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ChroniqueMuse et la volonté du peuple

Un homme joue de la guitare devant son batteur sur scène.

Muse a offert quatre concerts au Québec en cinq soirs, de quoi faire plaisir au public de la province.

Photo : Patrick Beaudry, SNAPePHOTO

Que veulent les gens? Que veut le peuple? Cette question aussi complexe qu’existentielle sous-tend le plus récent album du trio britannique Muse, Will of the People, dont la tournée du même nom faisait escale au Centre Bell, mardi soir.

Le chanteur Matthew Bellamy, le bassiste Christopher Wolstenholme et le batteur Dominic Howard prétendent-ils connaître la volonté du peuple? Pas plus que n’importe lequel d’entre nous. En fait, selon Bellamy, les propos de nombre des nouvelles chansons font plutôt état de l’incertitude ambiante et de l’instabilité qui prévaut dans le monde.

Une chose est sûre, le groupe s’est rapidement assuré que les 14 500 personnes qui remplissaient l’amphithéâtre n’oublient pas une seconde la trame narrative du concert.

Après une courte vidéo sur les écrans qui rappelait la pochette du disque paru l’an dernier, le trio accompagné du multi-instrumentiste Dan Lancaster s’est pointé sur scène avec les masques d’apparence métallique des personnages de leurs vidéos.

Le groupe a ouvert le feu – presque littéralement – avec la chanson-titre. Un jeu de lumière éblouissant, des lance-flammes brûlants et une structure métallique façonnée des lettres (W, O, T, P) formant l’anagramme du disque s’enflammaient les unes après les autres pendant que la guitare, la basse et la batterie – lourdes – tonitruaient. Le ton était donné. D’autant plus que deux des plus puissants titres (Hysteria, Psycho) du répertoire de Muse allaient suivre illico, transformant le parterre et les gradins du Centre Bell en une fourmilière.

Univers fictif, musique percutante

Une femme chante sur scène, alors que son batteur joue en arrière d'elle.

La production visuelle durant le segment d’Evanescence avait eu de quoi satisfaire le spectateur le plus exigeant.

Photo : Patrick Beaudry, SNAPePHOTO

À bien des égards, les nouvelles chansons de Muse sont taillées sur mesure pour raconter l’histoire d’un univers fictif dans lequel sévit un état totalitaire.

Pour le spectateur qui assiste au concert au risque d’être sourd le lendemain, le fil de l’histoire se passe autant sur les écrans que sur la scène. Une demi-douzaine de courts métrages nous montrent les protagonistes : ceux avec les masques luisants – le peuple – qui pourraient être une variation de ceux portés par le duo de Daft Punk et les Minotaures qui représentent le pouvoir répressif.

On passe des versions numériques sur les écrans à celles qui prennent forme sous nos yeux par l’entremise de figurines géantes – et drôlement menaçantes – placées derrière les musiciens durant le concert. Fort impressionnant.

Remarquez qu’à plus petite échelle, la production visuelle durant le segment d’Evanescence avait eu de quoi satisfaire le spectateur le plus exigeant avec ses éblouissants lasers qui allaient dans tous les sens pendant qu’Amy Lee et ses collègues se démenaient corps et âme.

La chanteuse américaine a encore toute une voix dans la jeune quarantaine au moment où le groupe célèbre le 20e anniversaire de Fallen, l’album qui les a révélés. Le genre de prestation d’une heure d’un groupe en première partie d’une tête d’affiche, qui, dans d’autres circonstances, aurait pu être la tête d’affiche.

Il y avait aussi les Japonais de One Ok Rock en ouverture, mais j’ai fait l’impasse, vu qu’ils jouaient à 18 h 30… Contrairement à la légendaire actrice Jamie Lee Curtis – brillamment couronnée d’un Oscar, dimanche – qui a publiquement demandé à des artistes et à des groupes comme U2, Coldplay et Bruce Springsteen de se produire en après-midi, je suis de ceux qui préfèrent les concerts en fin de soirée. Bref, hormis durant les festivals, quand un groupe est sur scène à l’heure de la bouffe…

Production spectaculaire

Matthew Bellamy joue de la guitare à genoux sur la scène.

Matthew Bellamy est toujours aussi en forme et a offert une prestation impressionnante.

Photo : Patrick Beaudry, SNAPePHOTO

Mine de rien, Muse en était à un sixième passage à Montréal – cinq fois au Centre Bell et une fois au festival Osheaga – depuis 2010 et les habitués ont eu droit à tout ce qui a fait leur marque de commerce : des explosions de serpentins presque aussi gros que des banderoles (Compliance) et de confettis (Verona), mais aussi des chutes discrètes de confettis, comme une fine pluie, pour Isolated System et Undisclosed Desires.

Bellamy qui, lui aussi, a encore une excellente voix, a mis à contribution son piano lumineux ainsi que son veston illuminé, tandis que Wolstenholme a offert son lot de lignes de basse avec son instrument dont le manche est serti d’ampoules.

Muse a offert sept des dix chansons de son plus récent disque, mais la cohabitation entre les nouveautés et les monuments d’antan a été excellente. Est-ce parce que le trio avait décidé de revenir à un son plus lourd pour cet album? Possible.

La position ferme de Won’t Stand Down a été accueillie avec plaisir, tandis que l’incontournable Time Is Running Out a été l’une des chansons dont le refrain a été repris spontanément par la foule. À cet égard, Madness, Plug In Baby et, bien sûr, Uprising ont déchaîné les passions.

Il était quand même fascinant de voir que des chansons toutes neuves comme We Are Fucking Fucked et You Make Me Feel Like It’s Halloween ont reçu un tel accueil. Il y a un véritable lien de fidélité qui s’est forgé au cours des ans avec les Québécois et les Anglais. Le concert de mercredi au Centre Bell sera le quatrième en cinq soirs au Québec (après le doublé au Centre Vidéotron en fin de semaine).

Cela dit, est-ce que le scénario proposé par Muse dans la chanson Will of the People – une révolution – va se réaliser?

Curieusement, la réponse est peut-être venue par l’entremise des dernières paroles d’un classique vieux de plus de 15 ans du groupe, Knights of Cydonia, interprété à la toute fin du concert et précédé, comme d’habitude, par l’instrumentale L’homme à l’harmonica, d’Ennio Morricone.

Pour être bien sûr que tout le monde saisisse la conclusion du concert, les paroles défilaient en lettres surdimensionnées sur les écrans.

Toi et moi devons nous battre pour nos droits/Toi et moi devons nous battre pour survivre.

Visiblement, pour Muse, la lutte du peuple n’est pas terminée. Mais mardi, le groupe a offert aux gens exactement ce qu’ils désiraient.

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