•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Des chèques d’aide sociale versés à des migrants qui ont quitté le Canada

Arrivés par le chemin Roxham, des migrants sont partis aux États-Unis et touchent toujours l’aide gouvernementale du Québec, qui ignore l’ampleur du phénomène.

Des hommes avec une valise.

De plus en plus de migrants tentent de rejoindre clandestinement les États-Unis, tout en conservant l'aide financière du gouvernement du Québec.

Photo : Radio-Canada / Romain Schué

Venir au Québec, toucher l’aide financière de dernier recours, puis partir clandestinement aux États-Unis tout en recevant toujours, chaque mois, quelques centaines de dollars du gouvernement. C’est le parcours que suivent plusieurs demandeurs d’asile.

Potentiellement, des centaines, voire quelques milliers de personnes ont pris cette trajectoire devenue de plus en plus populaire chez les migrants entrés plus tôt, par exemple, par le chemin Roxham.

Différentes sources ont décrit à Radio-Canada ce phénomène qui prendrait de l’importance, selon nos informations.

Récemment, cette problématique est également arrivée aux oreilles du gouvernement Legault.

Il a été porté à notre attention que certains demandeurs d’asile traversent la frontière vers les États-Unis et continueraient de recevoir une aide financière de dernier recours, confirme la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau, dans une déclaration envoyée à Radio-Canada.

Des mesures de conformité et des enquêtes sont en cours sur ces cas afin de s’assurer que les personnes qui ne résident plus au Québec cessent de recevoir de l’aide de dernier recours.

Une citation de Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire

Québec ignore cependant les montants versés illégalement et le nombre de demandeurs d’asile concernés, alors que ces derniers ont déjà quitté la province.

Une personne a l’obligation de déclarer tout changement dans sa situation, incluant le fait de quitter le Québec même temporairement, qui aurait un impact sur le montant de la prestation. La personne est tenue de rembourser l’aide qui aurait été versée en trop, indique simplement une porte-parole du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

Des gens dans une forêt.

Le nombre de personnes interceptées par les autorités américaines après avoir franchi la frontière canado-américaine est en forte hausse.

Photo : Facebook / US Border Patrol Swanton Sector

Un exode important vers les États-Unis

Comme l’a révélé Radio-Canada le mois passé, cet exode vers le sud, surnommé southbound par les forces policières, est en pleine augmentation.

Entre les mois de février et mars, 1156 personnes ont été interceptées par les autorités américaines dans le secteur Swanton, qui couvre principalement la frontière entre le Québec et l’État de New York. Celles-ci proviennent de 33 pays différents, mais la grande majorité d’entre elles sont originaires du Mexique et du Venezuela.

Il s’agit d’une hausse de 1200 % par rapport à l’année précédente. Et cette tendance se poursuit. Le nombre est à la hausse. Nos policiers font des interceptions quotidiennes sur tout le territoire desservi par la GRC, explique Charles Poirier, porte-parole de la Gendarmerie royale du Canada.

Une proportion significative de ces interceptions southbound sont des individus ayant transité par le chemin Roxham dans les mois ou années précédentes.

Une citation de Charles Poirier, porte-parole de la GRC

Une partie de ces migrants, entrés illégalement aux États-Unis, sont par la suite renvoyés par avion au Texas, avant d’être expulsés dans leur pays d’origine.

Ces données ne reflètent cependant pas le portrait global de la situation, puisque ce nombre n’inclut pas tous ceux qui ont réussi à franchir la frontière canado-américaine sans se faire prendre.

Qui peut toucher l’aide financière de dernier recours?

Toute personne, résidant au Québec, qui a vu sa demande d’asile être jugée recevable par les autorités fédérales, peut obtenir l’aide financière de dernier recours du gouvernement du Québec. Une personne dont la demande d’asile a été refusée peut elle aussi recevoir cette aide financière si sa présence au Canada est permise, détaille une porte-parole du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. La prestation de base est de 725 $ par mois par adulte et peut s’élever à 1167 $ par couple.

Pas de convocation pour les demandeurs d’asile au Québec

Même s’il reconnaît enquêter actuellement sur le sujet, le gouvernement du Québec semble avoir peu de moyens pour limiter ou éradiquer ce problème.

Selon le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, des échanges d’informations existent avec les provinces limitrophes de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick pour éviter que des demandeurs d’asile ayant déménagé reçoivent plusieurs prestations provinciales en même temps. Mais aucune mesure n’a été mise en place pour vérifier si un demandeur d’asile a quitté le Canada sans prévenir les autorités.

À la suite d’une décision administrative, les convocations des demandeurs d’asile, au Québec, ont été suspendues en raison notamment d’un important volume de dossiers à traiter, admet le ministère. Ce dernier affirme également prioriser l’émission du premier chèque d'aide sociale pour ces migrants.

Des réflexions sont en cours sur la meilleure stratégie à mettre en place pour assurer l’application de l’ensemble des activités de conformité aux dossiers des demandeurs d’asile, en tenant compte de la capacité organisationnelle et des particularités de cette clientèle.

Une citation de Catherine Poulin, porte-parole du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale

Des vérifications de conformité concernant l’identité et l’adresse des demandeurs d’asile sont parfois menées, mais uniquement pour ceux qui veulent recevoir leur chèque main à main en se rendant dans un bureau gouvernemental, précise Catherine Poulin, porte-parole du ministère.

Des demandeurs d'asile sont accueillis par un agent de la Gendarmerie royale du Canada.

Près de 40 000 personnes sont arrivées au Canada par le chemin Roxham en 2022.

Photo : La Presse canadienne

Des dettes gouvernementales en forte hausse

L’an passé, près de 59 000 demandeurs d’asile sont arrivés au Québec. Il s’agit d’un record. La majorité d’entre eux perçoivent l’aide financière de dernier recours.

En février, selon des données fournies à Radio-Canada par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, 38 000 adultes demandeurs d’asile ont reçu de telles prestations, pour un total de 28,2 millions de dollars versés durant ce mois.

Or, là encore, il y aurait des dérives, puisque Québec est actuellement à la recherche de plusieurs millions de dollars versés en trop à des demandeurs d’asile.

Normalement, « l’aide financière prend fin lorsque la personne aura des revenus suffisants [comme des] revenus de travail ou tout autre type de revenu », détaille Catherine Poulin.

D’après Québec, près de 7100 demandeurs d'asile ont ou ont eu une dette à régler depuis 2021. Au total, le gouvernement cherche à récupérer 9,3 millions de dollars. Seulement le tiers de cette somme, soit 3,1 millions, a pour l’instant été recouvré.

Ces montants n’incluent évidemment pas les sommes touchées par ceux qui ont quitté le pays et qui continuent de recevoir cette aide sociale.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.