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La COVID-19 a touché davantage les quartiers densément peuplés et défavorisés

La rue Saint-Joseph dans le quartier Saint-Roch est vide pendant la pandémie.

Les quartiers de la basse-ville de Québec sont surreprésentés dans les secteurs où il y a eu le plus de transmission de la COVID-19.

Photo : Radio-Canada / Dominic Martel

Pendant la pandémie provoquée par le SRAS-CoV-2, il aurait pu être facile de croire que le virus ne faisait pas de discrimination, contaminant tant les riches que les pauvres. Or, des chercheurs de l'Université Laval montrent dans une nouvelle étude que la transmission s'est tout de même frayé un plus large chemin dans les populations défavorisées.

La COVID n’est pas du tout démocratique et encore une fois ce sont malheureusement les plus vulnérables qui ont payé un peu plus fort le prix de la COVID, commente Slim Haddad, médecin-conseil à la de la Direction de la santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale et chercheur au centre de recherche VITAM affiliée à l’Université Laval.

Une personne de dos, le masque dans le vent.

En mai 2023, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la COVID-19 n'était plus considérée comme une urgence internationale, marquant la fin symbolique de la pandémie dévastatrice qui a déclenché des confinements, bouleversé les économies du monde entier et tué au moins sept millions de personnes dans le monde. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Pour cette étude publiée dans la revue BMC Public Health (en anglais), (Nouvelle fenêtre) l'équipe de recherche a utilisé les données des quatre premières vagues d'infection de COVID-19, soit à partir du premier cas détecté dans la Capitale-Nationale, le 14 mars 2020, jusqu'au 6 novembre 2021.

En moyenne, les populations défavorisées avaient 3,6 fois plus de risques d’habiter dans les secteurs où la fréquence des cas de COVID-19 était la plus élevée. Les 10 % des microterritoires les plus touchés sont surtout dans la basse-ville de Québec et dans les quartiers centraux, ajoute Gabrielle Lefebvre, première auteure de l'étude et agente de planification, de programmation et de recherche à la Direction de la santé publique du CIUSSS.

COVID-19 : tout sur la pandémie

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Une représentation du coronavirus.

Les chercheurs ont croisé les données démographiques et socioéconomiques du recensement canadien de 2016 avec les données de cas et d’épidémiologie de la Santé publique de santé.

Le recensement canadien nous permet d’avoir des données à des échelles très fines. Quand ils travaillent, ils identifient des petits îlots d’à peu près 500 à 700 personnes, donc quelques pâtés de maisons, précise Slim Haddad. Ça a permis aux chercheurs de l'étude de séparer la ville et les MRC voisines en 1206 secteurs.

Pendant la période évaluée, les chercheurs ont observé que les secteurs densément peuplés défavorisés sur le plan socioéconomique ont été plus souvent durement touchés lors des premières vagues de la pandémie.

Vue aérienne d'un imposant bâtiment à étages. De grandes photos en couleur ont été collées sur une des façades.

Les chercheurs ont discriminé les données provenant de CHSLD et de résidences pour personnes âgées pour avoir un portrait plus fidèle.

Photo : Gracieuseté CIUSSS de la Capitale-Nationale

Ils ont aussi pu séparer la variable de la densité de celle de la défavorisation, pour les comparer indépendamment avec celle de la transmission. La relation entre la défavorisation et la transmission est présente en général, on la retrouve tant dans les quartiers très densément peuplés, moyennement peuplés et moins peuplés, remarque le médecin-conseil.

Population plus vulnérable

Le constat ne surprend pas vraiment, d’autres études similaires ont été faites ailleurs en comparant des régions et des pays entre eux, mais cette dernière étude a tout de même un niveau de détail supplémentaire.

C’était sur des laps de temps plus courts, souvent seulement la première vague. On voulait l'évaluer pour la région de Québec, par des secteurs un peu plus petits pour voir s’il y a vraiment une différence à même la ville comme ce sont tous des quartiers hétérogènes, explique Gabrielle Lefebvre.

L’étude n’a toutefois pas permis de remonter sur les causes du phénomène, comme les chercheurs ne pouvaient aller jusqu’à collecter des données sur les individus et que plusieurs facteurs peuvent jouer.

La santé publique a tout de même des hypothèses. On ne sait pas tout au niveau des conditions de logements, mais on sait qu’il y a plus de transmission de la COVID-19 plus on est à proximité de personnes, relate Gabrielle Lefebvre. Et pour les emplois, tout ce qui est préposé aux bénéficiaires, travail manufacturé ou en service, ils ne pouvaient pas faire autant de télétravail.

Plusieurs travailleurs de la santé portant des vêtements bleus et des masques sont à pied d'oeuvre dans une salle du Palais de congrès

Le site Je contribue a permis l'embauche de plus de 8500 volontaires dans la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Jusqu'à maintenant, écrivent les chercheurs dans leur résumé, les diverses études sur la question ont réussi à révéler un portrait convaincant des iniquités selon les pays et territoires face à la maladie. Par contre, ils notent également que la force des constats qui peuvent être faits varie de façon significative selon les études, dépendamment des contextes, des indicateurs sociaux choisis, du recoupement de données.

Les chercheurs ont tout de même confiance en leurs résultats. On a utilisé le revenu médian, le taux de pauvreté, et les indices de défavorisation matérielle. Et, quel que soit l’indice de défavorisation qu’on prend, on retrouve toujours les mêmes tendances, donc on a des résultats relativement robustes, indique Slim Haddad.

Deux infirmières ajustent leur équipement de protection personnel

Toutes les mesures et directives sanitaires liées à la pandémie de COVID-19 qui étaient toujours en vigueur au Québec ont été levées le 19 juillet 2023. ( Photo d'archives)

Photo : Reuters / Shannon Stapleton

À quoi ça sert?

Ce qui importera à l'avenir, à la lumière de ces études, selon M. Haddad, ce sera de tenir compte de ces disparités et de ces vulnérabilités dans les interventions en santé publique si une nouvelle vague de COVID-19 ou une autre pandémie devait se produire.

On est l’équipe de surveillance, on travaille étroitement dans la direction de santé publique pour essayer d’intégrer cette information pour offrir un meilleur service et d’offrir des interventions qui vont permettre de lutter contre les inégalités sociales, ajoute le médecin-conseil.

L'autobus est devant une des entrées du Centre.

Le Vaccin-o-bus, une clinique mobile de vaccination, devant le Centre Vidéotron, le soir d'un match opposant les Canadiens de Montréal au Lightning de Tampa Bay. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sébastien Tanguay

Il rappelle que même pendant la pandémie, certaines adaptations ont été prises pour mieux desservir les populations plus vulnérables, que ce soit au niveau des approches envers les personnes en situation d’itinérance ou en envoyant le vaccin-o-bus dans des secteurs où la vaccination devait être renforcée.

Les solutions ne sont pas simples, mais on y travaille fort, promet le chercheur.

Les autres auteurs de l’étude sont Mélanie Saint-Onge et André Dontigny, de la Direction de la santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale, et Dominique Moncion-Groulx, étudiant au Département de géographie de l’Université Laval.

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