Une pièce de théâtre pour aborder les inégalités sociales
Le projet de théâtre-forum SpectActivisme de La Boussole est présenté jusqu'au 23 septembre à Vancouver.
Photo : Lyne Barnabé
Du 21 au 23 septembre, l’organisme communautaire francophone La Boussole présente SpectActivisme, un théâtre-forum bilingue visant à mettre en lumière des situations d’inégalités sociales pour les dénoncer.
Le projet a commencé il y a un an exactement
, dit Nathalie Astruc, gestionnaire des programmes culturels et communautaires à La Boussole. Aujourd'hui, on arrive à l'aboutissement. On est très excités!
Dans SpectActivisme, une dizaine de comédiens donnent vie à divers personnages qui évoluent dans huit saynètes mettant en scène des oppresseurs et des personnes en difficulté.
Les comédiens en pleine répétition en juin.
Photo : Lyne Barnabé
Une quarantaine de témoignages recueillis de manière anonyme en ligne et dans des entrevues en personne ont servi à alimenter ces courtes histoires qui abordent des thématiques telles que le racisme, les dépendances ou encore la violence faite aux femmes.
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À partir de ces témoignages, on a impliqué [la metteuse en scène] Magda Ochoa et l’écrivaine Rokia Tamache pour scénariser le tout
, dit Nathalie Astruc.
Une formule à l’image de La Boussole
Pour SpectActivisme, La Boussole a opté pour une formule interactive, soit celle du théâtre-forum.
Mis au point dans les années 1960 par Augusto Boal dans les favelas de São Paulo, cette méthode dénonce et met en scène des situations d'injustice afin d’aider les victimes à reprendre leur destinée en main.
Nathalie Astruc et Magda Ochoa durant une répétition.
Photo : Lyne Barnabé
On a choisi ce format parce que ça correspond à l'engagement de La Boussole
, précise Nathalie Astruc.
Il nous fallait un théâtre social, pas un théâtre passif.
C'est vraiment le spectateur qui est dans l'action, renchérit la metteuse en scène Magda Ochoa. Il a la chance de monter sur scène pour prendre la parole.
Cette dernière explique que deux meneurs de jeu, une francophone et un anglophone, énoncent les règles dès le début du spectacle.
Le rôle des meneurs de jeu est non seulement de d'expliquer les règles du jeu, mais aussi d'encourager la participation du public.
Photo : Lyne Barnabé
On présente la saynète une première fois au public, explique Magda Ochoa. Les meneurs de jeu vont ensuite demander au public si quelqu’un veut changer le cours des événements et remplacer la personne en difficulté. La personne intéressée va ensuite monter sur scène pour [rejouer la scène à sa façon].
Une distribution diversifiée
Composée de comédiens amateurs et professionnels d'origines culturelles et d’âges variés, la distribution de SpectActivisme est diversifiée.
Les comédiens jouent une des saynètes lors de la répétition devant public qui s'est déroulée le 17 août 2023.
Photo : Lyne Barnabé
Tous les artistes impliqués ont déjà un lien avec La Boussole. Ils sont soit bénévoles, ou membres
, précise Nathalie Astruc.
Certaines personnes voulaient créer un lien social, d’autres voulaient s'engager pour défendre des valeurs, mais ce qui les unit, c’est la francophonie.
Au lieu de recourir à un processus traditionnel d’audition, La Boussole a choisi de lancer un appel à tous pour constituer la troupe.
Depuis juin, on s’est rencontrés chaque semaine, dit Magda Ochoa. Certains sont partis, d’autres sont restés.
On forme une belle équipe
, affirme le comédien professionnel québécois d'origine chilienne Nicolas Orellana de Bane. Je suis très content de faire partie de ce projet!
Le comédien Nicolas Orellana de Bane incarne un malade hispanophone dans une des saynètes.
Photo : Lyne Barnabé
Même son de cloche du côté de Noëlla Ndayikeza. Arrivée à Vancouver en juin 2022 directement d’Afrique, cette membre de La Boussole en est à sa première expérience théâtrale.
Oh! que j'aime ça!
, s'exclame-t-elle. Comme je suis nouvelle au Canada, je voulais rencontrer des personnes qui parlent français.
Du soutien psychologique pour l’équipe
Consciente que les thèmes abordés peuvent susciter des émotions parfois fortes chez les artistes de SpectActivisme, La Boussole a tenu à leur offrir du soutien psychologique tout au long du processus.
Il y a des choses qui peuvent être réveillées dans le processus
, explique Nathalie Astruc. C'était important pour nous de garantir un soutien aux comédiens.
Noëlla Ndayikeza confie avoir bénéficié de ce soutien durant le processus de création.
Noëlla Ndayikeza
Photo : Gabriel Osorio
Il y avait une saynète avec une personne vivant avec handicap, raconte-t-elle. Elle voulait [essayer un vêtement] dans un magasin qui n’était pas accessible pour elle. Ça a suscité des émotions en moi parce que j'ai vécu ce genre de discrimination. J'ai reçu l'aide et, du coup, je me suis dit : c'est un jeu. C'est pour aider.
Ce projet m'a donné confiance. Il m'a aidée à m'inclure et à pouvoir m'exprimer librement, sans avoir peur.
Deux comédiens en pleine répétition en juin.
Photo : Lyne Barnabé
C’est une équipe forte, dit Nathalie Astruc, car il faut être fort pour faire face à ce défi qu’est le théâtre, avec toutes ses variables.
SpectActivisme est présenté les 21 et 22 septembre, au Studio 16, et le 23 septembre, à la 4th and Maple Plaza de Vancouver.