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Facebook et Google se sont pliés à la loi australienne, que retenir de ce bras de fer?

Le logo de Meta, maison mère de Facebook, d'Instagram et de Whatsapp, devant celui de Google.

Le logo de Meta, maison mère de Facebook, d'Instagram et de Whatsapp, devant celui de Google.

Photo : Reuters / Dado Ruvic

Menaces, bref blocage des contenus d’actualités, négociations, concessions. La loi australienne forçant les plateformes numériques à rémunérer les groupes de presse du pays a été adoptée en février 2021 après un bras de fer de quelques semaines avec Google et Meta semblable à celui auquel on assiste en ce moment au Canada.

En quoi consiste la loi australienne?

La loi australienne est un code de conduite contraignant ciblant les fils d’actualité Facebook et Google pour les contenus repris des entreprises de presse. Ces plateformes ont été visées, car elles touchent une part importante des revenus publicitaires australiens, menaçant le modèle économique du domaine publicitaire des médias traditionnels. Les autres plateformes populaires et partageant du contenu d’actualité, dont Instagram et YouTube, n’étaient pas visées.

La loi est inspirée du modèle de redevances. Elle fournit un cadre de négociations pour que Google et Facebook concluent des ententes commerciales de dédommagements avec les organes de presse, dont le réseau public ABC et News Corp de Rupert Murdoch, propriétaire des deux tiers des journaux australiens. En l’absence d’entente, la loi prévoit qu'un médiateur impose un tarif.

En cas d'infraction ou de négociation de mauvaise foi, la loi australienne prévoit de lourdes amendes de 10 millions de dollars australiens (8,85 millions de dollars canadiens). La loi prévoit une révision annuelle du portrait de la situation afin de s’assurer que les entreprises de presse ne soient pas pénalisées.

Bras de fer entre les géants du web et Ottawa

Consulter le dossier complet

Deux mains se touchent.

La loi finalement adoptée le 25 février 2021 avait été déposée en pleine crise des médias aggravée par le ralentissement de l’économie en raison de la pandémie. Des dizaines de journaux venaient de fermer et des centaines de journalistes, mis à pied.

Comment ont réagi Google et Facebook?

Les deux géants ont fait front commun dès le dépôt du projet de loi afin de faire reculer le gouvernement. Ils ont menacé de retirer leurs services d’Australie. Google est même allé jusqu’à laisser entendre qu’il bloquerait son moteur de recherche dans le pays.

Sans avertissement, Facebook a mis sa menace à exécution et a bloqué toute publication de liens vers des contenus d’actualité le 18 février 2021.

Les Australiens se sont alors retrouvés privés d’informations locales et de contenu météo en pleine pandémie et au plus fort de la saison des feux de forêt, ce qui a déclenché la colère des politiciens, groupes de presse et différentes ONG du pays.

La tournure des événements est alarmante et dangereuse. Couper l'accès à des informations vitales dans un pays tout entier en plein milieu de la nuit est inadmissible, a dit Human Rights Watch à ce moment-là.

Comment s’est soldé le bras de fer avec l’Australie?

Le blocage des liens vers des contenus d’actualité pour les internautes australiens aura finalement duré cinq jours. Après des discussions entre Facebook et le gouvernement, un accord est intervenu et le réseau social a fait marche arrière. Des ententes individuelles avec les groupes de presse ont été conclues.

Vue générale du Sénat à Canberra, en Australie.

Vue générale du Sénat à Canberra, en Australie.

Photo : Getty Images / Martin Ollman

Facebook a même admis publiquement qu’il était allé trop loin en bloquant l’accès au contenu d’actualité. Sa réputation a été entachée, mais le géant américain peut se targuer d’avoir forcé le gouvernement australien à s’asseoir à la table de négociations et à faire quelques concessions.

La loi modifiée oblige le gouvernement à prendre en compte les contributions existantes d'une plateforme au journalisme, dont les accords commerciaux conclus avec les groupes de presse, avant d’appliquer le code. En revanche, les plateformes doivent aviser les médias de changements prévus à leurs algorithmes décidant des publications de contenus d’actualité.

Google, pour sa part, n’avait pas mis ses menaces à exécution et avait conclu des ententes commerciales préventives avec les organes de presse avant l’adoption de la loi. Certains des montants de redevances ont été publiés, dont les ententes d’une valeur totale de 60 millions de dollars australiens (53 millions de dollars canadiens) avec Nine Entertainment et Seven West Media.

Google et Facebook bluffent-ils cette fois-ci?

Grâce à l’entrée en vigueur de la loi et des 200 millions de dollars de redevances versés par Google et Facebook depuis, la situation financière des médias australiens s’est considérablement améliorée.

À un point tel que la codirectrice du Centre de transition des médias de l’Université de la Technologie à Sydney, Monica Attard, déclarait un an après l’entrée en vigueur de la loi qu’elle avait du mal à trouver des stagiaires, car un grand nombre d’emplois avaient été créés en journalisme et donc les étudiants privilégiaient cette voie.

Je n’ai rien vu de tel en 20 ans, je le jure , a-t-elle affirmé au Columbia Journalism Review.

Aujourd’hui, Meta (Facebook) et Google menacent de bloquer les liens vers les contenus d’actualité, cette fois au Canada et en Californie. Brian Merchant, chroniqueur au Los Angeles Times, signait un papier le 5 juillet dans lequel il affirmait qu’il s’agit d’un bluff.

Andy Stone, le chef du département des communications de Meta, m’a écrit dans mes messages privés : "Je vous déconseille de penser que ce n'est pas une vraie menace."Je lui ai demandé pourquoi ce serait différent de ce qui s'est passé en Australie. Je lui ai demandé si Facebook avait une contre-proposition. Il n'y a pas eu de réponse.

La loi australienne adoptée après que Facebook et Google aient fait marche arrière avec leurs menaces est un précédent important difficile à ignorer.

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