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Les ressources en santé mentale au Bas-Saint-Laurent sont-elles suffisantes?

Une intervenante réconforte une citoyenne sur le parvis de l'église.

Plusieurs intervenants sociaux ont été déployés à Amqui à la suite de la tragédie de l'attaque au camion-bélier.

Photo : Radio-Canada / Simon Turcotte

Radio-Canada

« On doit en faire plus pour la santé mentale », a affirmé le premier ministre François Legault lors de son passage à Amqui, jeudi. Bien qu'on ignore pour l'instant si l'auteur de l'attaque au camion-bélier survenue lundi présentait de tels problèmes, le premier ministre s'est demandé si ce drame aurait pu être évité s'il y avait eu plus de services.

Au Bas-Saint-Laurent, plusieurs intervenants en santé mentale considèrent que les ressources sont insuffisantes, tant dans la région que dans l'ensemble de la province.

C'est sûr qu'on pourrait toujours avoir plus de ressources. On ne peut pas dire : on en a suffisamment, on répond à tout; c'est pas vrai, affirme André Boudreau, directeur général de l'organisme C-TA-C.

L'organisme travaille à aider les hommes qui vivent des difficultés ou ont un comportement violent. C-TA-C offre des services dans quatre MRC du Bas-Saint-Laurent : Rimouski, La Matapédia, La Mitis et La Matanie. Un vaste territoire de 14 000 kilomètres carrés.

André Boudreau explique que les intervenants de son organisme font régulièrement des rondes sur le territoire et rencontrent les hommes qui ont sollicité leur aide. Deux intervenants se rendent habituellement à Amqui chaque semaine. Les interventions peuvent également se faire par téléphone ou vidéoconférence.

Pour de l'aide : 

Drame à Amqui

Consulter le dossier complet

Gros plan sur des peluches.

Le mythe de l'homme résilient, censé pouvoir faire face aux tempêtes sans aide extérieure, est très persistant dans la société, selon M. Boudreau, ce qui nécessite une adaptation particulière lors des premières interventions. On assume dès la prise de contact que la personne pourrait se trouver en zone de risque. On essaie de creuser au moment de l'appel. C'est quoi, ton histoire? Qu'est-ce que tu vis? Puis on a des indicateurs qui vont faire émerger des risques possibles, explique le directeur.

En 2022, le C-TA-C a accueilli 512 hommes, ce qui correspond à une hausse de plus de 15 % par rapport à l'année précédente. Les ressources de l'organisme ont cependant doublé depuis quelques années, ce qui lui permet de répondre à une nouvelle demande en deux à trois semaines. En situation d'urgence, ils peuvent intervenir plus rapidement, précise André Boudreau.

Nos services de première ligne sont adéquats

Le porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent affirme de son côté que les ressources publiques en place parviennent à accomplir leur mission. Nos équipes sont équipées pour bien faire le travail, indique Gilles Turmel.

Il souligne notamment l'existence d'une équipe de travailleurs sociaux et de psychologues pour La Matapédia.

Le porte-parole concède cependant que la liste d'attente en santé mentale a augmenté depuis la pandémie.

Personnes sur une liste d’attente pour un psychologue dans le réseau public

Bas-Saint-Laurent867
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine522
Québec20 831

Source : Ministère de la Santé et des Services sociaux, septembre 2022

En ce qui concerne les services de deuxième ligne, le seul service de psychiatrie du Bas-Saint-Laurent se trouve à Rimouski.

Questionné sur la qualité des services en santé mentale dans la région, le vice-président de l'Association des psychologues du Québec répond sur un tout autre ton.

Les conditions ne sont pas adéquates en ce moment [...] ce qui prive la population d'un certain service.

Une citation de Gaëtan Roussy, vice-président de l'Association des psychologues du Québec et psychologue

En plus des distances à parcourir pour obtenir certains services, plusieurs facteurs contribuent à l'inadéquation des services publics à l'égard de la population. C'est un ensemble de choses, c'est assez complexe, indique Gaëtan Roussy, qui cite parmi les raisons principales le manque de ressources et l'organisation défaillante des soins de première ligne et des services en santé mentale.

Bien qu'il ait accueilli positivement les paroles du premier ministre François Legault, qui a indiqué ce vendredi souhaiter injecter plus d'argent dans les services en santé mentale, le psychologue insiste sur la nécessité de réorganiser les soins de première ligne.

Il reste les organismes communautaires, mais ils sont sous-financés, déplore-t-il.

Il nous faut davantage d'argent pour accomplir notre mission de base

Nanny Gaudet est directrice générale de Rayon de Partage en santé mentale, un organisme qui a pignon sur rue à Amqui. Sa mission est d'offrir un service de soutien dans la vallée de la Matapédia, axé sur l'entraide et la solidarité.

Mme Gaudet est claire au sujet du financement de l'organisme dont elle est responsable : un meilleur financement, récurrent, est vivement souhaité pour assurer sa pérennité. Le Programme de soutien aux organismes communautaires reconnaît l'organisme Rayon de Partage et finance ses projets. Cependant, un financement basé sur la mission générale de l'organisme lui donnerait plus de stabilité et de latitude.

Une telle garantie de fonds prémunirait l'organisme du départ de ses ressources humaines, ce que craint la directrice. Son personnel est très précieux, souligne-t-elle, et son remplacement serait très laborieux.

On sème les graines, on arrose, c'est long à faire pousser. C'est pas toutes les graines qui poussent au même rythme, explique Nanny Gaudet, ce qui constitue une raison supplémentaire de disposer d'une équipe stable.

Ce qu'on voit dans le communautaire de plus en plus, c'est qu'on a de la peine à recruter, renchérit Anne-Marie Boucher, co-coordonnatrice du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec. Il faut continuer au Québec à développer les services d'accompagnement et d'écoute, dit-elle.

Anne-Marie Boucher souligne que les organismes communautaires jouent un rôle de proximité avec le milieu, et que leurs intervenants sont outillés pour favoriser une approche non répressive et volontaire auprès de la population.

Le Québec dispose d'une centaine de ressources alternatives, et de plus de 300 groupes communautaires en santé mentale.

Avec les informations de Patrick Bergeron et de Shanelle Guérin

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