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Avalanche de désinformation sur Israël et le Hamas sur les réseaux sociaux

Démêler le vrai du faux devient difficile devant toutes ces photos et vidéos en provenance du Proche-Orient.

Des Palestiniens évacuent leurs maisons après des frappes aériennes israéliennes à Gaza.

Des citoyens palestiniens évacuent leurs maisons endommagées par les frappes aériennes israéliennes, dans la ville de Gaza.

Photo : Getty Images / Ahmad Hasaballah

Si vous avez consulté les réseaux sociaux ces derniers jours, vous avez probablement eu affaire à une déferlante de vidéos troublantes censées avoir été tournées en Israël ou à Gaza. S’il ne manque pas de véritables images de violence, de destruction et de souffrance captées ces derniers jours, plusieurs publications devenues virales reprennent de vieilles vidéos hors contexte. La prudence est donc de mise.

Que ce soit sur X ou sur TikTok, j’ai l’impression qu’une publication sur deux est une vieille vidéo présentée comme étant nouvelle, des images de jeux vidéo qu’on fait passer pour des images captées sur le terrain ou quelqu’un qui a payé pour un crochet bleu qui s’improvise expert en géopolitique du Moyen-Orient, témoigne Alex Madhevan, directeur de MediaWise, l’initiative en littératie médiatique de l’Institut Poynter, un organisme de journalisme et de vérification de faits à but non lucratif basé à Saint Petersburg, en Floride.

Depuis l’attaque du Hamas, samedi, des vérificateurs de faits tentent tant bien que mal de remettre les pendules à l’heure, tandis que des informations trompeuses ou non vérifiables continuent d’être mises en ligne.

Parmi les dizaines d’exemples repérés par le vérificateur de faits de la BBC, Shayan Sardarizadeh (Nouvelle fenêtre), on trouve :

  • des images (Nouvelle fenêtre) du jeu vidéo Arma 3 faussement présentées comme la vidéo d’un combattant du Hamas qui abat un hélicoptère israélien;

  • une vidéo (Nouvelle fenêtre) d’une frappe israélienne à Gaza faussement présentée comme une frappe du Hamas en Israël;

  • une vidéo (Nouvelle fenêtre) de parachutistes au-dessus de l'Académie militaire égyptienne, au Caire, faussement présentée comme une vidéo de combattants du Hamas lors de l’attaque de samedi;

  • une vidéo (Nouvelle fenêtre) publiée sur TikTok en septembre faussement présentée comme des images d’une fillette israélienne prise en otage par un ravisseur du Hamas (le contexte réel de la vidéo reste inconnu pour le moment);

  • une vidéo (Nouvelle fenêtre) de l’armée russe qui bombarde l’Ukraine faussement présentée comme une vidéo de l’armée israélienne qui bombarde Gaza.

C'est un conflit clivant, profondément politique et profondément culturel, ajoute Alex Madhevan. C’est le scénario idéal pour la propagation de fausses informations parce que c’est très émotif. Les biais de confirmation des gens alimentent cette mésinformation et cette désinformation.

Dina Sadek, chercheuse spécialisée dans le Moyen-Orient au Digital Forensics Research Lab, à Washington, observe qu’il y a de la désinformation et des informations non vérifiées des deux côtés du conflit et sur presque tous les aspects de celui-ci. Son organisme produit des rapports analysant les campagnes de désinformation et leurs implications politiques.

Il y a beaucoup de rumeurs partout sur le web, donc il est encore tôt pour déceler des tendances, dit Mme Sadek.

Une constante semble toutefois émerger ces derniers jours : la machine de propagande russe multiplie les fausses affirmations (Nouvelle fenêtre) selon lesquelles l’Ukraine fournit des armes au Hamas, ce qui est faux.

Les Décrypteurs ont également observé que des vidéos mettant en scène des personnes qui appuient sans réserve un camp ou l’autre du conflit israélo-palestinien génèrent énormément d’engagement sur TikTok. On voit de tout, allant de juifs hassidiques qui appuient la cause palestinienne à des musulmans pratiquants qui se rangent derrière Israël.

Désinformer pour l’argent

Les comptes qui diffusent de fausses informations ne le font pas nécessairement pour des raisons politiques, bien que ce soit souvent le cas.

Je pense que beaucoup de la désinformation vient de trolls qui veulent semer le chaos ou encore avoir plus d’abonnés, plus d’engagement, et donc plus d’argent, analyse Alex Madhevan.

Le directeur de MediaWise montre du doigt la nouvelle infrastructure de X (anciennement Twitter) comme étant une des principales causes de cette avalanche de désinformation. Le nouveau patron du réseau social, Elon Musk, a retiré les crochets bleus de certification aux comptes précédemment vérifiés, tout en permettant à n’importe qui d’y avoir accès en échange de frais mensuels.

Mais ce n’est pas tout. Les publications des détenteurs de crochets bleus sont maintenant davantage mises de l’avant par l’algorithme de X, et ceux-ci peuvent maintenant être rémunérés selon la performance de leurs publications. Résultat : les publications de comptes supposément vérifiés sont mises de l’avant, tandis que celles des personnes sur le terrain se perdent dans la marée de contenu.

Les gens qui ont un parti pris d'un côté ou l’autre du conflit vont partager les informations et désinformations les plus incendiaires qui soutiennent leur vision du monde et leurs sentiments. En partageant de la désinformation – et de la désinformation de plus en plus intense – les crochets bleus peuvent générer plus d’engagement et plus d’argent, souligne M. Adhevan.

Pour lui, le flot de désinformation sur Twitter est le pire qu’il ait vu pour un événement donné depuis les cinq ans qu’il œuvre dans le milieu. Et il n’est pas le seul : plusieurs chercheurs en renseignement de sources ouvertes – dont le travail consiste à enquêter et à couvrir des sujets à partir d’informations publiques – ont fait part d’un sentiment semblable (Nouvelle fenêtre) au magazine Wired plus tôt cette semaine.

Comment éviter les fausses informations

Vérifiez la source

S’agit-il d’un média fiable ou de quelqu’un sur le terrain? Le compte est-il nouveau? La personne est-elle experte ou experte autoproclamée? Quelles sont les prises de position du compte, et comment influencent-elles son contenu?

Vérifiez d’autres sources

Est-ce que l’information est corroborée par des sources fiables, comme des médias? Si vous n’êtes pas capable de la corroborer, évitez de la partager.

Analysez l’image

Y a-t-il des éléments contextuels qui peuvent vous aider à vérifier la validité des images que vous voyez, comme la langue utilisée ou des points de repère importants?

Faites une recherche inversée

Une recherche d’image inversée peut vous permettre de déterminer si une photo ou une vidéo a déjà été publiée sur le web. Ce n’est pas parfait pour les vidéos, mais une recherche lancée à partir d’une capture d’écran peut donner des résultats. Vous pouvez vous servir de services gratuits comme Google Lens (Nouvelle fenêtre), TinEye (Nouvelle fenêtre) ou Yandex (Nouvelle fenêtre).

Prenez un pas de recul

Même si une information confirme vos biais, ça ne veut pas dire qu’elle est vraie.

Consultez des médias de vérification

De nombreux journalistes et médias produisent des vérifications de faits sur la guerre depuis plusieurs jours. En voici quelques-uns que vous pouvez suivre :

Dans le doute, ne partagez rien!

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