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Connaissez-vous le pawpaw, un fruit indigène anticapitaliste?

Des asimines coupés en deux. Celui de gauche est très mûr, celui de droite moins.

Plus l'asimine mûrit, plus le fruit prend une saveur légèrement caramélisée.

Photo : Radio-Canada / Jonathan Bouchard

À l’automne, les adeptes de l’asimine, un fruit mieux connu sous le nom de pawpaw, sont aux anges. Ils s’empressent d'en faire la cueillette et de consommer ce fruit d’apparence exotique qui n'est mûr que pendant quelques semaines par année.

Dyson Forbes dépose des pawpaws sur un comptoir de sa boutique de l’avenue Danforth, à Toronto. Couteau à la main, il tranche le fruit en deux pour révéler une chair jaune au parfum sucré.

Le test de goût se fait à l’odeur. On y décèle une saveur qui s’apparente à la fois à la banane, à la papaye, à la mangue ou même à l'ananas!

Selon Dyson Forbes, c’est un fruit délicieux qui se consomme seul, en le coupant en deux et en crachant les graines. Le pawpaw se mélange bien à une crème glacée ou à ajouter au-dessus d’une tarte ou d’un gâteau, note-t-il.

Dyson Forbes tient trois asimines.

Dyson Forbes et son père vendent des asimines dans des marchés et dans leur boutique quelques semaines par automne.

Photo : Radio-Canada / Jonathan Bouchard

Il faut éviter de consommer les graines ou la peau car ces éléments contiennent certaines toxines. Il est déconseillé de manger du pawpaw cuit, car cela pourrait engendrer des aléas digestifs.

Quand le fruit est anticapitaliste

Le pawpaw est intrinsèquement anticapitaliste , lance JD Van Allen en riant. Celui qui est un spécialiste de permaculture du côté de Prescott, dans l’Est ontarien, rappelle que le fruit doit être consommé au cours des trois jours suivant sa cueillette avant qu’il ne soit trop mûr et pourrisse.

JD Van Allen devant une microphone avec des plants d'asiminier trilobé.

JD Van Allen a planté sept asiminiers trilobés sur son terrain.

Photo : Capture d'écran/Google Meet

Dyson Forbes abonde dans le même sens, expliquant qu’il est difficile d’en assurer un approvisionnement régulier dans les étals des marchés fermiers de sa compagnie dans la région.

Pourquoi? Le fruit prend beaucoup de temps à mûrir et quand il est fin prêt, il mûrit et ramollit très rapidement.

Le pawpaw et l’Ontario

L’asiminier trilobé, l’arbre d’où provient le pawpaw, pousse à l’état sauvage dans la forêt carolinienne, c’est-à-dire des forêts de feuillus dans le Sud-Ouest de l’Ontario près de Windsor ou de Sarnia. On en retrouve également dans le Sud de l’Ontario, plus particulièrement près du lac Érié dans le comté de Norfolk, mais aussi à l’est du lac Ontario.

L’arbre était grandement présent sur le territoire par le passé, mais il a fait les frais de la déforestation, note Dyson Forbes. Son entreprise compte remettre des graines à des membres de Six Nations de la rivière Grand.

De son côté, JD Allen a planté sept asiminiers dans sa cour. Il en a aussi planté quelque 200 autres dans la région avec l’intention de créer ce qu’il décrit comme un verger public et tente d’en planter à d’autres lieux.

Matt Soltys, un arboriculteur fruitier de Guelph s’intéresse lui aussi à la survie du pawpaw en Ontario.

Les peuples autochtones en ont eu beaucoup dans leurs propres vergers. C’est beaucoup grâce à eux qu’on leur doit leur présence en sol canadien , affirme-t-il.

Matt Soltys plante des graines d'asimine.

Matt Soltys est un arboriculteur fruitier. Son entreprise, The Urban Orchardist, veille à la création d'espaces horticoles et la mise en valeur d'arbres fruitiers.

Photo : Avec l'autorisation de Matt Soltys

Un fruit rassembleur

L’engouement pour ce fruit se traduit également par de l’activité en ligne. Les pawpaws génèrent des disccussions parmi des groupes de cueilleurs dont, Wild Foragers Society ou encore Pawpaw Growers of Ontario, qui comptent des milliers d’abonnés.

Cette communauté virtuelle tient aussi des activités présentielles.

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Matt Soltys a récemment organisé un deuxième festival du pawpaw près de Guelph. L’activité a rassemblé une population variée, tant de spécialistes de botanique et de conservation de la flore que de simples citoyens passionnés.

Selon lui, les gens sont attirés par l’unicité de ce fruit en forme de rein ou de haricot géant.

Un panier rempli de d'asimines avec une pièce de 2 $ placé en guise de comparaison.

Des asimines cultivés par Matt Soltys, de Guelph.

Photo : Avec l'autorisation de Matt Soltys

Consommer du pawpaw et en semer les graines permet, selon lui, d’établir une connexion avec le terroir ontarien.

Ça me connecte à une histoire plus large et à un moment où les gens cultivaient dans des "forêts alimentaires”, pas seulement des vergers ou des fermes, mais dans une façon à créer un environnement propice à la biodiversité, affirme l'arboriculteur fruitier.

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