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L’Afrique, continent d’avenir et recul de l’« afro-pessimisme »?

Le continent africain au centre de la Terre vue de l'espace

Le 15 novembre 2022, le monde a passé le cap des huit milliards d'habitants. L'Afrique est la région où la population croît le plus fortement sur la planète. Cela représente un possible levier de développement pour le continent.

Photo : iStock

L'« afro-optimisme » gagne en popularité, selon de nombreux Canadiens afro-descendants. Ils revendiquent cette vision plus positive du continent africain, dénonçant au passage l’« afro-pessimisme », qui a longtemps été la norme, selon eux.

Le Torontois Karim Djinko a travaillé comme journaliste en Afrique et au Canada. Il croit que les personnes afro-descendantes, partout dans le monde, sont la source principale de l’« afro-optimisme ». Quand vous regardez la nouvelle génération africaine, elle ne se met pas de limites, dit-il fièrement.

Karim Djinko porte des dreadlocks courts, ramassés vers l'arrière de sa tête. Il est habillé d'un costume et d'une chemise et il sourit légèrement à la caméra.

Karim Djinko participe au développement stratégique d’entreprises et de cadres en matière d’équité, de diversité et d'inclusion.

Photo : VADIM DANIEL PHOTOGRAPHY

Même son de cloche de la part de Mohamed Nour Diarrassouba, Franco-Ontarien et fier combattant de l’afro-pessimisme. M. Diarrassouba est originaire de la Côte d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest. Il croit que l’afro-optimisme occupe de plus en plus de place sur le continent africain, notamment. L’afro-optimisme est dû au regain économique de l’Afrique, à une diaspora plus fière d’être africaine, à une génération de leaders qui prône une nouvelle Afrique, clame-t-il.

Amadou Ba, historien, avec un visage souriant.

Amadou Ba, chargé de cours à l'Université Laurentienne.

Photo : Amadou Ba

Le Mois de l'histoire des Noirs 2023

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Le mois de l'histoire des noirs.

Il en est de même pour Amadou Ba, chargé de cours à l'Université Laurentienne. Aujourd’hui, c’est une jeunesse débordant d’énergie, des chefs d’État qui veulent changer la donne, explique-t-il. L’Afrique du Sud, sous l’apartheid, une minorité de Blancs contrôlait plus de 30 millions de Noirs. Maintenant, c’est dirigé par des Noirs, donne-t-il comme exemple.

Selon M. Ba, également professeur à l'Université de Nipissing, la coopération internationale en Afrique prouve l’évolution de ce courant de pensée qu’est l’afro-optimismeIl y a des mouvements de retour de la diaspora qui investissent en Afrique.

La coopération entre l'Afrique et le Nouveau Monde développé – la Chine, la Turquie, l’Iran, la Russie – est en train de balayer les partenaires traditionnels. Par exemple, la coopération du Cameroun avec la Chine est passée à plus de 40 % contre moins de 10 % avec la France.

Une citation de Amadou Ba, chargé de cours à l'Université Laurentienne

De plus, Mohamed Nour Diarrassouba croit aussi que les Afro-descendants puisent l’afro-optimisme de la gestion de la crise sanitaire en Afrique. Avec la COVID-19, l’Afrique a été l’un des continents les moins touchés, raconte-t-il. Il y a du réalisme dans l’afro-optimisme, conclut-il.

Il était une fois l’afro-pessimisme

Selon le professeur Ba, le terme afro-pessimisme n’est pas africain. Le terme "afro-pessimisme" est un concept occidental […] ça vient avec cette domination.

Cela n’existe dans aucune langue africaine, soutient-il.

Karim Djinko abonde dans le même sens. Il affirme que l’afro-pessimisme remonte à l’époque coloniale. L’afro-pessimisme a été utilisé pour justifier la colonisation elle-même, dit-il.

C’est un regard négatif qu’on porte sur les Africains, par extension, sur les Noirs. Et ils finissent par l’intérioriser. C’est une pensée limitante qu’on s’approprie.

Une citation de Karim Djinko, journaliste et accompagnateur professionnel

Le professeur Ba  ajoute que l’afro-pessimisme est une position idéologique de droite américaine et européenne […] qui doute que l’Afrique soit un continent d’avenir.

L’afro-pessimisme et la part des médias

M. Ba croit que les médias alimentent cette vision afro-pessimiste de l’Afrique. À force de la projeter dans les médias, par exemple, cela crée un doute chez les Afro-descendants et au sujet de leurs compétences, estime-t-il. Cela crée un rejet et la distanciation des gens originaires de l’Afrique, selon lui.

Très souvent dans les médias [occidentaux], ce qui est le plus vulgarisé de l’Afrique, ce sont les guerres fratricides, les conflits ethniques, des questions comme l’excision, les famines. Il y a toute une construction qui ne montre pas également certaines belles choses.

Une citation de Amadou Ba, chargé de cours à l'Université Laurentienne

Pour Karim Djinko, il est aussi important de présenter l’Afrique autrement et de ne pas oublier qu'elle est composée d’une cinquantaine de pays avec des situations complètement différentes.

Il faut éviter d’emprunter un certain nombre de facilités, ajoute-t-il.

Quand on parle du continent africain, on parle tout de suite de corruption. Pas besoin de vous dire que la corruption existe [au Canada] aussi, dit-il.

Selon le journaliste, la question de la représentation est également fondamentale. Une question de justice [pour une meilleure représentation de l’Afrique]. Quand un média ne ressemble pas aux préoccupations qu’il documente, il y a un problème, conclut-il.

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