•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La noix de cajou, pratique mais pas tout le temps éthique

La noix de cajou est un aliment de plus en plus populaire : elle est nutritive, pratique et polyvalente. Mais elle cache aussi des méthodes de production décriées, alors que l’offre de noix équitable reste très faible, a constaté L’épicerie.

Des noix de cajou.

La noix de cajou est très demandée partout dans le monde.

Photo : iStock

À l’instar de l’amande, de la noix de Grenoble et de l’arachide, la noix de cajou a la cote. Elle se consomme aussi bien crue que transformée, notamment en boisson, en beurre ou en fauxmage, un substitut de fromage végétalien.

La production et les ventes de noix de cajou sont en croissance partout dans le monde. En 2020, il s’en est produit plus de 4 millions de tonnes dans le monde. En volume, il se produit plus de noix de cajou que d'amandes ou de noix de Grenoble.

De l’Afrique à l’Asie

La noix de cajou est récoltée principalement en Afrique, notamment au Ghana, en Tanzanie, en Guinée-Bissau, au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Une partie de la production vient aussi du Brésil.

Mais cette noix fait tout un voyage avant d’arriver dans les rayons des épiceries.

En effet, la noix de cajou nécessite d’être séchée, puis chauffée, avant d’être décortiquée.

La noix de cajou s’appelle en fait l’anacarde. C’est la graine contenue dans la pomme de cajou, qui est le fruit de l’anacardier.

Plusieurs sacs et pots de noix de cajou.

À l'épicerie, l'offre de noix de cajou est abondante. Mais impossible pour le consommateur de savoir d'où elles viennent.

Photo : Radio-Canada / L'épicerie

Les pays producteurs transforment peu la noix de cajou. Les noix sont plutôt envoyées en Inde et au Vietnam, où elles sont décortiquées et triées avant d’être exportées vers les marchés consommateurs.

Ce qui a un prix. À 30 $ le kilo, la noix de cajou coûte plus cher que l'amande.

Il faut payer le transport de l'Afrique jusqu'au Vietnam ou en Inde, explique Jean-Jacques Koonou, directeur des opérations chez PR International, un des plus gros importateurs au pays. Ensuite, il faut tout un processus de transformation. C'est une production qui consomme énormément de main-d'œuvre. Si je prends l'exemple d'une usine qui transforme environ 15 000 tonnes de noix de cajou annuellement, il faut jusqu'à environ 400 personnes.

C'est la deuxième coque à l'intérieur de la noix qui nécessite autant de main-d'œuvre. Elle doit être enlevée manuellement à l'aide d'un couteau.

Il faut environ quatre conteneurs de noix de cajou brutes pour fabriquer un conteneur de noix de cajou, précise M. Koonou.

Des conditions de travail décriées

Au fil des ans, plusieurs reportages et des rapports d’ONG ont dénoncé les conditions de travail dans certaines usines de transformation.

Ces reportages ont choqué Christian Guiollot, un importateur de produits équitables de Sherbrooke.

Beaucoup de consommateurs ont été alertés lors d'un reportage qui a été tourné en Inde, où on voit dans des ateliers que les femmes – essentiellement des femmes – décortiquent les noix à la main, sans aucune protection, explique M. Guiollot.

Une femme indienne montre ses doigts brûlés.

Un reportage de France 2 diffusé en 2019 montre qu'en Inde, des femmes se brûlent les doigts en décortiquant à la chaîne des noix de cajou.

Photo : France 2

À l'intérieur des coques des noix, on trouve une substance, une sorte d'acide, qui peut brûler les mains si on les manipule à longueur de journée.

Une citation de Christian Guiollot, fondateur et copropriétaire, Umano commerce équitable

Le prix de l’équitable

Le spécialiste du commerce équitable s’est donc mis à chercher des noix de cajou équitables, transformées dans des conditions de travail acceptables.

Il les a trouvées au Burkina Faso et les importe au Canada directement de la coopérative. Selon les données de Fairtrade Canada, il est le seul à en proposer au pays. Et même si on recense des centaines de petits producteurs équitables, la production de ces noix est très marginale dans le monde.

Il y en a si peu parce que, souvent, dans les produits équitables, on va payer un peu plus cher : il y a des conditions de salaire des producteurs qui sont supérieures. Et, bien sûr, c'est un produit biologique , ajoute M. Guiollot.

Umano parvient cependant à obtenir un prix compétitif en choisissant notamment des noix de cajou brisées en deux. Pour M. Guiollot, elles sont aussi bonnes et pratiques à cuisiner.

Pour Jean-Jacques Koonou, de PR International, les conditions de travail s’améliorent dans les usines de production. Même s’il ne les visite pas toutes, il s’assure de collaborer avec des fournisseurs qui respectent les normes du travail dans les pays de transformation.

J'ai eu l'opportunité d'aller visiter l'usine d'un de nos fournisseurs au Nigeria : les gens étaient bien équipés pour travailler, assure M. Koonou.

De son côté, Christian Guiollot pense que les conditions de travail ne sont pas mauvaises partout. Je n'en sais rien. Je dirais que j'en doute. Maintenant, c'est aux commerçants, aux importateurs, de le démontrer, de le prouver.

Pour le consommateur, impossible de savoir d’où viennent les noix de cajou vendues en épicerie. La majorité des produits n’affichent aucune provenance ou seulement celle du dernier lieu de transformation, c'est-à-dire l’emballage, soit au Canada ou aux États-Unis.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.