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Les Madelinots incités à en faire plus pour diminuer les quantités de déchets

La petite baie à Havre-aux-Maisons, aux Îles-de-la-Madeleine, l'hiver. Plusieurs maisons apparaissent dans le paysage. On voit les glaces sur le golfe du Saint-Laurent au loin.

La petite baie à Havre-aux-Maisons, aux Îles-de-la-Madeleine, l'hiver (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Après avoir suivi une tendance à la baisse jusqu’en 2016, les quantités de matières résiduelles générées aux Îles-de-la-Madeleine augmentent depuis lors. Les Madelinots sont donc invités à faire un effort supplémentaire pour les réduire à la source.

C’est une des mesures qui figurent dans le projet de Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) 2023-2029 présenté aux citoyens mardi.

Chiffres à l’appui, la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine a consulté les citoyens en vue de l'adoption de son plan.

Selon Thibaud Durbecq, directeur de l'hygiène du milieu à la Municipalité, la participation des Madelinots aux diverses collectes est tout de même satisfaisante.

Mais elle pourrait l'être davantage, est-il d'avis. Aux Îles comme ailleurs, on a encore des efforts à faire pour améliorer notre gestion des matières résiduelles, réduire le recours à l'élimination, composter et recycler davantage, valoriser davantage. Et aussi, on l'oublie souvent, chacun d'entre nous fait des choix de consommation.

Il prend pour exemple un simple gobelet à café. Même s'il est recyclable ou compostable, il génère des matières résiduelles, donc des coûts de traitement pour la Municipalité, dit-il.

Chacun d'entre nous devrait aspirer à réduire sa production de matières résiduelles en pratiquant d'abord et avant tout la réduction et le réemploi.

Une citation de Thibaud Durbecq, directeur de l'hygiène du milieu à la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine

M. Durbecq fait observer que la quantité de matières résiduelles – celles du bac noir – a augmenté au cours des dernières années, même si le recyclage et le compostage ont eux aussi augmenté.

En 2013, chaque Madelinot produisait en moyenne l'équivalent de 870 kilos de matières résiduelles par année. En 2019, ce poids s’élevait à 1015 kilos.

Une courbe illustre la baisse puis la nouvelle hausse de la production de matières résiduelles aux Îles-de-la-Madeleine.

Après avoir diminué en 2016, les quantités de déchets produites ont suivi une tendance à la hausse.

Photo : Projet de plan de gestion des matières résiduelles, Municipalité des Îles-de-la-Madeleine

On avait eu une diminution [de l'utilisation] du bac noir au profit du bac brun et du bac vert dans les cinq premières années de la décennie, de 2010 à 2016, souligne-t-il. Mais depuis 2016, on voit que la quantité de déchets a augmenté plus vite que les deux autres. Donc, en fait, ça détériore légèrement notre bilan. En fait, on en vient à augmenter les quantités de matières qu'on élimine.

Hausse multifactorielle

Selon le directeur, les causes de ce phénomène sont difficiles à cerner de façon précise. Parmi les plus évidentes, on relève la vitalité économique que connaissent les Îles.

C’est une bonne chose pour l'économie de notre territoire, considère-t-il. Mais c'est sûr qu'un secteur économique en santé est généralement un secteur économique qui produit plus de déchets, que ce soit la pêche, la construction, les services ou le tourisme.

Thibaud Durbecq mentionne également une augmentation remarquable de la quantité de rebuts de construction, un secteur qui se porte plutôt bien aux Îles. Le document révèle aussi que 450 permis de construction ont été accordés en 2015 et que ce nombre est passé à 675 en 2020.

L'industrie touristique contribue à ces hausses. On a de plus en plus de visiteurs, donc on peut s'attendre à ce que chacun d'entre eux génère des matières résiduelles et, ultimement, qu'on doive les traiter, ajoute-t-il. Dans le document présenté mardi, on peut constater que le nombre de visiteurs par année, qui s’était élevé à 60 700 personnes en 2011, a grimpé à 82 200 en 2020.

Des planches, des bouts de bois, des étagères et des matières résiduelles empilées.

La gestion des matières résiduelles constitue tout un défi aux Îles-de-la-Madeleine. (Photo d'archives)

Photo : Crédit: Municipalité îles-de-la-Madeleine

Du côté résidentiel ou individuel, la pandémie a changé certains comportements, ce qui a aussi eu des conséquences sur le volume de matières à traiter. On consomme plus sur Internet, on reçoit des produits emballés, constate-t-il.

Avant la pandémie, les gens s’étaient davantage habitués à l’achat en vrac et on parlait de réduction des emballages. Depuis la pandémie, on veut du jetable, on veut des choses à usage unique parce qu’on juge que c'est plus hygiénique. Mais finalement, ça vient augmenter les quantités de matières résiduelles, ce qui n’est pas unique aux Îles, d’ailleurs.

L'été, en période de pointe, les coûts d’expédition des matières résiduelles vers Victoriaville peuvent s’élever jusqu’à 30 000 $ par semaine, selon la Municipalité. Globalement, la gestion des matières résiduelles accapare 17 % du budget municipal.

Les objectifs du plan

Le projet de PGMR proposé par la Municipalité comprend six objectifs. Parmi eux, on note la réduction des quantités de matières à traiter. Concrètement, on voudrait retirer 300 tonnes de nos bacs noirs, précise le responsable.

C'est un objectif ambitieux parce qu'il faut inverser la courbe.

Une citation de Thierry Durbecq, directeur de l'hygiène du milieu à la Municipalité des Îles

Un autre objectif jugé très important consiste à investir dans les équipements et dans les infrastructures. On a un centre de traitement dont les équipements sont vieux, mentionne-t-il. Les bâtiments ont quasiment 30 ans. Ce sont des dossiers qui sont importants et qui vont demander de l'aide gouvernementale et du financement.

Des déchets compactés.

Les déchargements ont lieu au centre de gestion des matières résiduelles. Le tout est transporté dans un convoyeur puis compacté. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Le service d’hygiène du milieu se donne aussi comme mission de déterminer des méthodes destinées à valoriser des matières localement plutôt que de les éliminer ou de les valoriser à l'extérieur.

C'est surtout dans le domaine des résidus de construction, indique le directeur. Est-ce qu’on a des moyens de valoriser des matières comme le bois, le gypse, le bardeau d'asphalte, les céramiques, les porcelaines?

Le service entend aussi améliorer la communication avec les citoyens. Il faut s'adapter, être plus moderne, pour réussir à rendre notre message plus attractif, plus intéressant, et pour toucher davantage de monde, réussir à toucher le citoyen pour que ça prenne de l'importance pour lui, suggère-t-il.

Ce qu'on veut, c'est que les gens participent par volonté et non par la contrainte.

Une citation de Thibaud Durbecq, directeur de l'hygiène du milieu à la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine

Toutefois, certains comportements sont jugés inacceptables. Il indique qu'une toilette a déjà été retrouvée dans le bac à compost. Vous avouerez que ça fait vraiment réfléchir sur la sensibilisation et sur la conscientisation de cette personne-là, s’étonne M. Durbecq. Ça fait partie de ces images qui restent dans la tête.

Les matières dangereuses qui se retrouvent aux mauvais endroits ajoutent à la difficulté du traitement des matières résiduelles domestiques. C'est dangereux pour nos équipements, mais ce l'est aussi, et surtout, pour nos employés, fait savoir le directeur. C'est déjà arrivé qu'un camion de transport des matières résiduelles prenne feu.

Toujours plus d’articles de moins en moins réutilisables

Par ailleurs, le centre de récupération qui favorise le réemploi des objets, des matériaux et des vêtements, Ré-Utîles, subit lui aussi les conséquences de cette augmentation de la consommation, selon la codirectrice Anaïs Giard.

Elle constate que la quantité d'objets apportés par les citoyens a augmenté mais que la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Incapable de les traiter et de les revendre, l’organisme doit les envoyer à l'écocentre.

On trouve de plus en plus d’objets qui ont une vie d'utilisation assez courte. Il y a une limite à ce qu'on peut faire et une limite à ce qu'on peut récupérer après, se désole-t-elle.

Le centre de récupération Ré-Utîles au Îles-de-la-Madeleine.

Le centre de récupération Ré-Utîles aux Îles-de-la-Madeleine reçoit de plus en plus d'objets non réutilisables. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Comme la Municipalité, Ré-Utîles tente de conscientiser les gens. Ce qu'on essaie de mettre en œuvre, entre autres, c’est de développer le réflexe de se demander si on a vraiment besoin de la chose qu’on désire et si ça va pouvoir être réemployé, fait-elle valoir.

On reçoit de plus en plus de vêtements fast fashion, des vêtements pas chers et qui se démodent vite. Souvent, ce sont des vêtements neufs, encore étiquetés. Les gens ont commandé ça sur Internet, mais ça n'allait pas. Ce n'est tellement pas cher que ce n'est pas grave, en fait, donc ils s'en séparent en le donnant à notre organisme. Elle précise toutefois que malgré les prix dérisoires, l'organisme n'arrive pas à les vendre.

Après la période de consultation, le projet doit être déposé pour fins d'analyse auprès des autorités gouvernementales. Il pourra ensuite être adopté par le conseil municipal dans sa version finale.

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