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ArchivesRouyn-Noranda : une population touchée par l’exploitation des ressources naturelles

Une femme regarde de son balcon une des cheminées de la Fonderie Horne.

Depuis 1927, la population de Rouyn-Noranda paie un lourd tribut à l'exploitation des ressources naturelles de la région.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le débat autour de la gestion des rejets toxiques de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda fait partie de l’actualité nationale depuis longtemps. C’est depuis presque 100 ans que les citoyens de ce coin d’Abitibi subissent les dommages environnementaux que provoque l’exploitation des ressources naturelles.

Un problème depuis longtemps reconnu…

[…] Le groupe de la compagnie Noranda croit dans l’usage sage de nos ressources, selon les lois de la nature. Dans toutes ses opérations, le groupe doit prendre des mesures ordonnées et positives […] réalisant que la protection de l’environnement ne s’accomplit pas seulement par le traitement des résidus, mais par la prévention et le contrôle de l’air, de l’eau et de la terre.

Une citation de Harty S. Bérubé, gérant de la mine Noranda en 1971, citant des directives de la compagnie Noranda

Depuis le tout début, des choses étaient faciles à solutionner quand même, on ne s’est absolument pas souciés du problème.

Une citation de Jacques Fisette, 1971

Ces deux citations proviennent d’un reportage que la journaliste Denise Bombardier a produit dans la région de Rouyn-Noranda et qu’elle a présenté à l’émission Format 60 le 30 mars 1971.

Format 60, 30 mars 1971

Ces citations confirment ce que l’on sait et reconnaît depuis déjà plusieurs décennies.

L’exploitation des ressources forestières et minières provoque des dégâts environnementaux importants en Abitibi et dans la région de Rouyn-Noranda.

Au début des années 1970, on reprochait surtout aux compagnies forestières et minières leur contamination des eaux.

Les années passent et l’on comprend que le problème s'étend bien davantage qu’aux simples lacs et rivières.

... et dont on connaît l’ampleur depuis longtemps

Il n’est pas besoin d’instruments sophistiqués pour détecter la pollution de l’air et de l’eau à Rouyn-Noranda. Le nez et les yeux suffisent.

Une citation de Pierre Nadeau, 1984

Le 15 novembre 1984, l’émission Le Point, animée par Pierre Nadeau, présente un reportage du journaliste Bernard Pelletier qui détaille l’ampleur et les conséquences de la pollution à Rouyn-Noranda.

Le Point, 15 novembre 1984

C’est en 1927 que la mine Noranda et la Fonderie Horne ont commencé leur exploitation dans la région de Rouyn-Noranda.

Les poussières que crachent les deux cheminées de la Fonderie Horne contiennent du plomb, du mercure, de l’arsenic et de l’anhydride sulfureux, entre autres.

Dès 1936, le lac Osisko était tellement contaminé par les activités de la fonderie et de la mine qu’il ne pouvait plus servir de source d’approvisionnement en eau pour les habitants des environs.

En 1979, un rapport du Bureau d’études sur les substances toxiques (BEST) du gouvernement du Québec documentait les ravages produits par les rejets de la Fonderie Horne et de la mine Noranda.

L’analyse confirmait notamment l’excès de mortalité à la suite des maladies pulmonaires et respiratoires dans la région, ainsi que la concentration élevée d’arsenic dans le sang des enfants qui posait un danger pour leur santé.

Le reportage souligne que la norme provinciale québécoise d’émissions de tels rejets était alors deux fois moins sévère que celle de l’Ontario.

Or, malgré cette indulgence, les émanations de la Fonderie Horne dépassaient 143 fois, de janvier 1982 à juillet 1984, la norme permise par le Québec.

D’une certaine manière, la compagnie reconnaissait sa culpabilité en prenant une décision un peu ironique.

Elle acceptait en effet d’indemniser, à la Cour des petites créances, les propriétaires de voitures dont la peinture des carrosseries avait été corrodée par ses rejets.

Noranda a aussi dédommagé les propriétaires de jardins dont les sols avaient été rendus inutilisables pour la culture potagère.

Découverte, 27 octobre 1991

Le 27 octobre 1991, le journaliste Jean-Pierre Rogel et la réalisatrice Marièle Choquette présentent un reportage à l’émission Découverte qu'anime Pierre Maisonneuve.

Ce reportage rappelle qu’en 1990, les cheminées de la Fonderie Horne crachaient 147 000 tonnes de gaz sulfurique, 340 tonnes de plomb et 70 tonnes de cadmium et d’arsenic.

Il s'agit de substances qui sont toutes dangereuses pour la santé humaine. Le plomb, par exemple, peut entraver le développement du cerveau et des os chez les enfants.

Leur trop grande présence peut également faire apparaître des problèmes de comportement et de baisse du quotient intellectuel.

La compagnie minière a reconnu une part de responsabilité.

En 1990 et 1991, par exemple, elle a fait nettoyer, à ses frais, les terrains des propriétés du quartier Notre-Dame, le plus exposé aux émissions de la Fonderie Horne.

Le reportage admet que la situation s’est améliorée depuis une décennie. Cependant, le progrès est aussi imputable aux efforts d'un mouvement de citoyens de Rouyn-Noranda qui, depuis 1976, se bat pour que la compagnie Noranda prenne ses responsabilités.

Si le reportage se termine sur une note relativement positive, il laisse planer un doute.

La science découvre régulièrement de nouveaux dangers des émissions de contaminants chimiques et métallurgiques.

En 2019, une étude du gouvernement du Québec a révélé chez les enfants du quartier Notre-Dame de Rouyn-Noranda une imprégnation à l’arsenic (absorption) quatre fois supérieure à l’ensemble de la population provinciale.

En mai 2022, une partie, demeurée jusque-là confidentielle, de la même enquête, a dévoilé que la population de Rouyn-Noranda était soumise à des risques de cancer du poumon et de maladies respiratoires chroniques de 30 % à 50 % supérieurs à ceux auxquels est exposée l’ensemble de la population du Québec.

Dans des échanges avec le gouvernement du Québec publiés le 12 avril 2023, la compagnie Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne depuis 2013, a remis en question la validité scientifique des études publiées par la santé publique provinciale.

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