•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La PDG de Vitalité s’inquiète de l’émergence d’un réseau parallèle de soins primaires

« La livraison de service doit rester à l'intérieur des régies de santé », affirme la PDG du réseau de santé Vitalité.

La PDG du réseau de santé Vitalité France Desrosiers.

La PDG du réseau de santé Vitalité France Desrosiers.

Photo : Radio-Canada / Bader Ben Amara

Au Nouveau-Brunswick, la PDG du réseau de santé francophone Vitalité, la Dre France Desrosiers, s'inquiète de la création d'un réseau parallèle de soins mis en place par le gouvernement et dont la gestion est accordée au secteur privé. Elle fait également une mise en garde concernant la livraison des services en français.

Dans une correspondance du 23 juin, dont Radio-Canada a obtenu copie en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, la Dre France Desrosiers met en garde le ministère de la Santé. Elle lui demande de ne pas s'ingérer dans la gestion et la mise en œuvre de la prestation des soins de santé primaire du réseau de santé francophone.

La PDG de Vitalité s'inquiète aussi du peu d'appui reçu par le ministère concernant les projets de son organisation pour améliorer la livraison de ces soins.

Un troisième joueur

Dans le plan de santé dévoilé en novembre 2021, le gouvernement du Nouveau-Brunswick annonce la création d'une troisième entité, à l'extérieur des deux réseaux de santé. Il s'agit du Réseau de soins primaires du Nouveau-Brunswick, qui a depuis été rebaptisé Lien Santé NB.

À travers ce réseau de médecins de famille et d’infirmières praticiennes, le ministère de la Santé veut abolir les listes d'attente en jumelant les patients orphelins à des professionnels de la santé en attendant qu'ils trouvent un médecin de famille de façon permanente. La liste d'attente est d'actuellement 35 000 patients.

Quatre personnes tiennent une affiche du programme et posent pour la photo.

Le ministre de la Santé, Bruce Fitch, la vice-présidente aux soins de santé primaire Medavie Martine Des Roches, la Dre Isabelle-Anne Girouard et le président de services de santé Medavie Nouveau-Brunswick Richard Losier, lors de l'annonce du programme Lien Santé NB. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Océane Doucet

Au mois de juin dernier, la Dre France Desrosiers indique au sous-ministre de la Santé, Eric Beaulieu, qu'elle s'inquiète profondément de l'orientation prise par le ministère qui donne l'impression de vouloir créer une troisième entité, au même titre qu'une régie.

Des cliniques de Lien Santé NB ont déjà ouvert leurs portes à Moncton, Dieppe, Dalhousie, Fredericton, Woodstock, Miramichi, Bathurst, Inkerman et Rothesay, selon le ministère de la Santé.

Ces cliniques et les services qu’elles offrent ne sont pas gérés ni coordonnés par les réseaux de santé, mais par l’entreprise privée Medavie. L’entreprise gère aussi les ambulances et les services de soins extra-muraux, qui offrent les soins à domicile, dans la province.

Le ministère indique que le programme de Lien Santé NB est permanent et qu'au moins une autre clinique, à Edmundston, ouvrira ses portes bientôt.

La mise en garde de France Desrosiers

Dans sa lettre du 23 juin, la Dre France Desrosiers dit s'inquiéter que cette structure proposée de gouvernance du ministère de la Santé concernant les soins primaires à l’extérieur des régies n’ait pas été approuvée ni par elle ni par le fiduciaire du réseau de l'époque Gérald Richard.

Nous vous avons clairement exprimé notre désaccord face à votre approche. Malgré notre position qui était pourtant claire, vous privilégiez une structure qui n’est pas souhaitée, une démarche que je trouve désolante, écrit la Dre France Desrosiers.

Pour les francophones de la province, le réseau de santé francophone est primordial à la survie de leur langue et de leur culture. [...] L'importance que les soins primaires soient livrés par leur régie francophone, c’est une question indiscutable.

Une citation de Dre France Desrosiers, PDG du réseau Vitalité, dans sa lettre du 23 juin

La Dre France Desrosiers espère que le programme Lien Santé NB disparaîtra le jour où le réseau de soins de santé primaire de Vitalité sera en place. Ce projet a débuté cet été et est en cours.

C’est une aide qui est offerte de façon temporaire pour nous donner le temps comme régie de s’organiser pour améliorer l’offre de service en soins de santé primaire, dit-elle.

Des instruments médicaux dans un cabinet de médecine familiale.

Des instruments médicaux dans un cabinet de médecine familiale. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Mathilde Pineault

Malgré des échanges plus cordiaux avec le ministère au cours des derniers mois, la Dre France Desrosiers réitère sa mise en garde.

C'est important que les régies de santé restent maîtres de leurs opérations, c'est ça qui est notre rôle. On aurait plus de raison d'être sinon. On est là pour livrer des services, puis il faut qu'on soit autonome dans la livraison de ces services-là , déclare-t-elle, en entrevue avec Radio-Canada.

Depuis leurs échanges en juin, le ministère de la Santé et les régies travaillent à mettre en place un groupe consultatif sur les soins de santé primaires. Cependant, Lien Santé NB n'en fait pas partie.

C'est mon devoir d'être vigilante

Malgré des garanties du ministère, la PDG du réseau francophone convient que le morcellement de l’organisation des soins primaires et l’exode des ressources humaines à l’extérieur de son organisation sont une préoccupation majeure.

Avec tout ce qui s'en vient dans le futur, le tsunami de besoins en santé qui vont monter dans les dix prochaines années et notre piètre performance actuelle en matière de livraison et d’accès aux soins de santé primaires [...] on a vraiment besoin de s'intégrer et d'augmenter notre synergie pour y arriver et non pas de scinder le système et de compétitionner dans nos ressources, explique-t-elle.

Je me sens responsable de surveiller, de m'assurer qu'on va continuer à offrir des services cliniques à nos francophones.

Une citation de Dre France Desrosiers

La Dre France Desrosiers va même plus loin. Elle estime que les francophones devraient avoir les mêmes droits en santé qu’en éducation. La Charte canadienne des droits et libertés garantit aux communautés linguistiques minoritaires un degré de gestion et de contrôle sur leurs établissements d’enseignement afin que celles-ci puissent s’épanouir.

C’est certain que mon opinion irait dans ce sens-là parce qu’il y a beaucoup d'inquiétude qui tourne autour de la gouvernance. C’est certain que plus la loi serait claire là-dessus, plus ça supporterait la survie des francophones dans la province, explique-t-elle.

Vitalité se lance dans la course aux soins primaires

En parallèle aux cliniques gérées par Lien Santé NB de Medavie, Vitalité développe son propre réseau de cliniques.

Une clinique a ouvert cet été à Dieppe avec trois médecins et du personnel de soutien qui ont un objectif de prise en charge de 15 000 patients. L’idée est d’arriver à voir les patients en cinq jours à partir du moment où ils en font la demande.

Un autre projet de clinique est aussi en cours à Edmundston et l’idée est d’en implanter dans les 13 communautés desservies par le réseau Vitalité d’ici deux ans.

Lorsque le projet a été lancé, le ministère de la Santé imposait des critères de performances aux cliniques de Vitalité, ce que la Dre Desrosiers déplorait et jugeait inéquitable.

Je ne comprends pas que l’on nous impose de cesser un projet pilote au bout de six mois seulement. Est-ce équitable? Avons-nous imposé les mêmes conditions aux autres partenaires? Quels sont les objectifs et les échéanciers envers Medavie et le Lien Santé?, peut-on lire dans la lettre de réponse de France Desrosier du 23 juin.

Depuis, elle se dit plus confiante de pouvoir mener à bien le projet de Vitalité.

Au moment où la lettre a été écrite en juin, nous étions les seuls partenaires à qui on imposait des objectifs de performance qui sont pratiquement irréalistes. Maintenant, le ton a changé, je suis sûre qu'on va arriver à transformer notre système, dit France Desrosiers.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre ICI Acadie

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Acadie.