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Le Nouveau-Brunswick veut atteindre la carboneutralité à l’aide du gaz de schiste

Blaine Higgs affirme avoir une feuille de route énergétique qui identifie, selon lui, les moyens d'atteindre les objectifs fédéraux.

Des travailleurs creusent un puits

Des travailleurs creusent un puits de gaz de schiste. (Photo d'archives)

Photo : The Associated Press / Ralph Wilson

Le Nouveau-Brunswick présentera dans les prochaines semaines son plan énergétique. Selon le premier ministre Blaine Higgs, ce plan répond aux objectifs fédéraux de carboneutralité et mise en partie sur le gaz de schiste pour y arriver.

Nous avons un plan énergétique qui sera publié sous peu. Il s'agira donc d'identifier notre chemin pour répondre aux normes [du fédéral] en place pour 2030, 2035 et 2050. Actuellement, les règles fédérales, avec lesquelles nous ne sommes pas nécessairement d'accord, stipulent essentiellement que tout projet relatif au gaz naturel doit être opérationnel d’ici deux ans pour pouvoir bénéficier d'une durée de vie d’une vingtaine d’années, dit le premier ministre du Nouveau-Brunswick.

Blaine Higgs tient une copie du discours du Trône en parlant aux journalistes.

Le discours du Trône, présenté la semaine dernière à Fredericton, ne faisait pas mention de l'industrie du gaz de schiste, mais, selon Blaine Higgs, cette industrie fait encore partie de ses plans. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Ron Ward

Le Canada a comme objectif d’atteindre la carboneutralité pour l’ensemble de son économie d’ici 2050.

À la clé, des milliards de dollars en crédits d'impôt et en subventions aux projets d'électricité des provinces qui soumettent des projets permettant d’atteindre les objectifs d’Ottawa.

Dans une déclaration écrite, le ministère des Ressources Naturelles du Nouveau-Brunswick indique que le Projet de règlement sur l'électricité propre du fédéral définit clairement des exigences strictes en matière d'exploitation des unités de production au gaz naturel après 2035 pour toutes les unités construites après 2025.

Notre feuille de route énergétique identifiera le gaz de schiste comme une opportunité pour nous et lors de sa publication nous pouvons parler davantage de son potentiel, tout en reconnaissant que nous avons des restrictions que nous impose la réglementation fédérale, fait valoir Blaine Higgs.

Le plan énergétique du Nouveau-Brunswick en est à son étape finale d’approbation et devrait être annoncé dans les prochaines semaines – à la mi-novembre au plus tard – indique le premier ministre.

Pas de réouverture du moratoire

Blaine Higgs réitère qu’il n’est pas question de rouvrir le moratoire partiel sur la fracturation hydraulique et que l'approvisionnement continuerait de venir de la région des puits McCully dans la région de Sussex.

Il y a un an, Blaine Higgs avait indiqué dit qu’il souhaitait réexaminer le moratoire, en vigueur depuis 2014.

Dans son nouveau plan énergétique, l’exploitation du gaz naturel continue d’être une source d’approvisionnement rentable, aux yeux du premier ministre.

Pour moi si nous devions utiliser aujourd'hui notre gaz naturel que nous avons dans le sol, nous pourrions compenser l'augmentation du coût de l'énergie, dit Blaine Higgs.

Un puits de gaz naturel dans la région de Penobsquis au Nouveau-Brunswick.

Un puits de gaz naturel dans la grande région de Sussex au Nouveau-Brunswick. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Andrew Vaughan

La Nouvelle-Écosse a récemment abandonné le projet de boucle atlantique encouragé par le gouvernement fédéral pour atteindre les objectifs de décarbonisation de la production d'électricité, le jugeant trop onéreux.

Suite à cette décision, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick ont signé une entente avec Ottawa pour améliorer l’interconnectivité des réseaux entre les deux provinces et s’émanciper des énergies plus polluantes des centrales au charbon.

Les coûts de l'énergie continuent d'augmenter. On pourrait utiliser notre gaz naturel pour la fermeture de centrales au charbon en Nouvelle-Écosse et peut-être même aussi pour Belledune. Le cas échéant, nous pourrions réduire les émissions dans le Canada atlantique de 50 %, fait valoir le premier ministre du Nouveau-Brunswick.

Et nous pourrions le faire dans environ deux ans car tous les pipelines sont déjà en place. Il s'agit simplement d'agrandir les gisements de gaz de McCully et du comté d'Albert. Nous ne parlons donc même pas des réserves du comté de Kent, ajoute Blaine Higgs.

Depuis plusieurs années, Énergie NB cherche un combustible de rechange pour la centrale de Belledune, qui produit de l’électricité en brûlant du charbon. Le gaz naturel est à l’étude.

Un ouvrier examine une chaudière dans la centrale.

La centrale thermique de Belledune produit de l’électricité en brûlant du charbon, mais le gouvernement fédéral souhaite venir à bout de ce combustible d’ici 2030. (Photo d'archives)

Photo : CBC/Jacques Poitras

L’autre option pour Belledune est la conversion de la centrale thermique avec de la biomasse, un projet évalué à 100 millions de dollars, selon le premier ministre, qui permettrait de convertir la centrale au charbon d’ici 2030.

Ces projets permettraient d’atteindre les cibles du fédéral rapidement en attendant que d'autres projets comme l’hydrogène ou les petits réacteurs nucléaires voient le jour, indique Blaine Higgs.

Pas dans le discours du Trône

Interrogé à savoir pourquoi ce plan n’est pas dans le discours du Trône de cette année – l’exploitation du gaz de schiste était pourtant bien identifiée dans le précédent discours – le premier ministre répond simplement que le projet n’est pas mort, bien au contraire.

Blaine Higgs continue de croire qu'un accord est possible avec des Premières nations. Il a déjà mentionné aux Autochtones des revenus de 800 millions à 1,6 milliard de dollars qui pourraient être partagés avec eux sur 20 ans s’ils acceptaient que des gisement de gaz de schiste soient exploités. Ce qu'il réitère aujourd'hui.

Le premier ministre convient cependant que la main tendue aux Premières Nations est, jusqu’à maintenant, un échec. Nous avons essayé d’impliquer les Premières Nations dans cette discussion. Nous avons eu plusieurs réunions à ce sujet, mais aucune n'a permis de tracer une voie à suivre.

Feu vert conditionnel au gaz naturel de schiste

Selon Kaitlin Power, attachée de presse au cabinet de Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, le Projet de règlement sur l'électricité propre offre aux provinces et aux territoires une certaine souplesse et une approche neutre quant à la technologie qui leur convient le mieux.

Bien que le Projet de règlement sur l'électricité propre ne couvre pas l'extraction et le transport du gaz de schiste, il s'applique aux émissions provenant de la combustion de combustibles fossiles pour la production d'électricité.

En ce sens, le gaz naturel pourra fonctionner sur le réseau après 2035 dans l'une des conditions suivantes : lors de la production d'électricité en période de consommation de pointe, s'il est équipé d'une technologie de captage du carbone, s'il est utilisé en cas d'urgence ou s'il est utilisé dans de petits générateurs ou dans des communautés hors réseau, indique Kaitlin Power.

Un projet risqué selon un expert

Le pari de Blaine Higgs est conforme, sur le court terme, aux objectifs du gouvernement fédéral. Toutefois, il demeure risqué, selon Pierre-Olivier Pineau, professeur et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal.

À très court terme ça peut aider le réseau du Nouveau-Brunswick à réduire son empreinte carbone parce qu’il y a encore des produits pétroliers et du charbon, donc le gaz naturel va émettre moins de gaz à effet de serre, mais ça ne peut être qu’une solution que très temporaire et très transitoire. Évidemment, ça ne peut pas durer au-delà de 2035, parce qu’il faut arriver en 2035 à zéro émission, alors c’est vraiment une solution à très court terme et très partielle, dit-il.

Pierre-Olivier Pineau, expert en politiques énergétiques et professeur à HEC Montréal, devant un paysage de montagne et forêt.

Pierre-Olivier Pineau est expert en politiques énergétiques et professeur à HEC Montréal. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Pour les unités [de production au gaz naturel] construites (ou remises à neuf de manière significative) avant 2025, une durée d'exploitation de 20 ans (jusqu'en 2045) leur est accordée. Comme le Nouveau-Brunswick soutient l'objectif d'une consommation nette nulle d'ici 2050, nous encourageons le gouvernement fédéral à déplacer la date de construction des nouvelles unités de production au gaz naturel de 2025 à 2030, ce qui permettrait aux unités de continuer à fonctionner jusqu'en 2050, conformément à l'objectif ultime d'une consommation nette nulle d'ici 2050, fait valoir de son côté Jason Hoyt du ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick dans une déclaration.

Pierre-Olivier Pineau doute que cette industrie du gaz de schiste, qui tourne au ralenti dans la province, puisse émerger dans un laps de temps aussi court.

C’est risqué parce qu’il n’existe aujourd’hui pas [de réelle] industrie de gaz de schiste au Nouveau-Brunswick. Donc développer une industrie, faire venir les acteurs tout en ayant l’acceptabilité sociale, ce n’est pas quelque chose d’acquis, loin de là. Alors je ne vois pas comment des industries pourraient arriver, œuvrer sereinement seulement pour une dizaine d’années au maximum, faire les investissements nécessaires sachant qu’elles devront vraisemblablement fermer à moyen terme étant donné les exigences climatiques, conclut Pierre-Olivier Pineau.

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