont été vendus pour 2,9 millions de dollars à M. LeBlanc Fisheries en septembre.

Pour ce qui de Botsford Fisheries, l’entreprise a été absorbée par une autre entreprise en septembre, Canadian Fish Packers, qui appartient au même propriétaire, Hiro Inoue.

Mais, il est impossible de pouvoir dire avec certitude que la vente est complète ou non sans consulter le contrat de vente, ce qui n'a pas été possible.

Malgré de nombreuses tentatives, il n'a pas non plus été possible de parler à l’ex-propriétaire, Hiro Inoue.

Ce dernier ne répond pas non plus aux appels des trois travailleurs.

Par courriel, Emploi et Développement social Canada indique que le gouvernement du Canada prend très au sérieux ses responsabilités à l’égard de la protection des travailleurs étrangers temporaires. On encourage les travailleurs étrangers temporaires victimes de mauvais traitement à porter plainte grâce son système confidentiel.

De la lumière au bout du tunnel?

Pour ce qui est de la suite des choses, l’avocate Nicole Druckman recommande à ces trois travailleurs jamaïcains de retenir les services d’un avocat, alors que l’avocat Aditya Rao leur recommande de demander un permis ouvert.

Joseph Gayle, Sausha Robinson et Damoy Rose reçoivent d’ailleurs l’appui du député fédéral de la région, Dominic LeBlanc, dans l’espoir d’accélérer le processus d'obtention d'un permis ouvert, qui peut prendre beaucoup de temps.

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