•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Les Australiens disent « non » au référendum sur les droits des Aborigènes

Le premier ministre australien Anthony Albanese fait une déclaration sur le résultat du référendum sur la voix des Aborigènes au Parlement à Canberra, en Australie, le 14 octobre 2023.

Le premier ministre australien Anthony Albanese avait fait campagne en faveur de cette réforme.

Photo : Reuters

Radio-Canada

Les Australiens ont clairement rejeté samedi une proposition de réforme des droits des Aborigènes, soumise par référendum, à l'issue d'une campagne acrimonieuse qui a creusé les divisions raciales dans le pays-continent.

Plus de 59 % des électeurs se sont opposés au projet Voice to Parliament, près de la moitié des votes ayant été dépouillés samedi. La défaite n'est pas officielle mais n'est pas contestée.

Le premier ministre Anthony Albanese a attribué cet échec à la campagne menée par ses opposants politiques contre la mesure proposée.

Le projet prévoyait de créer un conseil consultatif – surnommé La Voix – auprès du Parlement et du gouvernement pour émettre des avis sur les lois et les politiques publiques qui concernent les populations autochtones, Aborigènes et insulaires du détroit de Torres, qui représentent 984 000 personnes, la minorité ethnique la plus défavorisée du pays.

Les partisans d'un changement constitutionnel en Australie se sont dits dévastés par l'échec, samedi, du référendum.

La défenseure de Voice, Tanya Hosch, a déclaré qu'elle était dévastée par le résultat.

Il va y avoir beaucoup de douleur, de souffrance et de consternation et il va falloir prendre un moment pour absorber ce message et ce qu'il dit.

Une citation de Tanya Hosch

Les défenseurs de Voice avaient espéré que le fait d’écouter les points de vue autochtones aurait pu conduire à une prestation plus efficace des services gouvernementaux et à de meilleurs résultats pour la vie des Autochtones.

Des affiches sur la rue et une personne qui marche sur le trottoir.

Plus de 17 millions d'électeurs ont participé au vote en Australie.

Photo : Getty Images / AFP / David Gray

Les opposants ont déclaré que Voice diviserait les Australiens selon des critères raciaux sans réduire les désavantages des Autochtones. Ils ont aussi indiqué que ce comité pourrait être une première étape vers les revendications autochtones de rapatriement et de compensation.

Les Autochtones représentent 3,8 % de la population en Australie. Leur espérance de vie est de huit ans plus courte que celle de la population en général. Le taux de suicide est deux fois plus élevé que la moyenne nationale et ils souffrent de maladies qui ont été éradiquées dans les pays riches.

Le chef de l'opposition, Peter Dutton, a accusé le premier ministre Albanese d'avoir inutilement créé une division raciale à la suite d’un référendum voué à l’échec.

Commentaires racistes

La campagne a entraîné une avalanche de commentaires racistes sur les médias en ligne.

De fausses informations ont aussi circulé, dont certaines affirmant que les titres de propriété pourraient être remis en cause ou que des réparations devraient être versées si la réforme passait.

Un centre de comptage des votes le 14 octobre 2023 à Melbourne, en Australie.

Un référendum a été organisé le 14 octobre 2023 pour permettre aux Australiens de se prononcer sur la présence d'une voix autochtone au Parlement.

Photo : Getty Images / Asanka Ratnayake

Pour les partisans de La Voix, cette réforme devait contribuer à panser les plaies encore vives d'un passé de colonisation et de répression raciale.

Aujourd'hui, plus de 200 ans après la colonisation britannique, les Australiens autochtones, dont les ancêtres vivent sur le continent depuis au moins 60 000 ans, ont les mêmes droits que les autres citoyens, mais ils souffrent toujours de fortes inégalités.

Partisane du oui, Karen Wyatt, 59 ans, avait dit estimer avant le scrutin que si La Voix était rejetée, ce serait un jour de honte pour l'Australie.

Dee Duchesne, 60 ans, qui a fait campagne pour le non, a expliqué vouloir éviter qu'une couche supplémentaire de bureaucratie ne s'ajoute à notre Constitution.

Thomas Mayo.

Thomas Mayo, principal militant du oui, le 14 octobre à Sydney, en Australie.

Photo : Getty Images / Jenny Evans

Elle a confié qu'elle a été traitée de raciste alors qu'elle distribuait des tracts près d'un bureau de vote de Sydney. Je ne le suis pas, affirme-t-elle.

De la colère

Le chef aborigène Thomas Mayo a fait entendre sa colère contre ceux qui ont fait campagne en faveur du non.

Ils ont menti aux Australiens. Cette malhonnêteté ne devrait pas être oubliée par le peuple australien [...]. Il devrait y avoir des répercussions pour ce type de comportement dans notre démocratie. Ils ne devraient pas pouvoir s'en sortir comme ça.

Une citation de Thomas Mayo, chef aborigène

Le premier ministre de centre gauche, Anthony Albanese, qui s'était beaucoup impliqué dans la campagne, avait lancé samedi un dernier appel aux électeurs, qui ne l'ont pas entendu.

Il s'agit du respect des indigènes australiens. Il s'agit non seulement de la façon dont nous nous voyons en tant que nation mais aussi de la façon dont le monde nous voit, avait-il plaidé.

Le vote était obligatoire pour les 17,5 millions d'électeurs australiens.

Pour être adoptée, la réforme devait recueillir une majorité de votes non seulement à l'échelle nationale mais aussi dans au moins quatre des six États du pays. Elle n'a obtenu ni l'un ni l'autre.

Avec les informations de Agence France-Presse et AP

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.