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Les enseignants à la retraite appelés en renfort au Nouveau-Brunswick

Il y a un nombre record de suppléants sur la liste du plus important district scolaire francophone de la province.

Depuis un an et demi, l'enseignante à la retraite Chantal Duguay Mallet travaille comme suppléante trois jours par semaine à l'école Les Bâtisseurs et à l’école Sainte-Anne de Fredericton.

Depuis un an et demi, l'enseignante à la retraite Chantal Duguay Mallet travaille comme suppléante trois jours par semaine à l'école Les Bâtisseurs et à l’école Sainte-Anne de Fredericton.

Photo : Radio-Canada / Mikael Mayer

Alors que la pénurie de main-d'œuvre des enseignants se fait de plus en plus ressentir au Nouveau-Brunswick, les retraités sont appelés à revenir en salle de classe.

La pénurie de main-d'œuvre est au cœur des moyens de pression des enseignants sur le gouvernement du Nouveau-Brunswick, qui demandent de meilleures conditions de travail.

Dans ce contexte, l’Association des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick fait appel à sa force grise, ses enseignants retraités, à reprendre la craie.

Au District scolaire francophone Sud, ils sont 145 retraités à venir prêter main forte cette année, un nombre record.

On compte sur ces gens-là, sinon on va avoir n'importe qui devant la classe.

Une citation de Nathalie Brideau, présidente de l'Association des enseignantes et enseignants francophones du Nouveau-Brunswick

Je pense qu'on n’a pas fini de voir des enseignants retraités parce que d'ici les dix prochaines années on sait qu'on va perdre à la retraite peut-être 40 % du personnel enseignant des écoles francophones du Nouveau-Brunswick, donc on espère que ces gens-là ont encore la passion et le feu sacré pour revenir au travail, indique Nathalie Brideau.

Des enseignantes de retour pour la cause

Après plus de 26 ans dans l'enseignement à Fredericton, Chantal Duguay Mallet a pris sa retraite, mais pas pour longtemps. À peine deux mois après, elle était de retour à l'école, cette fois comme suppléante flottante.

J'adore être ici, j'adore être avec les enfants, j'adore mettre ma clé dans la porte. Je suis enseignante, ça me nourrit définitivement, ça me nourrit, dit-elle.

Depuis un an et demi, Chantal travaille trois jours par semaine à l'école Les Bâtisseurs et à l’école Sainte-Anne de Fredericton.

Depuis un an et demi, Chantal travaille trois jours par semaine à l'école Les Bâtisseurs et à l’école Sainte-Anne de Fredericton.

Photo : Radio-Canada / Mikael Mayer

Je sais que l'année prochaine, il y a deux profs qui se préparent à prendre leur retraite et je leur ai demandé : "et puis, venez-vous nous retrouver?" Puis ils disent que oui, qu'ils reviendraient l'an prochain. On serait cinq retraités de l'école qui feraient de la suppléance, indique Mme Duguay Mallet.

Le retour de ces enseignants est devenu nécessaire, selon elle.

Je vois la place qu'on prend. Puis l'accueil qu'on reçoit, puis le commentaire qu'on entend c'est : "ouf. Merci d'être là". On comble un besoin.

Une citation de Chantal Duguay Mallet, enseignante retraitée et suppléante

Le district reconnaissant

Ces suppléants sont accueillis à bras ouverts par le District scolaire francophone Sud. Le district prévoit que 33 enseignants seront admissibles à la retraite d’ici la fin de l’année scolaire,  et que 390 le seront d’ici 10 ans, soit environ le tiers de tous les membres du personnel enseignant de l'organisation.

Monique Boudreau, directrice générale du District scolaire.

Monique Boudreau, directrice générale du District scolaire.

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Le district scolaire a été contraint de fermer des classes au début de l'année scolaire en raison de la pénurie de main-d'œuvre. La région doit en plus composer avec une hausse importante d'inscriptions dans ces écoles.

On pensait avoir 300 élèves de plus cette année, mais on est rendus à 800 élèves de plus que l'année dernière. La majorité ce sont des élèves issus de l'immigration et sont allophones, donc on doit les franciser et ça nécessite de l'appui supplémentaire, fait valoir Monique Boudreau, directrice générale du District scolaire francophone Sud.

Pour pallier la pénurie, il y a bien les étudiants diplômés de l'Université de Moncton, mais ce ne sera pas suffisant, reconnaît Monique Boudreau. Selon elle, la solution repose, entre autres, sur une stratégie provinciale de recrutement et de fidélisation des enseignants.

On n'a pas le contrôle sur les salaires ni sur les primes d'engagement. Nous, on n'a pas le contrôle sur ces incitatifs et ça fait des années qu'on le demande, dit Monique Boudreau.

Une barrière de moins

Pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre, la fédération des enseignants du Nouveau-Brunswick a suspendu juste avant la pandémie - en juillet 2018 - la règle selon laquelle les enseignants retraités qui font de la suppléance ne peuvent travailler plus de 80 jours par année sans avoir un impact sur leur pension.

"Nous, notre vision, c'est qu'on paye mieux les suppléants point à la ligne. Peu importe qu'il soit retraité ou non", dit Nathalie Brideau, présidente de l'Association des enseignantes et enseignants francophones du Nouveau-Brunswick

Notre vision, c'est qu'on paye mieux les suppléants point à la ligne. Peu importe qu'il soit retraité ou non, dit Nathalie Brideau, présidente de l'Association des enseignantes et enseignants francophones du Nouveau-Brunswick

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

La levée temporaire de cette règle de 80 jours au moins jusqu'en 2024 devrait faciliter le retour des retraités.

On a été obligé d'enlever cette contrainte-là et on a continué à le faire sinon la pénurie continue puis on pense qu'on en aura encore pour un bout de temps, dit Nathalie Brideau, présidente de l'AEFNB.

La pénurie va s’accentuer

L'association veut rencontrer le ministère de l'Éducation rapidement.

Surtout qu'il y a une pénurie dans plein de domaines. Au moment où je vous parle, on attend encore, dit Nathalie Brideau.

Nathalie Brideau dit craindre que, si la tendance se maintient, la qualité d'enseignement en paye le prix.

Qu'est ce qui va se passer quand les enfants vont faire des examens du ministère et on va voir peut-être les résultats qui sont pas ceux auxquels on s'attend ? Déjà on a des répercussions au niveau de la pandémie et maintenant si on envoie n'importe qui devant une salle de classe, qu'est-ce qui va arriver ?

Chantal Duguay Mallet a aujourd'hui 65 ans et espère pouvoir continuer à faire de la suppléance tant et aussi longtemps que la santé lui permettra de le faire.

On n’aura pas de choix, pas seulement pour combler les postes vacants. Aussi parce que les jeunes qui entrent sur le marché du travail ont le goût parfois d'aller voir ailleurs, dit-elle.

Même si elle est satisfaite du système en place, elle reconnaît que la profession a changé aujourd'hui, que la pression et les attentes sont élevées envers la nouvelle génération.

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