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Santé mentale : « attention à la stigmatisation », disent des experts

Les psychiatres Marie-Ève Cotton et Olivier Farmer rappellent l'importance de compter sur un réseau social fort en matière de santé mentale.

Un homme assis par terre, la tête appuyée dans sa main.

Une consultation médicale sur trois porte sur un problème de santé mentale. (Photo d'archives)

Photo : getty images/istockphoto / Srdjanns74

Radio-Canada

Des experts ont rappelé mercredi l'importance d'éviter de stigmatiser les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale à la suite des événements survenus à Amqui lundi et ont rappelé l'importance du soutien social et la nécessité d'investir en santé mentale.

C’est clair que je ne m’oppose pas à l’idée qu’on ait un filet de sécurité, qu’on soit sensible aux gens autour de nous, et les citoyens font partie du filet social, a dit la médecin psychiatre et professeure adjointe de clinique à l'Université de Montréal, Marie-Ève Cotton, qui réagissait à l’appel à la vigilance collective lancé par le premier ministre François Legault la veille.

Je pense qu’on a une responsabilité collective, d'abord d’identifier puis d’agir pour que ces personnes-là reçoivent des services. Le gouvernement ne peut pas être dans tous les milieux à identifier chaque personne qui peut avoir des idées négatives.

Une citation de François Legault, premier ministre du Québec

Là où ça passe moins bien, c’est du côté de l’accessibilité aux services publics.

Davantage de consultations, moins d'argent

Drame à Amqui

Consulter le dossier complet

Gros plan sur des peluches.

À l'émission Tout un matin, mercredi, sur les ondes ICI première, la Dre Cotton a dénoncé le manque de ressources allouées à la santé et le manque de services en matière de traitement des dépendances ainsi que la difficulté d’avoir accès à des services publics en psychothérapie.

Je veux bien qu’il fasse un appel à la population, mais j'aimerais d’abord qu’il remplisse sa responsabilité de premier ministre et de gouvernement de rendre accessibles les services en santé mentale et les traitements des dépendances et de toxicomanie.

Les coupes dans le réseau de la santé ont des conséquences, encore aujourd'hui, particulièrement du côté de la santé mentale et de la prévention. Près de 33 % des consultations médicales concernent un problème de santé mentale, alors que ce secteur se voit octroyer le septième du budget de la santé au Québec, a évoqué la psychiatre, qui a mis en garde contre la stigmatisation des personnes souffrant de maladies mentales sur de nombreuses tribunes publiques par le passé.

En termes de services à la détresse, si les gens demandent de l’aide et qu’on les place sur des listes d'attente... C’est là qu’il faut être conséquent comme gouvernement.

Une citation de Dre Marie-Ève Cotton, médecin psychiatre et professeure adjointe de clinique à l'Université de Montréal

Pour appuyer ses propos, elle cite le fait que seuls 22 % des tueurs de masse avaient des problèmes de santé mentale, bien qu’ils puissent s’être trouvés en grande détresse au moment des faits.

En détresse assurément

Le Dr Olivier Farmer, psychiatre et porte-parole de l’Association des médecins psychiatres du Québec, pense aussi qu’il faut éviter de créer des amalgames entre maladie mentale, crise et détresse. Il se peut que la personne vive de la colère, ait un désir de vengeance ou soit sous l’influence de substance sans que ce soit relié à une maladie mentale, dit celui qui pratique à l'hôpital Notre-Dame.

Très souvent, cela ne l’est pas, a-t-il expliqué à L’info maintenant sur les ondes de RDI.

Qu’on recommande aux gens d’aller chercher de l’aide quand c’est nécessaire, mais le gouvernement a sa part de responsabilité dans l’accessibilité des soins en santé mentale, et ça, je trouve qu’il ne remplit pas son mandat [à cet égard], réitère la Dre Cotton, qui pratique au Nunavut depuis des années. Elle est aux premières loges pour constater le manque de ressources, notamment dans le traitement des dépendances et des violences familiales.

De son côté, le Dr Farmer estime que l’entraide peut aussi s’avérer une bonne stratégie entre collègues ou camarades de classe, estime-t-il. Dans n’importe quel groupe, il faut avoir la notion de s'occuper les uns des autres, de ne pas créer des conflits inutiles. [...] il y a de la place pour de l’entraide, il y a de la place pour de la vigilance.

Agir en amont

La prévention s’avère un précieux allié. Et selon la Dre Cotton, il faut voir plus large que les services en santé, il faut miser sur la prévention, réduire l’exclusion sociale et enrayer l’intimidation.

Celle-ci a mentionné des faits qu'il est bon de rappeler : 70 % des tueurs de masse sont des gens très isolés et ceux-ci ont souvent été intimidés dans leur vie, dans leur jeunesse.

[Sachant cela] qu’est-ce qu’on fait pour lutter contre l’exclusion sociale? demande-t-elle. C’est un facteur important dont on n'entend jamais parler. Qu’est-ce qu’on fait comme lutte contre l’intimidation? Ça aussi, ce sont des questions qu’on devrait se poser.

Le Dr Olivier Farmer, de l’Association des médecins psychiatres du Québec, conseille quant à lui de parler à nos proches si on voit que certains d’entre eux vivent des moments difficiles ou semblent avoir des comportements imprévisibles. Vraiment, la première chose à faire est de parler à cette personne, de voir ce qui se passe et de voir pourquoi c’est comme cela. [...] beaucoup de choses peuvent être faites par des proches.

La prévention, ce n’est pas juste bon pour les quelques jours avant qu’une personne commette ces actes-là. Ça se construit, ce genre de frustrations, qui peut-être qui va exploser [un jour]. Ça se construit sur des années, explique la Dre Cotton, qui est aussi autrice à ses heures.

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