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Ozempic et ses publicités « Parlez-en à votre médecin » suscitent des inquiétudes

Un tramway de la CTT avec une publicité d'Ozempic.

De nouvelles publicités d'Ozempic sont affichées dans le réseau de transport en commun de Toronto.

Photo : Radio-Canada / Jérémie Bergeron

Le médicament Ozempic, destiné aux diabétiques, mais de plus en plus prescrit pour perdre du poids, gagne en popularité au Canada appuyé par une importante campagne de publicité.

À Toronto par exemple, les publicités d'Ozempic sont dans les tramways, les autobus et sur les murs de stations de métro de la Commission de transport (CTT).

Ça me frustre parce qu'il faut que je combatte la publicité et les attentes que les personnes ont quand elles viennent avoir une conversation avec moi, mentionne le pharmacien Alexander Mihaila.

L'Ozempic, un médicament administré par injection, vise à traiter le diabète de type 2 chez les adultes.

Alexander Mihaila, « Monsieur le pharmacien », dans sa pharmacie au centre-ville de Toronto.

Le pharmacien Alexander Mihaila affirme devoir combattre la publicité au quotidien pour expliquer le rôle principal du médicament Ozempic. (Photo d'archives)

Photo : Alexander Mihaila “Monsieur le Pharmacien”

L'Ozempic et la perte de poids

Consulter le dossier complet

Des boîtes d'Ozempic.

Mais lorsqu'il est combiné avec de l’exercice physique et un régime alimentaire adéquat, il peut faire en sorte qu'une personne maigrisse.

La majorité de mes clients [qui se procure de l'Ozempic] à la pharmacie sont des gens qui veulent perdre du poids et qui ne sont pas diabétiques.

Une citation de Alexander Mihaila, pharmacien à Toronto

Santé Canada, qui n'a jamais eu de demande pour homologuer l'Ozempic pour la perte de poids, constate une augmentation de la demande pour ce médicament et reconnaît que des patients pourraient craindre que cela entraîne des problèmes d'approvisionnement.

Si cela se produisait, cela se ferait en partie au détriment des patients qui ont besoin de l'Ozempic pour traiter leur diabète de type 2.

L'influence de la publicité pharmaceutique

L'industrie pharmaceutique est bien au courant de l'influence de la publicité sur les futurs consommateurs, selon le professeur émérite à l'Université York Joel Lexchin.

Des publicités d'Ozempic dans un tramway de Toronto.

Un tramway de Toronto est placardé de publicités « Parlez-en à votre médecin » pour le médicament Ozempic.

Photo : Radio-Canada / Jérémie Bergeron

La publicité Parlez-en à votre médecin est une stratégie publicitaire souvent utilisée par ces compagnies pour démocratiser un produit, déclare-t-il.

Ce type de publicité déforme les indications des médicaments, il donne l'impression que le médicament devrait être beaucoup plus largement utilisé que ce pour quoi il est indiqué, explique celui qui étudie les politiques pharmaceutiques depuis plus de 35 ans.

La publicité d'Ozempic envoie un message de solution miracle, dit quant à elle la postdoctorante en psychologie à l'Université McGill Catherine Juneau.

Une femme sourit.

Catherine Juneau se penche sur l'effet de la méditation de la pleine conscience sur la régulation des émotions et la prévention des troubles alimentaires et de l'obésité.

Photo : Fournie par Catherine Juneau

Quand on voit souvent une publicité, cela crée une habitude et le produit devient plus accessible quand on le voit à plusieurs endroits. On a un sentiment de familiarité avec le produit, explique-t-elle.

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Des études ont démontré que quand un patient demande à son médecin un médicament en utilisant son nom précis, qu'il en ait besoin ou non, les chances d'avoir une prescription pour le produit sont plus grandes, explique le professeur Lexchin.

Les médecins sont aussi vulnérables à la publicité, rappelle-t-il.

Des plaintes à Santé Canada

Une publicité sur un mur dans un sous-sol du réseau de transport de Toronto.

Des publicités d'Ozempic peuvent aussi être aperçues à l'intérieur du réseau de transport, notamment dans la gare Union de Toronto.

Photo : Radio-Canada / Yannick Jacques

Santé Canada confirme avoir reçu plus de 20 plaintes concernant les publicités Parlez-en à votre médecin d'Ozempic.

Dans une déclaration écrite envoyée à Radio-Canada, Santé Canada indique qu'après révision du dossier, le Ministère a conclu qu’aucune de ces publicités ne va au-delà de ce qui est permis.

C'est le ministère de la Santé qui élabore les politiques et lignes directrices qui réglementent les produits de santé commercialisés, mais leur publicité est examinée et préapprouvée par des organismes indépendants de préapprobation de la publicité qui vérifient que toutes les publicités proposées sont conformes à la réglementation canadienne.

La pharmaceutique Novo Nordisk, qui a conçu le médicament, n'a pas voulu divulguer des informations concurrentielles sur la publicité, les ventes ou les finances de l'entreprise.

En vertu de la loi canadienne, la publicité directe sur les médicaments destinée aux consommateurs n'est pas autorisée à contenir des informations sur l'utilisation thérapeutique d'un produit, écrit la responsable des communications de Novo Nordisk, Kate Hanna.

Nous investissons dans la publicité directe au consommateur réglementée et examinée de manière indépendante, qui encourage les patients à parler avec leur médecin pour en savoir plus sur Ozempic, ajoute-t-elle.

Des changements réclamés

Santé Canada devrait prendre ses responsabilités pour mieux réguler la publicité émanant de l'industrie pharmaceutique, croit le professeur Joel Lexchin.

Une affiche publicitaire dans un tramway de Toronto.

Plusieurs affiches publicitaires d'Ozempic ont fait leur apparition dans les véhicules de la Commission de transport de Toronto.

Photo : Radio-Canada / Jérémie Bergeron

Au fil des ans, Santé Canada a été disposé à confier la réglementation et la promotion soit à l'industrie elle-même, soit à une tierce partie fortement dominée par des organisations liées à l'industrie, affirme-t-il.

Il estime qu'il devrait y avoir un vrai organisme indépendant pour évaluer les publicités pharmaceutiques avec des sanctions plus sévères pour les contrevenants.

Il suggère entre autres de hausser les pénalités pour violation des codes publicitaires contrairement aux pénalités actuelles, qu'il juge minimes.

Santé Canada pourrait décider que les publicités comme celles d'Ozempic dans la CTT ne sont pas permises et cela réglerait le problème, mais elle ne veut pas le faire, conclut le professeur Joel Lexchin.

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