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Du théâtre entre les murs du pénitencier William Head en C.-B.

Des comédiens et musiciens sur une scène.

Les artistes de la compagnie de théâtre William Head on Stage du pénitencier William Head de Metchosin lors d'une représentation passée

Photo : Jam Hamidi

Le pénitencier pour hommes William Head de Metchosin sur l’île de Vancouver ouvre ses portes au public pour quatre fins de semaine afin de présenter le spectacle Eavesdrop Café; Look W.H.O.S. Talking…, une pièce originale créée par les détenus. William Head est d'ailleurs le seul établissement au pays, et un des rares au monde, à abriter une compagnie de théâtre gérée par des personnes incarcérées.

Après deux années de pause occasionnée par la pandémie, la compagnie William Head On Stage (WHoS) créée par et pour les détenus se réjouit de renouer avec la scène et son public pour la présentation de cette toute nouvelle création.

On a fait autre chose pendant la pandémie comme un balado et des films, mais nous sommes très excités de revenir sur scène!, souligne la metteuse en scène Kate Rubin qui collabore au projet en tant qu’artiste professionnelle externe.

Nous avons un groupe d’hommes incroyablement motivés cette année!

Une citation de Kate Rubin, metteuse en scène de la pièce Eavesdrop Café; Look W.H.O.S. Talking...

La pièce Eavesdrop Café; Look W.H.O.S. Talking... écrite par les détenus et inspirée de leurs histoires, est le fruit d’un partenariat entre les membres de la troupe du pénitentier et des artistes professionnels à l'extérieur des murs.

Impliquée dans WHoS depuis 18 ans, Kate Rubin précise qu’une équipe de 11 artistes externes s’est jointe au projet cette année. Les artistes ont reçu une formation sur mesure pour travailler avec les détenus dont ils ne connaissent pas le passé. L’accent est mis sur l’humain et la réhabilitation.

Bienfaits de l’art en milieu carcéral

L’établissement, qui a mis en place cette initiative il y a 42 ans, propose ainsi chaque année, dès janvier, une série d'ateliers de théâtre pour les détenus à l’intérieur des murs .

Quatre personnes portant un masque sont au centre d'une scène. Autour, il y a un public et une femme qui court.

Les détenus du pénitencier de William Head sont impliqués dans toutes les étapes du processus de création.

Photo : Jam Hamidi

Certains détenus viennent aux ateliers d'abord par curiosité, confie Kate Rubin. Puis, quelques-uns restent. Et en mai, nous commençons le processus d’écriture du spectacle tous ensemble.

L’art en milieu carcéral et ce partenariat entre WHoS et les artistes de l'extérieur comportent de nombreux bienfaits, souligne Sylvie Frigon, professeure titulaire au Département de criminologie et vice-doyenne aux études supérieures à la Faculté des sciences sociales à l'Université d'Ottawa.

Il y a une relation dedans, dehors qui peut être très bénéfique pour préparer la sortie de ces hommes, explique-t-elle. On veut qu'ils sortent dans les meilleures circonstances possibles.

Le théâtre permet à ces hommes d'acquérir une nouvelle identité, poursuit-elle.

Ces hommes peuvent sentir qu’ils sont autre chose que des détenus.

Une citation de Sylvie Frigon, vice-doyenne aux études supérieures à la Faculté des sciences sociales à l'Université d'Ottawa

Elle explique que grâce à WHoS, ces détenus auront acquis des habiletés qui pourront les aider dans leur réhabilitation sociale.

Comme apprendre à travailler avec les autres ou travailler sur un projet de longue haleine, précise-t-elle. Ce genre de projet les met dans des situations de succès et non d'échec, ce qui est très bon pour leur estime.

Des comédiens sur une scène.

Des membres de la compagnie WHoS

Photo : Jam Hamidi

Des détenus ou ex-détenus impliqués dans WHoS, mais dont l’identité n’est pas dévoilée, témoignent par écrit des bienfaits du programme.

William Head On Stage permet d'affronter certaines peurs et de renforcer la confiance en soi, exprime un détenu.

D'autres détenus soulignent que l’expérience leur a permis de découvrir leur côté créatif ou encore d'avoir le sentiment de faire partie d'une communauté plutôt que d'être dans un établissement carcéral.

WHoS reste une partie de moi alors que j’avance vers cette prochaine étape de ma vie, dit un ex-détenu qui confie aussi que WHoS l’a profondément changé.

Initiative unique

Sylvie Frigon, qui est aussi co-autrice d'un livre à paraître sur WHoS, mentionne que l’aspect professionnel des productions ainsi que le fait que la compagnie ait perduré contribuent à faire de WhoS une initiative unique dans le milieu carcéral.

WHoS est vraiment unique parce que ce sont les personnes incarcérées qui prennent le leadership dans cette initiative. Les détenus vont avoir différents rôles : acteurs, décors, maquillage, publicité. C'est vraiment complet comme initiative.

Une citation de Sylvie Frigon, vice-doyenne aux études supérieures à la Faculté des sciences sociales à l'Université d'Ottawa
Des comédiens sont sur une scène.

Le pénitencier William Head est un des rares lieux d’incarcération dans le monde où les pièces sont présentées devant grand public.

Photo : Jam Hamidi

Au Canada, on veut que le moment de l'incarcération soit un moment de réhabilitation, ajoute Sylvie Frigon. Il faut donc donner aux détenus des moyens pour réussir en matière d'emploi et d'utilité sociale. Et je pense que WHoS répond très bien à ces critères-là.

Invitation au café

Le pénitencier à sécurité minimale William Head est un des rares lieux d’incarcération dans le monde où les pièces sont présentées à l’intérieur de l’établissement et devant grand public.

Chaque automne, ce sont près de 2500 spectateurs qui prennent place dans le gymnase du pénitencier alors transformé en salle de spectacle.

Au fil des ans, WHoS a présenté une cinquantaine de pièces de répertoire et créations originales avec l’aide d'artistes professionnels provenant de l’extérieur.

Cette année, près de 30 détenus, dont 10 sur scène, font partie du projet, ce qui représente environ le tiers de la population du pénitencier.

La pièce Eavesdrop Café; Look W.H.O.S. Talking est campée dans une ambiance de café où vont et viennent des personnages plus colorés les uns que les autres.

Kate Rubin.

Kate Rubin

Photo : Cecilia Rossander

Tout le gymnase sera transformé en un grand café, explique Kate Rubin. Et il y aura des œuvres d'art sur les murs, car on a beaucoup d’artistes visuels dans le groupe cette année.

Le spectacleEavesdrop Café; Look W.H.O.S. Talking… est présenté par la troupe William Head On Stage du pénitencier William Head de Metchosin dans l'île de Vancouver les vendredi et samedi entre le 13 octobre et le 4 novembre.

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